RDC : des Kinoises saluent le départ de la force de l'EAC et appellent la MONUSCO à faire de même

Photo/ Actualité.cd
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La force de l'EAC est arrivée dans l'Est de la RDC en novembre 2022 pour aider le gouvernement à lutter contre la résurgence des groupes rebelles. Une mission à laquelle elle a failli et pour laquelle elle a été très critiquée par Kinshasa, qui l'a qualifiée d'inefficace. Le 24 novembre 2023, à l'issue d'un sommet de la communauté Est-Africaine, en Tanzanie, la RDC avait annoncé ne pas renouveler le mandat de cette force régionale, qui arrive à terme le 8 décembre.


Après avoir pris acte de cette mesure du gouvernement congolais, les troupes de l'EAC ont entamé leur départ du territoire congolais le 03 décembre. Une décision vivement saluée par certaines Kinoises rencontrées ce 05 décembre qui estiment que la paix au Congo ne viendra que des Congolais.

"Je félicite la maturité manifeste de l'EAC qui a compris que les enjeux autour de cette guerre sont importants. Avant même que le dernier jour du mandat n'arrive, les troupes ont déjà commencé à se retirer. C'est un très bon exemple à suivre pour la MONUSCO qui s'obstine à s'ingérer dans cette lutte, souligne Marlene Luwozi, assistante à la faculté de Médecine de l'Unikin.

Joyce Malwa, apprenante à l'école de santé publique de l'Université de Kinshasa, estime que le retrait amorcé des troupes de l'EAC est un appel fort à la RDC qui devrait désormais ne compter que sur son armée et son peuple pour restaurer la paix. 


Pour elle, l'armée congolaise est meilleure que plusieurs autres armées en Afrique, et elle doit le prouver. Elle a par ailleurs appelé le gouvernement à extraire toute infiltration de l'armée, la justice et même la police pour une meilleure sécurisation des Congolais.

De son côté, Gisèle LOMBE, étudiante en première licence à la faculté des sciences, département de psychologie, pense que c'était une grosse erreur de la part du gouvernement congolais d'abriter pendant autant de jours l'EAC.

L'EAC est complice de tous les groupes qui agressent la RDC dans sa partie Est. Si ce n'est pas l'EAC dans son entièreté, c'est une très bonne partie de ses membres. C'était mal réfléchi d'héberger et loger ces troupes au Congo de manière officielle vu qu'elles nous attaquent chaque jour officieusement. On n'arrive pas à se développer parce qu'on est envié, convoité par tous et on ne peut faire confiance à aucun autre État à part nous-mêmes pour nous relever. "Le Congo est aux Congolais, on doit se réveiller, lutter pour nous sortir de ce trou noir", a-t-elle soutenu.

Pour Arlena Kashita, politologue de formation, vendeuse dans un restaurant à l'Université de Kinshasa, ce retrait est insignifiant au regard de tous les changements auxquels s'attendent les Congolais.

"Cela ne représente rien le fait que l'EAC ait entamé son retrait. La MONUSCO doit aussi partir, les frontières entre la RDC et les pays voisins doivent être fermées pour espérer retrouver la paix au Congo. Les institutions doivent être réformées, ainsi que la Justice et l'armée. La RDC, étant le centre, le moteur de l'Afrique doit apprendre à émerger en pays solitaire. "Ne compter que sur son peuple", précise-t-elle.

Ce départ de l'EAC intervient alors que des combats continuent d'opposer le M23 à l'armée congolaise appuyée par des Wazalendo. Outre la force de l'EAC, Kinshasa s'attend au départ ordonné mais accéléré de la Monusco présente en RDC depuis 1999, à partir de janvier 2024. Cette mission se trouve elle aussi accusée d'inefficacité.
Et pour combler ce vide, le gouvernement congolais compte sur le déploiement de contingents de la Communauté d'Afrique australe (SADC) à laquelle appartient également la RDC. Mais la mise sur pied de cette force, évoquée depuis le mois de mai, ne s'est jusqu'à présent pas concrétisée.


Nancy Clémence Tshimueneka