RDC : regard sur les sites du patrimoine mondial de l’humanité

Illustration
Photo d'illustration

Chaque année, le 5 mai, l’UNESCO et ses partenaires se réunissent pour célébrer le patrimoine africain. L’occasion de jeter un coup d’œil sur les sites qui sont inscrits sur cette liste des patrimoines de l’humanité et qui se retrouvent sur le sol congolais. D’entrée de jeu, force est de constater que la situation actuelle de la RDC inquiète par rapport à l'état de conservation et surtout de la protection de ces sites.

La RDC compte 5 sites inscrits au patrimoine mondial dont 3 sont culturels : le parc national de Kahuzi-Biega, le parc national de la Salonga et le parc national des Virunga ; 1 est naturel : Réserve de faune à Okapis et 1 mixte : le parc national de la Garamba. Tous ces sites étaient classés également sur la liste des patrimoines en danger ou en péril jusqu’à ce que le parc national de Salonga quitte la liste en 2021. Quatre sites en danger sur cinq laissent tout de même à désirer.

La richesse et la diversité de ce patrimoine, aussi bien en RDC qu’en Afrique toute entière, s’incarnent dans des sites naturels d’une beauté époustouflante, qui abritent bien souvent une biodiversité unique. Elles s’incarnent encore dans des sites culturels qui témoignent de l’extraordinaire profondeur de l’histoire africaine. C’est pourquoi l’UNESCO rend hommage à toutes celles et ceux qui conservent ces trésors pour les transmettre aux générations futures.

Dans son message, à l’occasion de la journée du patrimoine mondial africain, Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO, a souligné savoir qu’il y a encore beaucoup à faire pour que la richesse du patrimoine africain soit pleinement représentée dans la Liste du patrimoine mondial – quand aujourd’hui seuls 12% des sites inscrits sont sur le continent africain ; quand aussi, sur les 54 États parties africains, 12 n’ont aucun bien inscrit sur la liste du patrimoine mondial. Il y a beaucoup à faire aussi, a-t-elle ajouté, pour mieux préserver le patrimoine mondial africain, car sur 55 biens actuellement inscrits sur la liste du patrimoine mondial en péril, 21 sont sur le continent africain.

Former des experts pour mieux conserver le patrimoine mondial

Au niveau de la RDC, la délégation de L'UNESCO reste optimiste quant aux efforts qui sont fournis par le gouvernement congolais à travers l'institution chargée de la gestion directe de ces sites patrimoines mondiaux qui est l'Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN). Il est un partenaire de grande importance pour l'UNESCO qui fournit beaucoup d'efforts en partenariat avec les autres entités dont les institutions de l'État ou l'armée pour la protection de ces sites, leur sécurisation mais également pour maintenir l'état de conservation.

Chaque année, tous les cinq sites du patrimoine mondial élaborent l'état de conservation et relèvent à travers ces états de conservation toutes les problématiques liées à la protection, la sécurisation de ces sites mais également au développement des activités liées au tourisme et autres. Pour mieux atteindre le niveau de conservation optimale, l’UNESCO s’engage à former des centaines d’experts et de professionnels à la conservation des sites ou encore à l’utilisation des technologies numériques ; elle s’engage en outre à mettre sur pied des partenariats innovants avec les musées, le secteur privé ou encore avec son réseau de chaires universitaires, pour soutenir les gestionnaires de sites.

« L'UNESCO accompagne les États dans la formation, le renforcement de capacité. C'est-à-dire l'accompagnement technique en formant les experts de différents pays. Elle mobilise les partenaires pour que l'action commune soit de forte intensité de manière à arriver à l'atteinte des objectifs de conservation et de protection des sites mais de leur valorisation, leur aménagement et de leur contribution au développement économique du pays », a dit à ACTUALITÉ.CD, Augustin Bikale, administrateur national programme culture de l’UNESCO.

Et d’ajouter :

« La RDC est l'un des pays africains qui a le plus de sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial même si c'est seulement les sites naturels mais nous avons cinq sites c'est vraiment quelque chose d'important. La RDC ne peut pas être oubliée quand il s'agit de former les experts pour la gestion de ces sites pour l'accompagnement des efforts que le pays mène dans la protection de ces sites ». 

Sortir de la liste noire

Si ces efforts menés par le gouvernement congolais avec l'appui d’autres partenaires nationaux comme internationaux continuent et sont appuyés, ces sites vont pouvoir sortir de l'état actuel de patrimoine mondial en danger. Et avec des sites du patrimoine mondial, la conservation de la nature peut amener un retour assez positif sur le plan financier à travers différents programmes.

Par ailleurs, précise-t-on, un site dit en danger n’est pas encore retiré de la liste des patrimoines mondiaux.

« Quand on met un site sur la liste du patrimoine en danger, ça ne signifie pas que ce site est vomi ou qu'il n'est plus ce qu'il était. C'est juste pour attirer l'attention, pour améliorer davantage ces conditions de conservation et de protection mais également pour faciliter l'intervention des partenaires du monde entier pour la réalisation de différentes problématiques des besoins qui sont ressentis par rapport à la maintenance de site sur la liste du patrimoine mondial », explique Augustin Bikale.

Les sites qui se trouvent en RDC ont des particularités assez marquantes qui méritent une attention pour leur conservation. Telle que la grande majorité de la forêt équatoriale se trouve dans le site du patrimoine mondial de la RDC. Forêt qui, actuellement, est le premier poumon de l’humanité dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Le parc national de Salonga a une dimension plus grande que la Belgique et constitue l'un des sites le plus vaste de l'Afrique et qui a une grande capacité de séquestration de carbone à cause de sa forêt.

Les efforts nationaux pour la protection de ses sites du patrimoine mondial sont parfois entravés par les conflits et d’autres tragédies notamment dans la partie Est.

« L'UNESCO fait le plaidoyer auprès des États dans un contexte de conflit comme celui-ci. Notre souci est d'arriver à amener les parties belligérantes en place à ne pas causer, à travers leurs activités belligérantes, des soucis ou impacts négatifs sur les sites. Au niveau international, plusieurs initiatives sont prises sur le plan diplomatique. La diplomatie de la conservation pour que le monde entier s'intéresse effectivement aux questions qui minent les efforts de la conservation des sites en RDC », indique Augustin Bikale.

Et de rassurer que l'UNESCO va appuyer l'État congolais à travers les différentes institutions ou services spécialisés qui s'occupent des questions de gestion du patrimoine que ce soit le patrimoine naturel comme le patrimoine culturel, et à réévaluer la valeur universelle exceptionnelle dont peuvent jouir ces sites.

Candidat pour faire accéder d’autres sites

La RDC compte également trois sites qui sont sur la liste indicative du patrimoine mondial. La liste indicative est une liste sur laquelle l'État congolais inscrit les sites qui, pour lui, sont susceptibles d'être proposés à l'inscription sur la liste du patrimoine mondial. Il s’agit, pour ce faire, de la dépression d’Upemba, des grottes de Dimba et Ngovo, et la grotte de Matupi.

« L'État considère que ces sites renferment une richesse que ça soit sur le plan esthétique et sur le plan de la diversité culturelle pour qu'il soit reconnu comme un site du patrimoine mondial et qu'il soit protégé par les efforts du monde entier », conclut l’administrateur national programme culture de l’UNESCO.

Les efforts et plaidoyers, aussi une campagne est menée, pour que le gouvernement congolais puisse amener à la RDC les retombées économiques capables de pouvoir compenser tous les efforts qui sont menés pour la conservation de ce site qui contribue à la vie de l'humanité entière.

Emmanuel Kuzamba