Est de la RDC: surmilitarisation, présence des miliciens “wazalendo”, Goma et Nyiragongo confrontés à une insécurité grandissante, au moins 10 personnes tuées en mars en plein état de siège 

L'emblématique rond-point "Chukudu" au centre ville de Goma
L'emblématique rond-point "Chukudu" au centre ville de Goma

La ville de Goma et le territoire de Nyiragongo font de nouveau face à l’insécurité grandissante. Depuis début mars, au moins 10 personnes ont été tuées par des inconnus armés. Situation qui survient dans un contexte des opérations militaires contre les rebelles du M23 dans des régions proches de Goma et Nyiragongo dont une partie est d’ailleurs occupée par la rébellion. 

Goma et Nyiragongo sont surmilitarisés. En plus des l’armée et la police congolaises, les deux entités ont accueilli les forces étrangères de l’EAC. On ne parle même pas des casques bleus. Le tout en période de l’état de siège qui totalise bientôt deux ans.

"Si en l’espace d’une semaine, Goma doit compter 6 morts, c’est que la ville est devenue un mouroir et raisonnablement cela crée une panique, une psychose dans le chef de la population. Ça risque même d’influer sur le degré de confiance qu’a la population vis-à-vis des autorités militaires de l’état de siège", a dit à ACTUALITE.CD le député provincial Prince Kihangi.

Des cas de cambriolages sont également en hausse dans les deux entités. Le phénomène “40 voleurs” bat son plein. Pour faire face à cette insécurité, les jeunes de certains quartiers se constituent « en groupes de veilleurs pour l’autodéfense ».

La situation est davantage inquiétante suite à la présence dans la ville de Goma et environs des miliciens “Wazalendo”, ces assaillants armés considérés comme des “patriotes”. L’opinion a été surprise en début de cette semaine de voir en plein air, deux jeunes armés de kalachnikov dans la ville de Goma, pas à n'importe quel endroit, mais à deux pas du commissariat provincial de la police.

Le même jour, le maire de Goma policier, échangeait avec un groupe de jeunes pour les sensibiliser sur la situation sécuritaire devenue précaire. Parmi les jeunes conviés, il y avait des représentants des “Wazalendo”, ces miliciens présentés par un membre du gouvernement central, comme des futurs “réservistes de l’armée”. 

“Ce qu’on ne comprend pas est que quand il y a des jeunes qui manifestent pour une cause noble, le maire déverse plusieurs centaines de policiers dans les rues pour les disperser mais quand il s’agit de sécuriser la population, il dit qu’il y a insuffisance d’effectifs”, déplore Chrispin Mbusa, jeune du quartier Majengo qui a pris part à la réunion avec le maire de Goma.

Pour sa part, le maire de Goma, le commissaire principal Makosa François pointe du doigt l’incapacité des bourgmestres de deux communes de la ville et le “vedettariat” de certains agents de sécurité.

“Les deux bourgmestres policiers ne travaillent pas, celui de Goma est un figurant et celui de Karisimbi est tout le temps aux soins à Kinshasa, certains agents de l’ANR qui jouent aux vedettes… l’insécurité est justifiée par plusieurs choses… Les maillots faibles seront mis à côté pour remettre d’autres qui peuvent aider l’Etat congolais à sécuriser sa population », a déclaré le maire de Goma.

Pendant l’état de siège, l’administration est gérée par les militaires et policiers au Nord-Kivu et en Ituri. 

Yvonne Kapinga, à Goma