Pape en RDC : «17 ans et mère des jumeaux issus du viol », une jeune fille interpelle le Souverain pontife sur les conséquences des guerres à l’Est

Photo/ Actualité.cd
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Le pape François a reçu ce mercredi une délégation des personnes victimes des conflits armés dans la partie Est de la République Démocratique du Congo. Parmi elles, des femmes et des filles dont les parties du corps ont été amputées ou des survivantes des violences sexuelles. 

« J’ai 17 ans, je viens de Walikale (Nord-Kivu). Mon calvaire a commencé  en 2020. Alors qu’un jour nous allions puiser de l’eau à la rivière, nous avons rencontré des rebelles en route. Ils nous ont amené dans la forêt. Chacun des rebelles s’est choisi la fille qu’il voulait. Moi, c’est le commandant qui m’a désirée. Il m’a violée comme un animal. C’était une souffrance atroce ! Je suis restée pratiquement comme sa femme. Il me violait plusieurs fois par jour, pendant plusieurs heures (…). Cela a duré 1 an et 7 mois. C’était inutile de crier car personne ne pouvait m’entendre, ni venir à mon secours », se souvient-elle. 

Avec l’une de ses amies, la jeune fille a pu s’échapper. Cependant, poursuit-elle, «je me suis retrouvée enceinte. J’ai eu des jumeaux. Des enfants qui ne connaîtront jamais leur père. (…) Les autres amies qui ont été kidnappées avec moi ce jour-là ne sont jamais revenues. Je ne sais pas si elles sont encore vivantes ou si elles sont mortes ». 

Une visite d’espoir

Après son témoignage, la jeune fille a décrit la situation sécuritaire dans la partie Est de la RDC et tout le danger que cela représente pour les femmes et les jeunes filles. Comme les autres victimes qui ont fait leur plaidoyer, elle a apporté une natte et une lance, symbole du fardeau qu’elle a porté à la suite de ces évènements et les a remis au pape François. 

« Votre Sainteté, avec la présence de plusieurs dizaines de groupes armés, les tueries se sont intensifiées, les familles se sont déplacées à plusieurs reprises, les enfants sans parents, se sont vus exploités dans les mines ou plutôt dans les armés rebelles. Comme mes compatriotes ici présentes, les filles et les femmes ont commencé le calvaire des violences sexuelles et de tortures innommables. D’autres populations se sont vues déplacées et sont aujourd'hui apatrides. (…) » 

Et de renchérir, « votre présence, sa Sainteté, nous rassure que toute l’Eglise nous porte à cœur, merci beaucoup d’être venu. Voici la natte, symbole de ma misère de femme violée. Que la croix du Christ me pardonne et pardonne mes violeurs, et les amène à renoncer à infliger aux personnes des souffrances inutiles. Voici aussi la lance identique à celles qui ont transpercé les poitrines de beaucoup de nos frères. Que Dieu nous pardonne et nous donne de respecter la vie humaine ». 

Pour rappel, le Pape François poursuit sa visite jusqu’au 03 Février.