RDC: Human Rights Watch dénonce les meurtres de civils à Kishishe et appelle la MONUSCO à se déployer dans la zone

Localisation de Kishishe, au Nord de Goma
Localisation de Kishishe, au Nord de Goma

Human Rights Watch (HRW) dit avoir des informations crédibles de meurtres de civils à Kishishe, dans la chefferie de Bwito, territoire de Rutshuru, à une centaine de kilomètres de Goma. 

Les forces de maintien de la paix de l’ONU devraient être déployées d’urgence à Kishishe et dans ses environs pour sécuriser la zone et protéger les survivants, dit l’organisation. 

« La situation restant extrêmement volatile, le gouvernement de la RDC et la MONUSCO devraient faire de la protection des civils une priorité contre de nouvelles attaques de représailles ». 

Human Rights Watch appelle également à une enquête indépendante et à des sanctions. 

L’organisation ajoute que, selon ses renseignements, les combattants du M23 ont conquis la localité le 29 novembre à la suite à des affrontements « avec des groupes armés locaux et les FDLR ».

De son côté, la MONUSCO se dit « horrifiée par les informations faisant état d'atteintes aux droits humains qui seraient attribuées au M23 dans le village de Kishishe - à environ 34 km au sud-ouest de Rwindi ».

« Nous dénonçons ces actes épouvantables et appelons toutes les autorités compétentes à enquêter sans délai et à traduire les auteurs en justice. Ces allégations, si elles sont confirmées, pourraient constituer des crimes au regard du droit international humanitaire ». 

La mission onusienne dit rester « attachée à la cessation immédiate de la violence contre les civils ». Le Bureau conjoint des droits de l'Homme des Nations Unies a été saisi de la question.

« La MONUSCO réitère l'appel du Secrétaire général des Nations Unies à tous les groupes armés congolais et étrangers à déposer immédiatement les armes et à entrer dans les processus respectifs de démobilisation, de désarmement et de réintégration/rapatriement, selon le cas », dit-elle dans un communiqué.

Au niveau international, quelques puissances se sont exprimées  concernant particulièrement la situation à Kishishe. Andrew Mitchell, Ministre d'État britannique au Développement, s’est également exprimé au sujet des violences à Kishishe, dans la chefferie de Bwito, territoire de Rutshuru, à une centaine de kilomètres de Goma.

Il évoque les “rapports d'un massacre épouvantable à” Kishishe, en RDC. Il affirme également que le Royaume-Uni « se tient aux côtés des victimes innocentes et condamne pleinement la violence ». « Nous appelons à une cessation des hostilités, une enquête rapide et que des auteurs soient traduits en justice, crimes de guerre inclus », ajoute-t-il. 

Le massacre de civils à Kishishe, pourrait constituer un crime de guerre, estime, pour sa part,  la Chargée d'affaires de l’ambassade américaine à Kinshasa, Stephanie Miley.

De son côté, le Prix Nobel de la Paix Denis Mukwege est également  « horrifié par les sources concordantes faisant état de massacre de masse, de personnes disparues et recrutement forcé d’enfants ». 

Dans son message de jeudi dernier, il a lancé un plaidoyer. « Ces crimes doivent entraîner des sanctions rapides aux forces d'occupation M23/RDF et des poursuites par la justice nationale et internationale », a-t-il ajouté.

Contexte 

Les violences ont repris de plus belle dans le territoire de Rutshuru, au Nord-Kivu, où l’Armée affronte les combattants du M23. 

Plusieurs sources rapportent des dizaines de cas d’exécution sommaire enregistrés mardi à Kishishe, à environ 100 kilomètres de Goma. L’armée accuse le M23, qui contrôle la zone, d’avoir tué au moins cinquante civils. D’autres sources donnent un bilan plus lourd évoquent une centaine de morts.

Bertrand Bisimwa, président de l’aile politique du M23, parle lui d’un prétendu massacre qui ne serait, d’après lui, “qu’une vue de l’esprit de ceux qui veulent faire diversion”. 

Les combats se sont poursuivis jeudi, toujours dans la chefferie de Buito dans un contexte de violation de cessez-le-feu décrété à Luanda. Des coups de feu et des détonations étaient entendus le matin aux alentours de Lushebere, une localité située entre Kirima et Kishishe. 

Selon plusieurs sources, l’Armée a fait face à une attaque des combattants du M23 qui occupent depuis plusieurs jours quelques localités dans la zone.