Kinshasa : à la rencontre des femmes et des hommes casseurs de pierres à la carrière de Carrigrès

casseurs de pierres
Ph. ACTUALITE.CD

Assis à même le sol pour la plupart d’entre eux. Marteau à la main, quelques frappes sur une pierre. C’est la routine de dizaines de travailleurs artisanaux, qui se retrouvent chaque jour dès 7 heures du matin à la carrière de Carrigrès, située dans le quartier Kinsuka pêcheur dans la commune de Ngaliema à Kinshasa, capitale de la RDC.

Les travailleurs artisanaux à la carrière de Carrigrès ne vendent que de petites pierres communément appelées caillasses, qu’ils obtiennent en cassant des grosses pierres (moellons).

Couverte de la tête aux pieds pour faire face aux poussières des pierres qu’elle casse, Marie raconte comment elle s’est procurée un espace à la carrière de Carrigrès. « L’espace ici appartient à Carrigrès. Nous payons quelques droits pour son occupation parce qu’à l’intérieur où nous travaillons d’habitude, l’eau est remplie. L’espace de dehors, nous l'utilisons comme dépôt.  Et si l’eau baisse au fleuve, nous y retournerons même si nous sommes déjà habitués ici », a-t-elle expliqué.

Et de poursuivre :

« A l’intérieur, nous ne payons le droit qu’au propriétaire de la carrière et c’est lui qui paiera à son tour les agents de l’Etat. Parce qu’il y a tous les services de l’Etat là-bas. Il y a les agents de mine, les agents de l’agence nationale de renseignements (ANR), et les FARDC sont à l’entrée parce que c’est aussi une frontière ».

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Un peu plus loin de Marie, dans leur espace de travail, nous retrouvons Mélanie, la cinquantaine révolue, avec un de ses collaborateurs dénommé Carlos. Ils expliquent leur routine dans une sorte d’échange où tout est mélangé. Il fait notamment savoir qu’ils achètent des déchets de moellons chez les propriétaires des carrières. « Nous obtenons nos pierres de déchets que le casseur de la carrière laisse et c’est ça que nous partons acheter pour en faire des caillasses que nous revendons à notre tour par sac ou bien par brouette. Ici, nous gagnons au jour le jour, nous n’attendons pas la fin du mois comme les autres. Si tu fais bien ton travail, tes revenus dépasseront peut-être ceux de celui qui attend la fin du mois. Et parfois, nous avons des étudiants qui viennent se faire de l’argent ici », confie Carlos, pierre à la main.

Et d’ajouter :

« J’ai commencé ce travail à l’âge de 11 ans et aujourd’hui, j’ai 33 ans. C’est grâce à la pierre que je paie mon loyer. Je paie les factures de l’eau et de l’électricité ».

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Mélanie note aussi que « ce travail paie quand même bien ». « Par exemple, j’ai bénéficié de 370$ dans ma précédente vente », affirme-t-elle.

Les travailleurs artisanaux sont de plus en plus nombreux à la carrière. Mais la clientèle, quant à elle, se fait un peu rare.

Ndjadi Jean Jonas, stagiaire UPN