RDC : la santé en milieu carcéral au centre d'un atelier à Kinshasa organisé par le CICR

Le Comité International de la Croix- Rouge en collaboration avec le Ministère de la santé publique, hygiène et prévention et la Direction des services pénitentiaires, a organisé du 31 octobre au 2 novembre 2022, un séminaire sur la santé en milieu carcéral. L'objectif était de fournir aux participants des informations pratiques, des méthodes et des outils de travail nécessaires à l'analyse ainsi qu'à la mise en place des réponses aux besoins de santé des personnes détenues. 

Parmi les participants au séminaire figurent les médecins directeurs des prisons de : Bunia (Ituri), Béni, Boyembola et Goma (Nord -Kivu ), de Bukavu et Uvira (Sud -Kivu) ainsi que de Makala et Ndolo à Kinshasa . 

"La plupart des personnes détenues courent déjà des risques de santé car elles se retrouvent incarcérées dans un environnement propulsé à la multiplication et à la propagation de la maladie. Le CICR dans ces visites nous nous sommes rendu compte que la plupart du personnel travaillant dans ces structures n'étaient pas assez formé par rapport aux spécificités de la santé en milieu carcéral. Ces discussions est une opportunité à la fois pour les participants mais aussi pour le comité international de la Croix-Rouge. Déjà nous nous réjouissons du fait que la RDC, le ministère de la santé et celui de la justice ont signé un arrêté interministériel qui pour nous est un grand pas dans le sens de l'amélioration de l'accès au soins de santé pour les détenus. Donc ce séminaire pour nous est un autre pas dans le sens d'améliorer l'accès aux soins de santé pour les personnes détenues et je profite pour dire que les personnes détenues où prisonniers sont privées de liberté mais elles ne sont pas privées aux soins de santé. Il est donc à la responsabilité de l'Etat d'assurer le service de santé pour ces personnes au même titre que la population en général", a déclaré Siaka Konaté, porte-parole du CICR.

Prenant part à ces assises le Médecin Directeur de la Prison Centrale de Makala a dressé un état de lieu de la situation sanitaire de ce milieu carcéral. 

"La situation dans la prison centrale de Makala d'une manière générale,  nous avons le nombre des malades qui sont liés au nombre des prisonniers. Nous avons le cas de paludisme comme maître des pathologies que nous avons là bas et nous avons également des problèmes d'infections, d'anémie et des peaux. La prison centrale de Makala a été construite depuis 1959. Le bâtiment du centre de la prison de Makala a été construit en fonction de 1500 personnes mais aujourd'hui les choses ont évoluées. Je profite de cette occasion pour lancer un appel aux autorités judiciaires et de la santé de nous construire un vrai centre hospitalier pouvant prendre en charge au moins 100 personnes", a plaidé Jadot Vibila, médecin Directeur de la prison centrale de Makala.

A l'issue de ce séminaire, des recommandations ont été formulées parmi lesquelles :

- L'intégration effective des structures de santé dans les prisons; la révision de l'ordonnance loi numéro 344 relative au régime pénitentiaire; vulgarisation intense sur le droit des personnes détenues; l'association intégrante du ministère de budget dans les échanges sur la mise en oeuvre de l'arrêté interministériel de 2013 sur les modalités d'accès aux soins de santé pour les personnes détenues; l'alignement salariale de prime pour les personnels de santé en milieu carcéral; harmoniser la nomenclature des structures de santé dans les prisons et rendre disponible des normes sanitaires y compris le paquet minimum d'activité ainsi que le paquet complémentaire pour le milieu carcéral; intégration des prisons dans le plan de la riposte contre les épidémies et violences .

- Prolongation des ateliers et des visites sur terrains; renforcer la lutte contre la mal nutrition dans le milieu carcéral; encourager le respect de l'éthique médicale dans les milieux carcéraux; renforcer la mise en place et la documentation de l'examen médical dès l'admnission du détenus pendant son séjour en prison jusqu'à sa libération.

- La prise en charge de paludisme dans diverses prisons de la RDC; la pulvérisation intradomicile et l'amélioration des compétences des prestataires des soins en milieu carcéral; la réhabilitation des infrastructures sanitaires dans les établissements pénitentiaires à travers la RDC; élargissement de la sensibilisation sur le respect des droits internationaux humanitaires,  l'abolition des traitements dégradant et inhumain à la police criminelle, des agents de police ainsi que les capitaines de prisons;  la prise en charge des personnes privées de liberté sans préjudice sur leur statut juridique; etc.

En RDC, depuis le début de l'année,  le CICR a déjà visité 27.749 personnes détenues de manière permanente et 469 autres en détention transitoire.15.986 parmi eux ont reçu une assistance sanitaire et où nutritionnelle grâce au soutien du CICR. 

Grâce Guka