La dialyse est une méthode qui permet d’éliminer les déchets sanguins comme l’urée et la créatinine, ainsi que l’eau excédentaire, lorsque la fonction rénale est défaillante (insuffisance rénale aiguë ou chronique). On l’appelle également « épuration extrarénale » ou encore « rein artificiel », selon le dictionnaire médical en ligne. A Kinshasa, des centres hospitaliers offrent ces services à plus de 100 $ par séance.
S'agissant du diabète, Dr. Mattieu Ngilibuma explique qu’il s’agit « d’une maladie dont l’évolution peut affecter tous les organes du corps humain, notamment les reins. Il y a 10 ans, une étude sur les maladies rénales chroniques du professeur congolais, Ernest Sumaili Kiswaya, a établi que 11 % de la population kinoise, soit 1 adulte sur 8 souffraient de ces maladies. Parmi les premières causes, il y avait le diabète sucré ».
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Quant à l’hypertension artérielle, poursuit-il, « une poussée aigüe de la tension peut endommager les reins. Ce qui fait que les patients hypertendus sont soumis aux séances de dialyse ».
A quel moment intervient la dialyse ?
L’hôpital central militaire du camp Kokolo reçoit en moyenne 50 malades par jour, pour le seul service d’ENCARE (Endocrino, Cardiologie et Néphrologie), aux urgences et dans les box de consultation. Le diabète étant inclus dans l’endocrinologie, le Dr. Muskem Simplice explique.
« Toute hyperglycémie (taux de sucre élevé), nous fait penser au diabète sucré. Cela peut être accompagné des symptômes ou complications de diabète ou pas. On suspecte le diabète sucré puis on recommande des examens pour confirmer les résultats. (…) Pour qu’une personne souffrant du diabète puisse faire la dialyse, elle doit présenter des complications de son diabète sucré. Il y a deux types de complications aiguës et chroniques. Dans les chroniques, il y en a deux autres (micros et macros). Dans les micros, il y a trois sous composantes, rétinopathie diabétique (œil, rétine), néphropathie diabétique (survient au niveau des reins qui touche jusqu'à 50% des personnes diabétiques au cours de leur vie) ainsi que la neuropathie (affecte le système nerveux). C’est dans la néphropathie diabétique, lorsque les reins sont atteints jusqu’au stade 3b (qu’ils deviennent incapables de jouer leurs fonctions) que l’on peut déjà indiquer la dialyse. Le stade 3b est un stade initial mais on peut également le faire au stade 4. Encore plus au stade 5 terminal ».
Dr. Serge Kabangu, Interniste néphrologue au Camp Lufungula, hôpital central de la police explique que « les patients soumis à la dialyse sont uniquement ceux qui présentent des insuffisances rénales chroniques ou aigües. Pour décider de ce traitement, il y a des indications à respecter. Notamment, lorsqu’une personne présente le syndrome urémique (SHU). C’est-à-dire que le taux d’urée est élevé et cela est à la base des troubles sanguins. On peut observer des vomissements, des hoquets chroniques ou autres symptômes ».
De 90 à 240 $ la séance multipliée, par 144 fois/ par an
Lorsqu’il faut recourir à la dialyse dans la ville de Kinshasa, trois formations sanitaires sont recommandées. Il s’agit notamment des cliniques universitaires de Kinshasa (CUK) situées dans la commune de Lemba (district de Mont-Amba), de l’Hôpital central de référence de la Police Nationale Congolaise situé dans le camp militaire Lufungula à Lingwala (district de la Lukunga) et d’un centre hospitalier privé HJ Hospital à Limete (district de la Funa). Chaque formation a ses prix.
A HJ Hospital par exemple, le coût d’une séance est fixé à 120 $. Aux CUK, il revient à 190 $, tandis qu’à l’Hôpital du Camp Lufungula, il est à 100 $. Par semaine, les personnes atteintes de maladies rénales sont tenues de respecter en moyenne trois séances.
« Tout dépend d’un centre à un autre. Une séance de dialyse peut coûter entre 90 $ et 240 $. Certains malades sont traités par l’insuline. Les comprimés coûtent entre 15 $ et 50 $. En tant que diabétique, j’utilise une molécule qui coûte 50 $. C’est le prix de vente pour tous les patients qui ont atteint le même niveau de diabète que moi » confie le Dr. Matthieu Ngilibuma, médecin depuis 22 ans.
Serge Kabangu est également le médecin directeur du Centre d’Hémodialyse au HCRP (Camp Lufungula).
« Pour les complications aiguës, les diabétiques peuvent suivre trois à sept séances de dialyse et être guéris complètement. Cependant, les complications chroniques nécessitent un traitement à vie. Pour les deux cas, nous évaluons pour déterminer s’il y a indications de la dialyse, nous informons la famille et posons un cathéter. Une séance de dialyse coûte 100 $. Le placement du cathéter coûte 190 $. L’idéal est de respecter 12 heures par semaine (3 séances). Mais les conditions de vie font que certaines personnes puissent faire 2 séances », a-t-il ajouté.
Par ailleurs, ces centres rencontrent presque les mêmes situations ; une population pauvre, ce qui entraîne des difficultés pour respecter les séances de dialyse et le suivi des patients. La difficulté du transport, les patients arrivent largement en retard ainsi que la difficulté d’acquisition des intrants.
Prisca Lokale