RDC- diabète et hypertension: ce qu'en pensent les Kinoises (baladeur)

Photo/droits tiers
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Selon l'OMS, un adulte sur trois dans le monde est atteint d’hypertension artérielle, une affection responsable de près de la moitié des décès par accident vasculaire cérébral et cardiopathie. Un adulte sur dix souffre de diabète. Depuis 2012 l’institution reconnaît que 40 % des adultes de nombreux pays seraient hypertendus en Afrique. A Kinshasa, des femmes et jeunes filles ont donné leurs points de vue sur l’origine de ces maladies. 

« En dehors de tout ce que nous entendons, je pense que toutes les deux maladies sont héréditaires. Vous verrez facilement une femme ou un homme souffrir du diabète et être hypertendu quand cela a été le cas pour l’un de ses parents. Ce ne sont pas des maladies qui viennent du hasard. Je crois vraiment qu’on les héritent»,  estime  Aléandrine Kebazi, élève en terminale d’une école conventionnée catholique, à Kinshasa.   

Eugenie Mpeti, Clarisse Omoyi  et Marie-Thérèse Malanda (qui est une hypertendue), pointent du doigt les conditions sociales et l’alimentation. 

« Je crois que l’hypertension provoque des soucis. Quand un être humain est fortement préoccupé sur une question donnée, sa vie entière est impactée. Les conditions de vie difficiles à Kinshasa peuvent être parmi les causes de cette maladie. On est tendu quand on se lève du lit parce qu’il faut tout de suite trouver le déjeuner, le cas échéant, de la nourriture pour sa famille. On est tendu quand les embouteillages ralentissent nos journées, on est tendu quand une fois en ville, les agents de l’hôtel de ville doivent nous pourchasser, on est tendu quand on n’a pas de client en fin de journée (…) bref, nous vivons un stress permanent », explique Eugénie Mpeti, vendeuse des friperies. 

 

 Rythme de vie et hygiène alimentaire mis en cause

A Marie-Thérèse Malanda, cantonnière, de renchérir. « La vie coûte très chère à Kinshasa. Nous avons des familles nombreuses, les salaires insuffisants ne nous permettent pas de nouer les deux bouts du mois. Il faut  se couper en milles morceaux pour survivre. Tout cela amène l’hypertension. Le long des journées, nous buvons des colorants à la place des jus frais naturels, parce qu’ils sont vendus moins cher, des biscuits exposés au soleil, le diabète aussi se joint à l’hypertension », a-t-elle ajouté. 

Pour Clarisse Omoyi, les produits surgelés, les jus fabriqués au niveau local sont à la base de ces maladies.

« J’ai grandi, je n’ai jamais vu mes parents souffrir ni de l’hypertension, ni du diabète. C’est parce qu’ils avaient une alimentation saine et variée. Généralement, c’était des légumes verts et des fruits. Actuellement, nous avons développé la pensée selon laquelle mieux manger, c’est manger des produits surgelés. Les entreprises locales ne nous facilitent pas la tâche avec leurs huiles faites à base de cholestérols, ou des jus pleins de colorants. Comment ne pas développer ces maladies ? »  

Mamie Mobolisomi, vendeuse des fruits sur l’avenue Rwakadingi, plaide pour une communication suffisante autour de ces maladies dans le but d’éveiller le sens de la population sur certains produits vendus dans la capitale. 

« Les médias n’en font pas assez. Nos télévisions sont pleines d’émissions à caractère politique. C’est très rare de trouver une chaîne spécialisée dans les questions de santé. Quelles sont les véritables causes de ces maladies ? On ne sait pas. Il faut des programmes télévisés pour parler de l’hypertension et du diabète, cela va nous être très bénéfiques », s’est-elle plainte.

Prisca Lokale