RDC-Butembo : des pharmaciens en grève pour s’opposer à l’installation d’un entrepôt de Prince Pharma accusé de concurrence déloyale

Ph. ACTUALITE.CD

Des pharmaciens membres de l’Association des tenanciers de pharmacies à Butembo et Lubero (ATEPHALU) ont déclenché, à dater de ce vendredi 27 mai, une grève en ville de Butembo (Nord-Kivu). Toute la journée, des officines pharmaceutiques opérationnelles au centre-ville, entre les avenues Bukavu et De l'Eglise, n'ont pas ouvert leurs portes. Par cette grève, les tenanciers des pharmacies s’opposent à l’installation dans la ville d’un entrepôt de l’entreprise pharmaceutique Prince Pharma qu’ils accusent de concurrence déloyale ailleurs au pays. 

Pour eux, l’installation de cette entreprise dans la ville les préjudicie car, détenue par des expatriés, se livrant à la concurrence déloyale en œuvrant comme un détaillant plutôt qu’un grossiste.

« Nous sommes les clients de Prince Pharma dans notre région. Nous achetons des médicaments pour venir les revendre en détail ici. Malheureusement, plutôt que d’œuvrer comme grossiste, Prince Pharma décide d’ouvrir un entrepôt ici pour vendre en détail ses médicaments. Ces expatriés nous défavorisent nous les locaux. Prince Pharma vend tout, y compris des génériques qu’il ramasse de Kampala et Nairobi comme nous des petits détaillants, au lieu de se spécialiser dans la vente de ses propres produits de marque comme Shalina. Même les producteurs locaux, ceux qui produisent la vaseline, il (Prince Pharma) récupère tout et devient le seul distributeur, et nous on va vendre quoi ?  Bien qu’il se dise grossiste comme dépôt pharmaceutique, mais ce n'est pas ce qu’il fait », a déclaré à la presse M. Mbusa Kizito, président de l’ATEPHALU.

Et d’ajouter : 

« Nous sommes au courant de son expérience ailleurs, à Kisangani, Goma ou Bumba, quand il arrive dans une ville, il élimine tout le monde par sa manière de faire : il va vendre même sur ordonnance, il va vendre même en détail comme celui qui a une petite pharmacie du quartier qui n’a même pas un capital de 500 dollars, les locaux n’ont plus de travail. Et nous on se dit, on ne va pas sacrifier nos enfants, on ne doit pas sacrifier nos familles, on ne doit pas sacrifier nos fonctionnaires pour une entreprise qui ne va même pas donner de l’emploi à 10 personnes ». 

Pour l’instant, seules les pharmacies opérationnelles dans les quartiers sont autorisées à fonctionner pour répondre aux urgences des habitants. Les pharmaciens menacent de radicaliser leur mouvement si l’Etat congolais ne s'implique pas pour protéger les nationaux face à la concurrence déloyale des expatriés.

Contactée via un e-mail, l’entreprise Prince Pharma n’a pas encore réagi. Mais tout ce que l’on peut lire sur son portail web est qu’elle se présente comme l’un des principaux acteurs pharmaceutiques en RD Congo et propose une large gamme de médicaments de marque et génériques dans divers domaines thérapeutiques, dans les catégories sur ordonnance et en vente libre. Prince Pharma affirme que ses médicaments sont plutôt fabriqués dans des usines de classe mondiale approuvées par l'OMS en Inde et en Chine. Aujourd’hui, l’entreprise entretient un vaste réseau de distribution qui s’étend de Goma à Matadi en passant par Bukavu, Kisangani, Bumba, Mbandaka, Lubumbashi, Kolwezi, Kananga, Tshikapa, Kikwit et Kinshasa.  

Claude Sengenya