La Fédération Nigériane de Football (NFF) a déposé une réserve auprès de la Fédération Internationale de Football Association (FIFA) concernant le changement de nationalité des plusieurs joueurs congolais lors de la finale des barrages africains pour la Coupe du monde 2026. Neuf joueurs congolais seraient concernés notamment Aaron Wan Bissaka qui a été autorisé à jouer avec la sélection nationale congolaise, comme ses compairs, par la FIFA.
C’est une nouvelle qui ravit bien évidemment la presse nigériane même si l’opinion sportive publique locale n’est pas très optimiste par rapport à cette démarche eu égard aux résultats décevants des Super Eagles lors de cette campagne pour le mondial américain. Mais si nous analysons la situation au regard des textes, cette réserve a peu des chances d’aboutir pour deux raisons principalement liées au temps et naturellement par rapport à l’interprétation des textes légaux surtout ceux de la FIFA.
S’il est vrai que la nationalité «juridique et étatique» congolaise est une et exclusive, ce qui est l’argument majeur de la NFF dans son dossier, ce n’est pas la même chose avec les textes de la FIFA qui autorisent un joueur à posséder une ou plusieurs nationales mais à condition qu’il ne représente qu’un pays dans ses compétitions. Ce sont les cas de tous les joueurs binationaux ou multinationaux que nous avons actuellement au monde notamment du coté nigérian comme Ademola Lookman et William Troost Ekong qui ont des nationalités anglaise et néerlandaise par rapport à leurs lieux de naissance mais qui ont reçu des passeports nigérians pour représenter ce pays.
Comme il est de coutume, un joueur qui veut prester pour un pays passe par une procédure minutieuse organisée par la FIFA où le document essentiel est le passeport du pays choisi. Et sur ce point, il n’y a pas d’arguments possibles à donner. La République Démocratique du Congo (RDC) a connu malheureusement deux cas presque similaires où elle n’a pas eu gain de cause auprès des instances internationales. Il y a eu le cas Guelor Kanga avec la Fédération gabonaise où la Fecofa n’avait pas réussi à montrer le «passeport congolais» du joueur malgré que cette dernière avait brandi sa licence congolaise et sa carte d’électeur qui sont pas reconnues officiellement comme des documents attestant la nationalité sportive du joueur. Et plus récemment, le cas du joueur soudanais Ali Yusif qui avait brandi son passeport finlandais mais avait déjà reçu l’aval de la FIFA pour représenter son pays bien avant cette confrontation avec la RDC.
En conclusion, la FIFA, en tant que législatrice et régulatrice du football mondial, a déjà résolu ce problème de nationalité dans sa discipline. La FIFA ne donnera pas raison au Nigeria et ce dernier va saisir très certainement le Tribunal Arbitral du Sport (TAS) qui n’interprète que les textes à caractère sportif parce que selon le TAS le droit fédératif, (celui de FIFA) fait partie du droit privé à vocation internationale tandis que la loi nationale (la Constitution de la RDC), qui fait partie du droit public, qui sont de deux ordres juridiques différents ne se recoupant pas et n’entrant pas conflit (Cfr Tribunal Arbitral du Sport (TAS). (1993). Sentence arbitrale du 25 mars 1993, TAS92/80, B. c/. Fédération Internationale de Basketball Association(FIBA). Tribunal Arbitral de Sport).
Michel TOBO