Manque de moyen, manque de régularité lors des consultations prénatales, manque d'infrastructures, selon le Dr. Yves Sukuma toutes ces raisons sont à la base du niveau élevé de mortalité maternelle en RDC. Pour lui, il y a lieu d'éviter ce genre de situation en étant assidus tant au niveau personnel qu'à un niveau national.
Bonjour Docteur pouvez - vous brièvement nous parler de vous ?
Dr. Yves Sukama : je suis gynécologue obstétricien, chef du département gynéco obstétrique à la Clinique Kinoise. Je travaille également dans d'autres centres de la ville de Kinshasa.
Pouvez-vous nous expliquer brièvement ce que l'on entend par mortalité maternelle ?
Dr. Yves Sukama : Il faut tenir compte de deux volets: la santé publique et le volet gynéco obstétrique. Par rapport à la santé publique, la mortalité maternelle dans des termes simples, c'est le nombre de décès maternels pour 100.000 naissances vivantes. On pourra également dire c'est le nombre de décès maternels survenant suite aux conséquences obstétricales, qu'elles soient directes ou indirectes, qu'elles surviennent pendant ou après la grossesse. En d'autres termes, ce sont les décès maternels qui surviennent pendant les 42 jours qui précèdent l'accouchement .
Quelles sont les causes de la mortalité maternelle ?
Dr. Yves Sukama : Comme je l'ai dit au départ, la mortalité maternelle est liée aux conséquences obstétricales. Parmi les causes connues on note premièrement l'hémorragie du post -partum c'est la cause la plus redoutable qui tue les femmes après l'accouchement. Nous avons également les complications liées à l'accouchement, par exemple les femmes qui font des gros bébés ce qu'on appelle macrosomie foetale, elles accouchent par voie basse or ces bébés peuvent entraîner des conséquences chez la maman. Ils peuvent causer des déchirures des parties molles, suite à cela la maman peut se mettre à saigner à tel point qu'elle peut succomber. Une autre cause ce qu'on appelle la prééclampsie, c'est lorsqu'une femme enceinte qui présente une hypertension. Si cette dernière est mal prise en charge, elle peut mourir. Il y a aussi des avortements clandestins organisés dans des mauvaises conditions de sécurité. Il existe également des complications dues au paludisme, au VIH SIDA et même des infections qui apparaissent peuvent causer la mort de la maman.
En quelques mots, comment se passent les suivis de grossesse?
Dr. Yves Sukama: une femme ,dès qu'elle observe un retard au niveau de ses règles, même si c'est le premier mois, elle doit voir un médecin pour qu'on fasse le diagnostic d'une grossesse. Pour les familles qui n'ont pas assez de moyen ,certaines savent qu'elles sont enceintes mais elles préfèrent rester à la maison et elles ne se présentent à l'hôpital que le jour de l'accouchement. La consultation prénatale est très importante parce que l'objectif est de déceler quelles sont les grossesses à risque, les grossesses normales. A partir de ces consultations, il nous est facile de prédire le risque d'une hémorragie du post - partum. Cela nous permet une meilleure préparation, prise de précaution pour éviter cette hémorragie du post -partum .
Que répondez-vous à ceux qui disent que les médecins sont d'abord et avant tout attirés par l'appât du gain?
Dr. Yves Sukama: Je sais que les médecins sont souvent accusés à tort mais je ne crois pas qu'un médecin qui a prêté le serment d'hypocrate et qui reçoit une patiente qui arrive avec hémorragie où n'importe quel autre problème peut l'abandonner. Cependant, je peux dire qu'il faut des personnes qualifiées pour intervenir en cas d'hémorragie post partum par exemple. Au niveau de l'infrastructure, nos hôpitaux doivent être mieux équipés, cela permettra de réduire les décès qui surviennent après un accouchement.
Votre dernier mot
Dr. Yves Sukama: Je recommande aux femmes enceintes de bien suivre leurs consultations prénatales. Il y a lieu d'éviter toutes les complications qui peuvent survenir après l'accouchement. Je le redit, il faut aussi que les hôpitaux puissent être équipés.
Propos recueillis par Grâce Guka