Kinshasa : le pari sportif, un jeu de société qui n’attire pas que des chômeurs

Nous sommes dans la commune de la Gombe, centre-ville de Kinshasa, capitale de la RDC. Ici, non loin de la Banque centrale du Congo (BCC), se trouve un kiosque de la société Winner bet, un des paris sportifs très présents sur la ville. Un amas de papiers traîne au sol. Ce sont des papiers comportant le résultat de paris sportifs. Plusieurs catégories de personnes mêlées sont perçues. Certaines, frustrées, sont en train de déchirer les papiers qu’elles possèdent à leurs mains. D’autres, visiblement joyeuses, en train de parier auprès d’un agent commis à ce kiosque.

« Je joue parce que c'est un jeu que j'aime bien. Aussi, parce que j'aime bien le football. Mais parfois ça aide dans la mesure où lorsque nous sommes les mains bredouilles, en pariant, on peut gagner une somme qui puisse couvrir les frais de certains de nos besoins (...) », nous confie un parieur, visiblement joyeux.

Winner bet est une société consacrée aux paris sportifs. Elle est présente en ligne et possède aussi des bureaux tant sur le plan national qu’international grâce notamment à ses nombreuses agences déployées dans plusieurs contrées à travers le monde.

La société propose plus de 860 types de paris et jeux attrayants qui  comportent  plusieurs rubriques parmi lesquelles le football, le Loto, le Jackpot, etc. Et de toutes ces rubriques, celle dédiée au football est la plus sollicitée comme il est si facile de le remarquer. Selon les agents de Winner Bet, à Kinshasa, le  coût d’un pari sportif commence à partir de 300 Franc congolais (FC).

Public cible de Winner bet

Les paris sportifs proposés par Winner bet drainent beaucoup de monde appelés « Parieurs ». Si les jeunes peuvent toutefois être perçus en grande majorité, ce n’est pas tout puisque la présence des parents n’est pas en reste. C’est un public visiblement mixte. Toutefois, les enfants n’ayant pas encore totalisé 18 ans ne sont pas, en principe, autorisés à parier.   

« Il y a plusieurs personnes qui se sont retrouvées grâce à ces paris sportifs (…). Je travaille, j'ai une autre source de revenus. Mais parfois, je viens jouer. Néanmoins, je déconseillerai ceux-là qui veulent se lancer étant donné que ce jeu de pari crée de la dépendance. Ça n'attire pas que des chômeurs parce que je vois également des grandes personnalités occupant  de grandes fonctions dans ce pays venir aussi parier tout comme certains parents », explique Tigaine.

D’une commune à une autre. A Lingwala, vers le Rond-point Huileries, c’est l’engouement total. L’ambiance est au rendez-vous. Comme à Gombe, la moisson est diverse. Certains parieurs savourent et d’autres se lamentent. Ce sont des hommes et des femmes, des garçons voire des filles ou encore des jeunes et vieux. Bien plus, certains avouent être chômeurs tandis que  d’autres sont employés.

Ici, un parieur nous fait savoir qu’il faut suffisamment être intelligent pour gagner un pari. Il dit éprouver beaucoup de difficultés pour l’instant mais persévère, le temps pour lui d’acquérir de l’expérience.

« Ce n'est pas un jeu de hasard. Avant de jouer, il faut d'abord être intelligent pour parvenir à gagner. Mais quand bien même tu serais intelligent(e), c'est l'entreprise qui gagnera plus que toi. Donc  en réalité, celui qui s'adonne régulièrement à cette aventure travaille dans la perte (…). Mais  j'espère pouvoir gagner un jour ou l’autre avec l'expérience acquise » a-t-il dit.

Faisant le lien avec la guerre Russo-Ukrainienne, qui n'a pas épargné l'économie de la RDC, certains parieurs kinois n'éprouvent aucune crainte face à cette situation. Il préfère miser incessamment sur leur argent plutôt que d'économiser pour résister à cette crise économique.

«  ...Ici en RDC la crise existait déjà. Tous les jours nous souffrons, tous les jours nous mangeons par fruit du hasard. Donc cela ne nous empêche nullement de jouer, au-delà même de cette situation, dès que nous jouons ça nous redonne encore un peu d'espoir dans la mesure où, si nous parvenons à gagner, cela pourrait changer les cours de votre vie (...). Voilà c'est cet  espoir qui nous pousse à toujours parier », a laissé entendre ce parieur.

Il n’est plus un secret pour personne. Winner Bet est aujourd’hui un vrai gagne-pain pour beaucoup de Kinois et ce, de couches sociales et catégories différentes.

Ghislaine KANDA