Du dialogue de Nairobi pour l'instauration de la paix dans l'Est du pays en passant par la publication de listes des gouverneurs et vices gouverneurs et l'adoption de la réforme électorale ainsi que de la proposition d'une commission pour statuer sur les élus absentéistes et l'augmentation salariale des fonctionnaires, la semaine qui s'achève a été riche au niveau de l'actualité. Innocente Ntambwe revient sur chacun de ces faits marquants.
Bonjour Madame Innocente Ntambwe, pouvez-vous brièvement vous présenter à nos lecteurs?
Innocente Ntambwe : je suis avocate inscrite au barreau du Kongo Central. J'occupe également le poste de coordonnatrice action et solidarité féminine pour la gouvernance.
Cette semaine a été marquée par le dialogue au Kenya entre les autorités congolaises et les différents groupes armés qui sèment la terreur à l'Est du pays. Quelle est votre grille de lecture par rapport à cette rencontre?
Innocente Ntambwe : je pense que c'est une bonne chose, car dans ses prérogatives le chef de l'État est le garant de la cohésion nationale, de ce fait il a l'obligation d'user de toute les voies pour rétablir l'autorité de l'Etat et la paix au sein de la population. Il faut également noter, que la constitution lui reconnaît les attributions de négocier, de signer les accords et les traités internationaux qui cadre avec la loi et cela concourt à l'intérêt général.
La semaine a également été marquée par la publication de la liste des candidatures des gouverneurs et vices gouverneurs de 14 provinces. Sur les 107 candidats, 11 femmes ont été retenues. Qu'est ce qui bloque au niveau d'une représentativité accrue des femmes ?
Innocente Ntambwe : La participation de la femme à la vie politique active est moindre dans notre pays. C'est dans ce cadre que dans notre structure nous encourageons la femme et la jeune fille à s'impliquer dans la politique. Il faut que la femme s'engage au sein des partis politiques pour une lutte active et un leadership avéré afin de participer à la gestion de la chose publique. Je tiens aussi à rappeler que la parité prôné demeure dans l'engagement de la femme. Il y a des femmes actives dans des partis politiques mais elles n'ont pas des postes de prise de décision. Souvent la femme est à la mobilisation des membres, les femmes doivent travailler encore plus pour occuper à tout prix les postes dans les instances de prise de décision.
En parlant des élections, les députés nationaux ont débattu vendredi à l'Assemblée nationale sur la réforme de la loi électorale qui vise à la transparence électorale, l'interdiction du cumul des candidatures, le refus de porter comme suppléant un membre de la famille et plusieurs autres raisons. Que pensez-vous de cette proposition?
Innocente Ntambwe : Je pense que c'est une innovation positive, surtout en ce qui concerne les suppléants. Aujourd'hui, il n'est pas rare de voir qu'un député a pour suppléant soit son épouse, soit ses enfants. Une fois qu'il est rappelé à d'autres fonctions, ce sont les membres de sa famille qui restent. Ce n'est pas juste, les membres des partis politiques peuvent aussi être des suppléants. Les réformes portées dans cette proposition visent également un système électoral démocratique qui fait à ce que les plus forts l'emportent au détriment des plus faibles, contrairement à ce qui était instauré par l'ancienne loi. Je pense que s'il en est vraiment ainsi, c'est une grande avancée et un pari gagné.
Toujours à l'assemblée nationale, les députés nationaux ont adopté la mise en place d'une commission pour statuer sur les cas des élus absentéistes. Soutenez- vous cette démarche ?
Innocente Ntambwe : La démarche est bonne parce que l'Etat congolais débourse des frais qui sont perçus sans prestations en contrepartie.Il n'est pas concevable que l'Etat congolais paye un parlementaire qui ne siège pas au cours d'une session alors que ce dernier porte le mandat de la population. Les élus sont dans l'obligation de toujours être présents aux sessions parce qu'ils représentent d'abord le peuple.
Jean Pierre LiHau, le ministre de la fonction publique a annoncé au courant de la semaine, l'augmentation du salaire des fonctionnaires de l'Etat à 30 % pour le mois d'avril. Comment avez-vous accueilli cette nouvelle ?
Innocente Ntambwe : C'est une bonne nouvelle qui ne peut qu'être appréciée par les fonctionnaires ainsi que toute la population en général. Cette mesure vise à améliorer les conditions de vie de la population, elle entre dans le programme du gouvernement qui vise l'amélioration des conditions sociales du peuple congolais et celles des fonctionnaires de l'Etat en particulier.
Un autre fait marquant cette semaine, le retour de Vital Kamhere à Kinshasa après quelques mois passés à l'extérieur du pays pour des raisons de santé . Pensez - vous que son retour sur la scène politique aura un impact pour le pays ?
Innocente Ntambwe : Tout d'abord il faut retenir que Monsieur Vital Kamereh est un acteur majeur de la scène politique actuelle, son parti est représenté au sein des institutions surtout au parlement. L'Union nationale du Congo ( UNC) est la troisième force politique du pays en termes d'élus nationaux et provinciaux. Son retour est donc un grand enjeu pour la RDC.
La question de la hausse du prix du carburant défraie la chronique. La nouvelle tarification imposée par le gouvernement congolais n'a pas convaincu les chefs des entreprises pétrolières. Que pensez - vous de leur position?
Innocente Ntambwe : Il faut savoir que la structure des prix est élaborée dans un cadre de concertation entre le gouvernement et la fédération des entreprises congolaises ( FEC). La FEC représente les opérateurs économiques. Ce cadre reste le seul endroit de discussion entre les pétroliers et le gouvernement congolais. En dehors de ce cadre, aucun opérateur ne peut décider de l'augmentation du prix sous peine de sanctions. Aujourd'hui, nous constatons qu'il y a des stations d'essence qui sont fermées, rares sont celles qui servent les clients. Donc tout opérateur qui s'attardera à augmenter le prix du carburant à la pompe, des sanctions qui l'attendent .
Un autre sujet important reste celui des cas de naufrages enregistrés depuis le début de l'année. Après Maluku c'est le Kasaï Central où six personnes ont disparu sur la rivière Lubudi. Qu'est ce qui justifie cela ? Pourquoi n'y a-t-il pas des mesures préventives selon vous?
Innocente Ntambwe : Les mesures préventives existent mais le personnel navigant ne s'y conforme pas. La régie des voies fluviales (RVF) qui est le service attitré, ne procède pas régulièrement au contrôle de routine, cela entraîne des naufrages. Il y aussi la question des prix qui sont assez conséquents pour une partie de la population. Cette dernière opte pour les bateaux ou les pirogues au profit d'un navire. Les traversées à moindre coût sont privilégiées en dépit de la sécurité. C'est pour ces raisons, que nous interpellons la RVF pour qu'elle puisse non seulement revoir ses prix mais aussi procéder aux contrôles de routine pour éviter les pertes humaines et matérielles.
Par rapport à la pénurie de plusieurs produits de première nécessité à Kinshasa, le gouvernement congolais décide le gel de la TVA sur certains produits. Comment réagissez - vous face à cette nouvelle ?
Innocente Ntambwe : En ce qui concerne la pénurie des produits de première nécessité, il faut savoir qu'ici à Kinshasa c'est le double parce qu'il y a des augmentations de prix et le Ministre de l'économie ne sait pas dire exactement ce qui se passe. Dans les provinces c'est pire. Comment est-ce que la population va vivre avec cette hausse des prix? Un sac de farine qui revenait à 20 dollars (l'équivaut de 40000 franc congolais) aujourd'hui il est passé à 75 .000 franc congolais. La population souffre, la femme congolaise ne sait plus à quel saint se vouer vu l'augmentation des prix dans son panier. Il est temps que les parlementaires que nous avons voté puissent interpeller celui qui dirige l'économie. J'en profite pour interpeller les Congolais à pratiquer l'agriculture, l'élevage et la pêche. Nous avons des terres en RDC, je pense que si nous produisons sur notre propre terre nous n'allons plus connaître ce genre de problèmes.
En sport, les Léopards ont été qualifiés lors des matchs éliminatoire pour la Can 2023 . Que pensez-vous de cette qualification?
Innocente Ntambwe : Nous serons heureux de voir la RDC participer à cette grande compétition internationale. C'est une fierté. Bravo à nos joueurs, ils ont notre soutien pour porter plus haut le drapeau de la République Démocratique du Congo.
Propos recueillis par Grâce Guka