Le Rwanda va rouvrir sa frontière terrestre avec l'Ouganda fermée depuis 2019

Paul Kagame et Yoweri Museveni
Paul Kagame et Yoweri Museveni

Le Rwanda a annoncé vendredi la réouverture le 31 janvier du principal poste-frontière avec l'Ouganda, fermé depuis février 2019, officialisant un dégel des relations entre les deux voisins d'Afrique de l'Est.

Cette annonce intervient moins d'une semaine après la visite du fils du président ougandais Yoweri Museveni, le général Muhoozi Kainerugaba, à Kigali où lui et le président rwandais Paul Kagame ont affiché leur volonté de "restaurer" les relations bilatérales.

"Après la visite au Rwanda du général Muhoozi Kainerugaba (...) le 22 janvier, le gouvernement du Rwanda a pris note qu'il existe un processus pour résoudre les problèmes soulevés par le Rwanda, ainsi que des engagements du gouvernement d'Ouganda à lever les obstacles restants", affirme le ministère rwandais des Affaires étrangères dans un communiqué publié tôt vendredi matin. 

"A cet égard (...), le gouvernement tient à informer le public que le poste-frontière de Gatuna entre le Rwanda et l'Ouganda sera rouvert à partir du 31 janvier", ajoute le ministère.

"Le gouvernement du Rwanda reste attaché aux efforts en cours pour résoudre les problèmes en suspens entre le Rwanda et l'Ouganda et estime que l'annonce d'aujourd'hui contribuera positivement à la normalisation rapide des relations entre les deux pays", conclut le texte.

Aucun commentaire officiel n'était disponible dans l'immédiat côté ougandais, mais le général Muhoozi et le gouvernement ougandais ont notamment relayé le communiqué rwandais sur leurs comptes officiels Twitter.

Le Rwanda avait brusquement fermé le poste-frontière de Gatuna -appelé Katuna en Ouganda- en février 2019, coupant une importante route commerciale terrestre, dans un contexte de tensions croissantes entre les deux pays.

Kigali accusait l'Ouganda d'enlever ses ressortissants et de soutenir des rebelles cherchant à renverser M. Kagame.

Kampala a accusé pour sa part le Rwanda d'espionnage et d'avoir tué deux hommes lors d'une incursion sur son territoire en mai 2019, ce que Kigali a contesté.

- Chef du renseignement limogé -
Peu après la rencontre entre le général Muhoozi et Paul Kagame, Yoweri Museveni a annoncé mercredi le remplacement du puissant chef du renseignement militaire, Abel Kandiho, en poste depuis 2017, officiellement dans le cadre "transfert de routine et réaffectation", selon un porte-parole du gouvernement ougandais. 

Ces dernières années, des responsables rwandais avaient accusé Kandiho de collaborer avec des dissidents pour enlever des citoyens rwandais en Ouganda. 

Il faisait également l'objet de sanctions américaines en raison de son implication présumée et de celle de ses services dans de graves violations des droits de l'homme. 

Paul Kagame et Yoweri Museveni ont été de proches alliés durant les années 1980-1990, dans la conquête du pouvoir dans leurs pays respectifs, avant de devenir de farouches rivaux.

Après la fermeture du poste-frontière de Gatuna, des pourparlers entre les deux dirigeants avaient été organisés sous l'égide des chefs d'Etat angolais Joao Lourenço et congolais Félix Tshisekedi. La quatrième et dernière rencontre en date s'est déroulée en février 2020 à Gatuna.

Aucune réunion entre les deux dirigeants ne s'est tenue depuis, notamment en raison de la pandémie de Covid-19. 

Les relations avaient également été envenimées l'an dernier par la publication de l'enquête sur le logiciel espion israélien Pegasus, qui affirmait que le Rwanda avait utilisé ce logiciel pour pirater notamment les téléphones du Premier ministre ougandais entre 2014 et 2021, Ruhakana Rugunda, et du ministre ougandais des Affaires étrangères en poste depuis 2015, Sam Kutesa.

Le Rwanda avait dénoncé une "campagne de diffamation".


AFP et ACTUALITE.CD