Depuis quelques jours, sur les réseaux sociaux circulent des images montrant une dizaine de jeunes femmes qui se font couper les mèches à l'entrée de l'université catholique du Congo (UCC) située dans la commune de Limete. Le desk femme d'Actualité.cd s'est rendu sur le site de l'établissement où des étudiantes de différentes promotions ont donné leurs points de vue à ce sujet.
"Ça se passe comme cela à l'UCC. On n'a pas le droit de mettre librement nos tenues. Nous mettons nos pantalons (Boyfriend), les mêmes que l'on met d'habitude et on arrive à l'université, les gardiens nous refusent l'entrée. Pas de robes droites, pas de maquillage. Ce n'est pas du tout compréhensible !" s'offusque Bénédicte Mutabazi, étudiante en deuxième année de licence (Système LMD) en droit, trouvée sur le parking extérieur de l'université.
À l'entrée, environ quatre agents de la garde dont une femme, s'assurent de la conformité des tenues. Il est 13 heures passées. L'accès est refusé à deux étudiants, une jeune femme dont la jupe évasée, dépasse de près de deux centimètres les genoux et un jeune homme dont le pantalon serre les jambes. L'un des quatre agents a demandé aux deux étudiants de sortir de l'université.
"Ces tenues ne sont pas conformes. Comment vas-tu t'asseoir dans l'auditoire ? ", lâche-t-il aux étudiants, qui essaient en vain de s'expliquer.
Le code vestimentaire et sa vulgarisation
Jemima Mambenza, Marie-Julienne Mangala et Jenny Ntumba, toutes en deuxième année de licence droit, économie et communication reconnaissent la mention de ces éléments dans le code vestimentaire de l'université. Cependant, sa vulgarisation se fait uniquement lors de la journée d'information au deuxième jour de la rentrée académique.
" Il y a des mesures qui sont prises de sorte que nos tresses ne dépassent pas les épaules. Ce qui fait que les gardiens se sentent obligés d'aider les étudiantes à couper leurs mèches lorsque la limite requise est dépassée. Il est vrai que certaines étudiantes ignorent l'existence de ce principe. D'autres par contre s'entêtent volontairement" explique Jemima Mambenza.
A Marie-Julienne Mangala et Jenny Ntumba de renchérir, " les pantalons serrés ne sont pas permis. Il faut porter des boyfriends. Nous avons été sensibilisées sur ce règlement au début même de l'année".
"Normalement, il y a un règlement. Soit les gardiens demandent aux étudiantes de couper les mèches qui dépassent les épaules pour avoir accès aux cours, soit ils leur demandent de retourner à leurs domiciles au cas où elles refusent d'obtempérer. Nous n'avons pas les règlements en notre possession. Le secrétaire général académique nous l'a fait savoir au cours de la séance d'information," confie Jenny Ntumba.
Au sujet des images qui circulent sur les réseaux sociaux, Manuella Iyele estime qu'elles dateraient d'un an.
" C'est un événement qui est survenu après quelques modifications insérées au cours de l'année passée dans le règlement intérieur. Nous n'étions pas au courant. Nos cheveux (mèches) ont été coupés par les gardiens de l'université. Il n'y a pas eu de communiqués officiels. Depuis ce temps, on s'habitue. Voyez-vous mes cheveux, je ne fais pas de tresses parce que je n'aime pas la longueur exigée à l'UCC. Pendant les vacances, je pourrais faire tout ce que je veux," raconte l'étudiante, un chignon sur la tête.
Exhibant ses tresses, Clémentine Manzadi, étudiante de deuxième licence économie, dit avoir été soumise à cette pratique la semaine dernière.
" Mes tresses ont été coupées mardi dernier (14 décembre, ndlr). J'ai même brûlé les bouts pour en faire un style. Je ne savais pas que cela était inscrit dans le règlement. Je suis venue au cours comme d'habitude et les gardiens m'ont contraint à couper mes cheveux si je voulais accéder à l'université. Je n'avais d'autre choix que de me soumettre. Ces images là peuvent être récentes. C'est devenu une culture à l'UCC ", soutient-elle.
Alexia Menene qui sort de l'université porte un pantalon en pagne, tandis qu'elle a posé un pantalon en jeans sur ses épaules. Elle explique " Mon pantalon est en jeans. Ce n'est pas un tissu moulant. Mais pour respecter les consignes, les gardiens m'ont demandé d'en mettre un autre. Je me suis débrouillée à l'extérieur de l'université et j'en ai trouvé un autre."
Prisca Lokale