RDC-bavures policières : « il faudra envisager d’adapter la formation des agents de police », des kinoises s’expriment 

Photo/ Actualité.cd
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Les réactions se succèdent après les cas de bavures policières du week-end dernier. Pendant que le procès en flagrance concernant le meurtre présumé de Olivier Mpunga dans les bureaux de la police se poursuit ce 21 décembre devant la Cour militaire, des Kinoises ont donné leurs points de vue.  

 
« Nous sommes témoins et victimes de ces bavures ici à Kinshasa. Lorsqu’ils sont mandatés pour disperser les marchés pirates, les agents de police le font sans cœur. Sans aucune considération. Ils y trouvent parfois un moyen de ravir nos biens », explique Christelle Mpanu-Mpanu, vendeuse d’accessoires de beauté sur l’avenue Rwakadingi. 


Au cours du procès en flagrance, 4 policiers ont comparu devant la Cour militaire. La thèse de pendaison a été soulevée par Samuel Mopepe, Commissaire supérieur principal, soutenue également par le commissaire Nzita ainsi que le Chef de poste et brigadier Tumba wa Tumba. 


Espérance Nsamba et Channel Mutala dressent leurs attentes par rapport à l’aboutissement de la procédure judiciaire.

« Hier, j’ai eu le temps de suivre une partie du procès concernant le meurtre du jeune homme de 32 ans. C’est vraiment pénible de voir comment les policiers répondaient aux questions. Sans les vidéos et photos des tortures, on peut croire à l’hypothèse selon laquelle Olivier Mpunga se serait pendu. Comment peut-on arracher la vie à une personne pour une affaire de véhicule ? Comment des agents de police peuvent agir de cette façon sans avoir porté un jugement légal ? Cela m’étonne vraiment. Il faut que justice soit rendue à ce jeune homme », analyse Espérance Nsamba, responsable d’une agence de voyage au niveau national. 


A Channel Mutala, étudiante de troisième graduat en marketing à l’ISC d’ajouter, « nous voulons qu’après ce procès, les sanctions soient imposées aux auteurs du meurtre présumé. La police nationale a aussi fait savoir que l’agent auteur des tirs à l’égard du ministre Gisaro et de la délégation des députés a été interpellé. C’est une bonne chose. Les sanctions doivent également suivre ».


Qu’est-ce qui serait à la base de ces cas multiples de bévues policières ? 


Balles perdues, tirs de sommation, tracasseries routières et interpellation brutale… nombreuses sont les bévues qui ont été filmées ou photographiées au cours des deux dernières années en RDC. Parmi les causes, Fidéline Ewamba et Narcisse Tshibola évoquent l’absence des sanctions exemplaires et la difficile situation économique.  


« Que doit-on dire pour tous ceux qui sont tombés sous les balles d’un policier non formé en RDC ? Quelle justice pour tous ceux qui crèvent actuellement dans les hôpitaux pour avoir été victimes des bavures policières ? Nos autorités entendent et voient les dénonciations mais aucune action forte n’est menée pour décourager les bavures. Des brèves interpellations, des procès qui n’aboutissent pas, des condamnés qui sont relâchés, (…) Il faut des sanctions rigoureuses et exemplaires » dit Fidéline Ewamba, formatrice dans un centre de formation en langues.   


A Narcisse Tshibola de renchérir, « il faut que la situation sociale s’améliore. Nous tendons vers les festivités de fin d’années. Mais la situation économique devient de plus en plus difficile. Les produits de première nécessité sont en hausse. Pendant ce temps, les policiers aussi se battent à leur niveau pour répondre aux besoins de leurs familles. Sans un salaire consistant, on peut comprendre d’où viennent toutes ces tracasseries ».  


Pour conclure, en termes des réformes, Sarah Faida, étudiante en première licence Communication à l’Université catholique pense qu’« il faudra envisager d’adapter la formation des agents de police au contexte congolais. Il ne s’agit pas juste de changer les individus et les postes mais de revoir tout le processus de recrutement, de formation et d’affectation des agents. Cela va permettre à la RDC d’avoir des policiers qualifiés et utiles à la nation ».

Prisca Lokale