Restauration, consultance en hôtellerie, nettoyage des bateaux, vente des fleurs , Esther Bishweka est à la tête de Kivu Group Services. Cette jeune entrepreneure basée à Goma, ambitionne de faire de son business une référence en RDC.
Bonjour Madame Esther Bisweka et merci de nous accorder de votre temps. Parlez-nous de votre inspiration, d'où la puisez-vous?
Esther Bishweka : lorsque j’étais en Suisse pour mes études, je travaillais dans des hôtels. J’ai même fait un stage aux Etats-Unis. J’étais plus ou moins indépendante, je gagnais 3.000 $ en Suisse et 2.500 aux USA. Mon salaire me permettait d’économiser et combler mes besoins. A cause de la pandémie, je suis rentrée en RDC. Je suivais mes cours en ligne et en même temps, je voulais en même temps subvenir à mes besoins. (…) Je suis parvenue à mettre en place un service de vente en ligne des fleurs. Les clients pouvaient passer des commandes via notre compte Instagram et utiliser le mobile money pour payer. En à peine huit mois, j’avais assez épargné . Fin 2020, j'ai commencé à faire des stages dans les hôtels pour apprendre davantage dans le domaine de la pâtisserie, la cuisine. C’était ma passion. Finalement en février 2021, j’ai rencontré une personne qui m’a vendu ses équipements à un prix vraiment abordable. J’ai exposé mon projet auprès de mon père (Vanny Bishweka) qui joue en même temps le rôle de conseiller en matière de business. Et pour me soutenir, il m’a donné l’espace où se trouve Kivu Eat.
Avez-vous rencontré des difficultés ? Si oui, comment vous en êtes-vous sortie ?
Esther Bishweka : au début, il y avait énormément de taxes à payer. Des délégués des services passaient à nos bureaux pour réclamer le paiement de ces taxes. J’ai tout payé malgré le fait que mon entreprise n’avait pas encore assez de moyens. Mais avec le temps, j’ai compris que certaines taxes étaient abolies par l’Etat congolais. Une autre difficulté était celle de trouver des bons employés. J’ai dû me séparer de certaines personnes parce qu’elles ne pouvaient pas s’adapter à nos attentes. Une autre grande difficulté, c’est le financement. Nous avons des projets, des visions mais lorsqu’il faut par exemple solliciter un crédit bancaire, on nous exige de déposer des documents parcellaires. Comment faire si je ne possède pas encore une parcelle ?
L’année 2021 touche à sa fin, quel bilan faites-vous de l’évolution de votre entreprise ?
Esther Bishweka : tout ce qu’il y a dans Kivu Eat aujourd’hui, je ne l’ai pas obtenu d’un seul coup. J’ai épargné des recettes de chaque mois pour combler le manque. En trois mois, j’ai emménagé l’espace, j’ai recyclé des chaises et autres équipements, j’ai repeint les murs. Je suis passé des take-aways aux assiettes en bois. Je me suis rendue en Afrique du Sud et j’ai acheté des fours à pizza et d’autres machines. J’ai installé un autre Kivu Eat au Port IHUSI. Nous fournissons des snacks, de la charcuterie, des gaufres, des sandwichs aux bateaux qui font la navette entre Goma et Bukavu. Nous livrons également des pains à Gomarché, un des supermarchés de la place. J’ai commencé au départ avec 10 employés. J’en ai 11 maintenant.
Des projets futurs ?
Esther Bishweka : le premier Kivu Eat se situe au Centre-Ville. Nous avons ciblé des clients et nous sommes convaincus qu’ils viendront acheter nos produits. Je me propose d’ouvrir un autre Kivu Eats à l’aéroport international de Goma. Kivu Eat est mon plus grand business, mais l’entreprise qui comporte plusieurs services s’appelle Kivu Group Service (qui comprend également Kivu Flowers, Kivu Cleaning et Consultance Hotellière).
Quelques mots sur votre parcours ?
Esther Bishweka : j’ai une Licence en gestion internationale de l'hôtellerie et du tourisme obtenu en Suisse en 2019 . J’ai ensuite entamé un master en agriculture durable et sécurité alimentaire. J’ai été au Royal agricultural university (Master of science in sustainable agriculture and food security) 2020-2022, Les roches (Executive master in Hospitality) 2021-2022. En secondaire, je suis allée au Rainbow international School en Ouganda et au Brookhouse international school au Kenya.
Propos recueillis par Prisca Lokale