RDC-CINEF: « il n'est pas bon de vivre par procuration ! » Ndiaye Cire Ba (alias Djalika)

Photo/ Droits tiers
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Elles ont été les invitées phares de la cinquième édition du festival Cinéma au féminin (CINEF 2021). Les actrices de la série sénégalaise « Maîtresse d’un homme marié » sont à Kinshasa. Dans une interview accordée au Desk Femme de Actualité.cd, Ndiaye Cire Ba qui a incarné le rôle de Djalika revient sur son parcours et la leçon à tirer de ce personnage. 

Bonjour Madame Ndiaye Cire Ba et merci de nous accorder de votre temps. Vous avez joué l’un des principaux rôles dans la série "Maitresse d’un homme marié" . Vous êtes l'invitée d'honneur de la cinquième édition du CINEF, comment vivez vous cette expérience kinoise?

Ndiaye Cire Ba : c’est un honneur pour moi d’être venue à Kinshasa. Même si le personnage que j’ai incarné était l’un des principaux rôles, ce n’était pas la seule interprétation à la hauteur, il y en a eu beaucoup d’autres. C’est donc à titre représentatif de toutes les autres actrices et acteurs que je suis ici. Je ne peux qu’être honorée et remercier le CINEF (Cinéma au Féminin) d’avoir eu cette initiative et de nous avoir permis d’échanger entre le Sénégal et Kinshasa. 

Comment êtes-vous parvenue à décrocher le rôle de « Djalika » dans la série ?

Ndiaye Cire Ba :  j’ai connu la scénariste deux ans avant la série via une amie qui a participé à l’élaboration du projet dès le début. Elle présentait à la scénariste (Kalysta Sy), des profils d’actrices qui correspondaient aux quatre rôles principaux (Djalika, Lalla, Marème, Racky). Après le casting, elle a été satisfaite de mon interprétation. J’ai donné mon engagement à travailler une fois qu’elle aura trouvé une boite de production. Au bout de deux ans, elle a pu trouver Marodi TV, elle est revenue pour confirmer le casting. C’est ainsi que nous avons rejoint l’aventure « Maîtresse d’une homme marié ».     

Vous incarnez le rôle d’une femme soumise. Elle travaille et gère en même temps son ménage.   Elle vit  avec une belle mère qui ne la supporte pas. Malgré ses efforts pour satisfaire son mari, il passe tout de même son temps à boire et courtiser les filles. Dans la vie réelle, que pensez-vous d’une telle femme ? 

Ndiaye Cire Ba : je trouve cela regrettable du simple fait que ce soit une réalité dans nos sociétés africaines. Au lieu de penser au bien-être de la personne en soi (la femme), on priorise le regard de la société. Par moment, il est important de considérer l’avis de la société mais on ne peut pas le faire au détriment d’une personne. Cela peut pousser à l’extrême, au suicide. Ce sont des femmes qui ne vivent pas mais fournissent constamment des efforts pour survivre. Ce n’est pas bien de vivre par procuration. Chacun devrait pouvoir exprimer ses points de vue, ses sentiments, vivre sa vie en étant en phase avec la société. 

Parlez-nous de la complexité et des particularités de votre personnage? 

Ndiaye Cire Ba :  Djalika, c’est une femme typiquement africaine, pour ne pas dire sénégalaise qui est tout le temps soumise pour ses parents, pour sa société, pour ses enfants tout sauf pour elle. Le point culminant, c’est lorsqu’ à la fin, elle voit tout ce qu’elle a refoulé remonte à la surface. Elle a besoin de s’assumer, mettre ses principes en avant pour son bien-être.     

Comment la société devrait-elle aider ce type de personnes ?  

Ndiaye Cire Ba : En tant que société, nous devons respecter le regard des autres, les points de vue des autres. Mais il faudrait aussi reconnaitre que les bonnes mœurs et la culture africaines consiste au respect dû à la femme. Cette capacité à laisser la femme être libre et épanouie. On ne parle pas ici, du libertinage mais de reconnaitre qu’une femme bien dans la tête et dans le cœur fera que cela se reflète dans ses actes. Que peut transmettre une femme qui n'est pas heureuse? C’est de la négativité qu’une femme va transmettre à ses enfants et qui va se perpétuer dans les générations futures.    

Quels défis avez-vous rencontré lors du tournage des différentes saisons ? 

Ndiaye Cire Ba : nous avons rencontré énormément de défis mais tout cela a contribué à produire l’œuvre que les gens apprécient aujourd’hui. Une production n’a jamais été facile. Mais, on y a tous cru, les acteurs, l’équipe technique, on a formé une famille, donné naissance à « Maîtresse d’un homme marié », un bébé qui grandit.  

Un petit retour sur votre parcours ? 

Ndiaye Cire Ba :   J’ai fait mes premiers pas dans le théâtre en 2007. C'était à l'école. Au secondaire, j’ai intégré le théâtre universitaire. Nos encadreurs repéraient certains talents pour leur permettre d’assister et de participer aux répétitions sans jouer aux prestations officielles jusqu’après le baccalauréat. Un jour, j’ai été invité à assimiler un texte et l’interpréter avec un peu moins d’exagération qu’au théâtre et plus de modulation. C’était mon premier casting et c’est de cette manière que j’ai intégré le cinéma. En 2013 que j’ai fait le transfert du théâtre vers le cinéma. Actuellement, je préfère le théâtre. 

Quel a été l’impact de ce feuilleton sur votre carrière ? 

Ndiaye Cire Ba : j’ai eu à faire le cinéma et le théâtre bien plusieurs années auparavant. Mais je dois admettre que je n’étais  pas connue qu’à étranger, dans la sous-région pour mes autres rôles, mais « Maîtresse » atteint une autre dimension. Cette série nous a permis d’être un peu plus connues dans plusieurs pays et même plus chez nous. Elle nous a permis ce voyage même à Kinshasa, pour la première fois dans ma carrière. C’est une expérience marquée, un CV culturel qu’on ne saurait manquer de magnifier.   

En dehors de la série, quels sont vos autres projets ?

Ndiaye Cire Ba : j’en ai beaucoup mais je préfère les taire pour le moment. J’ai fait un break après la première saison, actuellement je travaille sur un grand projet plutôt confidentiel qui sera lancé dans plus ou moins deux semaines.

Propos recueillis par Prisca Lokale