RDC-Tanganyika : le HCR rapporte des violences sexuelles « généralisées et systématiques » des femmes déplacées par des groupes armés

Illustration/Ph. ACTUALITE.CD

L’agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) signale l’escalade d’actes de violence sexuelle généralisée et systématique contre des femmes et des jeunes filles par des groupes armés dans la province du Tanganyika. Selon les premières données, plus de 240 cas de viols ont été recensé dans une dizaine de villages.

 Le HCR s’est dit vivement préoccupé par cette situation.

 « Au cours des deux dernières semaines seulement, les partenaires humanitaires dans les zones de santé de Kongolo et Mbulula, ont enregistré 243 actes de viols, dont 48 ont été subis par des personnes mineures, dans 12 villages différents. Cela représente une moyenne de 17 attaques signalées chaque jour. Les chiffres réels pourraient être encore plus élevés, car le signalement des violences sexistes reste tabou dans la plupart des communautés. En plus du sévère traumatisme physique et psychologique causé par le viol, les victimes de la violence sexuelle peuvent être confrontées à la stigmatisation et à une possible exclusion de leur famille », peut-on lire dans un communiqué du HCR de ce vendredi 13 août.

Le HCR se plaint que le conflit en cours et les longues distances à parcourir pour atteindre les centres de santé rendent l’accès à l’aide extrêmement difficile mais rassure qu’il continue à travailler avec les autorités locales et les organisations humanitaires pour assurer qu’un soutien psychosocial et médical est fourni aux victimes.

« Notre personnel a entendu d’effroyables témoignages de l’extrême violence. Des personnes déplacées ont accusé les groupes armés de se livrer à des viols collectifs, alors que les femmes tentent de fuir leurs foyers. Certaines femmes et jeunes filles ont été enlevées et utilisées comme esclaves sexuelles par des membres de groupes armés. Des rançons ont été demandées aux familles en échange de leur liberté », rapporte le HCR.

A en croire le HCR, les autorités locales ont enregistré plus de 23 000 personnes déplacées depuis le mois de mai dernier dans le seul territoire de Kongolo, au nord du Tanganyika fuyant l’insécurité causée par les attaques qui seraient menées par des groupes armés rivaux qui se disputent le contrôle des zones minières en particulier des mines d’or et en guise de représailles contre les opérations militaires menées par le gouvernement. Les civils sont pris au piège au milieu d’affrontements intenses entre plusieurs groupes armés.

« Le HCR appelle les autorités à renforcer de toute urgence la sécurité dans la zone dénommée « triangle de la mort » qui borde plusieurs localités entre les provinces du Tanganyika, du Maniema et du Sud-Kivu  afin de protéger les civils, en particulier les femmes et les jeunes filles, de permettre l’accès humanitaire, et de faire le nécessaire afin que des enquêtes soient lancées et que les responsables soient traduits en justice », ajoute le communiqué.

En juillet dernier, l’ONU a estimé à plus de 300 000 personnes déracinées par l’insécurité et les violences et sont déplacées dans la province du Tanganyika. Le HCR affirme que les besoins humanitaires et en matière de protection augmentent. Il recherche un soutien financier supplémentaire pour couvrir le montant nécessaire de 205 millions de dollars pour l’opération en RDC. Les contributions reçues à ce jour correspondent à une part de 36%, selon l’agence de l’ONU.

Fonseca MANSIANGA