L’Organisation mondiale de la Santé a annoncé le 03 juin une augmentation exponentielle des cas de Coronavirus en RDC. Le même jour, le ministère de la santé a déclaré que le pays connait sa troisième vague de la maladie. Cynthia Omoyi, une jeune journaliste et blogueuse basée à Kinshasa fait partie des nombreux cas qui ont été guéris de cette pandémie. Elle revient sur cette expérience.
Bonjour Madame Cynthia Omoyi et merci de répondre à nos questions. Comment avez-vous su qu’il s’agissait de la Covid-19, comment avez-vous vécu cette expérience ?
Cynthia Omoyi : j'ai eu le Coronavirus. Je peux dire que j'étais calme, je n'avais pas paniqué, notamment parce que j'étais déjà préparée psychologiquement. Mon époux se déplace assez souvent, il fait des rencontres avec beaucoup de gens à cause de son travail. Je savais que j'allais attraper cette maladie. Au début, je ne savais pas que c'était la Covid-19. J'avais de la grippe et une petite toux sèche et des maux de tête. Je me disais que c'était dû à la grippe et que cela passerait. Un jour, J'ai acheté de l'insecticide. J'ai pompé dans la maison et je me plaignais du fait qu’il n’y avait pas d’odeur. Je l’ai dit à ma sœur. Elle m’a regardé et dit, que c’était plutôt tout le contraire. Je suis vite allée dans ma chambre, j’ai pris tout ce qui pouvait avoir une odeur. J’ai commencé par la lotion pour le corps, le parfum et je ne sentais rien, aucune odeur. C’est là que j’ai commencé à me dire que je souffrais de la Covid-19. Le lendemain, j’avais des maux de tête affreux, ma respiration était lourde, je me sentais de plus en plus faible, je me sentais déshydratée et presque toutes les minutes, j’avais des douleurs aux articulations. (…) Je me suis rendue à l’hôpital. Le premier résultat était négatif. J’ai rencontré un nouveau médecin qui m’a dit que je présentais presque tous les symptômes de la maladie. J’ai fait un deuxième test ailleurs, qui s’est également révélé négatif. Finalement, je me suis soumise à un scanner qui a confirmé que j’étais atteinte par la Covid-19.
Votre famille, comment a-t-elle accueilli la nouvelle ?
Cynthia Omoyi : ma famille a été d’un grand soutien. Mon époux était en déplacement lorsque j’ai été infectée. Il a dû écourter son séjour et revenir à Kinshasa parce qu’il fallait avoir quelqu’un qui prenne soin des enfants. Je crois d’un autre coté que les membres de ma famille ont aussi paniqués comme moi. Ils se demandaient comment la maladie allaient évoluer, est-ce que la situation allait s’aggraver ou que j’aurais juste des symptômes (…) quelques jours après, ils ont compris que ça allait passer.
Quel est le centre de traitement qui vous a pris en charge ? Le traitement a pris combien de temps ? Quand avez-vous été déclarée guérie ?
Cynthia Omoyi : c’est un médecin de famille qui a fait le suivi médical. J’ai remarqué les symptômes au cours du mois d’avril. J’ai été confirmé en début mai et vers la fin du mois, j’ai été déclaré guérie. Une semaine après, au mois de juin, j’ai fait un nouvel examen qui s’est révélé négatif.
Que retenez-vous de cette expérience ?
Cynthia Omoyi : cela a été une occasion de renforcer l’observation des mesures barrières au niveau de nos familles. A un moment, il y a eu un relâchement des gestes barrières, on se rendait des plus en plus dans des activités, on se rendait visite, on n’utilisait pas de masque, cela a été une occasion de renouer avec les gestes barrières. Je n’ai pas été la seule à être malade. D’autres aussi sont tombés malades.
Vous êtes-vous fait vaccinée ?
Cynthia Omoyi : je n’ai pas encore pris de vaccin parce que là, je suis encore entrain d’allaiter ma petite fille, je ne sais pas encore si c’est autorisé pour une femme qui allaite de prendre le vaccin, j’ai essayé d’interroger quelques médecins et aucun n’a pu me donner de réponse claire et convaincante. J’attends d'en finir avec l'allaitement ou avoir des précisions à ce sujet.
Aujourd'hui encore, il se pose de nombreuses questions autour de l'existence de cette maladie à Kinshasa. Comment vaincre ce doute ?
Cynthia Omoyi : je crois qu’il faut multiplier des séances de communication entre ceux qui ont souffert de la maladie (des anciens malade, guéris) et la population ou entre les familles qui ont perdu un proche décédé de coronavirus et la population, discuter et échanger. Cela va permettre à la population d’avoir la preuve que la maladie existe. Je connais personnellement des gens qui n’y croient toujours pas. Ces séances seront enrichissantes, la population a beaucoup de questions qui n’ont pas de réponse jusque-là. La plupart d’entre eux n’ont pas été proches des malades Covid-19.
*Le nom de la personne a été modifié à sa demande
Propos recueillis par Prisca Lokale