Décès de Laurent Monsengwo Pasinya, suspensions au sein des entreprises publiques, début des épreuves de l'examen d'Etat édition , débats autour de la proposition de loi sur le verrouillage des fonctions régaliennes, la semaine qui s'achève a été riche au niveau de l'actualité. Le Desk Femme vous propose un retour sur ces faits marquants avec Chouna Lomponda, directrice de la communication et porte-parole de L'Agence de Prévention et de Lutte contre la corruption, (APLC) mais aussi Présidente de Success DiverStory axée sur la lutte contre les discriminations par le changement des perceptions et la présentation de nouveaux rôles modèles à la société.
Bonjour Madame Chouna Lomponda et merci de nous accorder de votre temps. La semaine qui s’achève a débuté avec l’annonce du décès dimanche en France, du cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, archevêque émérite de Kinshasa. Que retenez-vous du parcours de cet homme d’église et de son engagement en politique ?
Chouna Lomponda : c'est en effet, un extraordinaire symbole de la démocratie qui disparaît. L''Archevêque émérite Monsengwo Pasinya est non seulement un monument de l'histoire, puisqu'il a été ordonné en même temps que "Monseigneur Kinga" par le Pape Jean Paul II, mais c'est aussi et très peu de gens le savent un exégète ( personne qualifiée pour mener une étude approfondie et critique d'un texte, appliquée à la Bible Ndlr), le premier d'Afrique. Je garde en mémoire un homme de conviction et de courage dans ses actes mais aussi dans ses propos.
En 2017, il s’est dressé aux côtés de l’opposition et de la société civile contre le maintien au pouvoir du président Joseph Kabila Kabange. Au moins cinq personnes trouveront la mort au cours des violentes répressions de la police contre les manifestants catholiques. Aujourd’hui, près de trois ans après l’alternance au sommet de l’Etat, peut-on dire qu’il a atteint son objectif ? Comment pérenniser sa lutte pour la démocratie ?
Chouna Lomponda : la démocratie est étroitement liée à l'absence de corruption ou du moins un faible taux de corruption. Celle-ci est un mal qui détruit la confiance des citoyens envers l'état, mine le développement économique et surtout crée des injustices sociales. Pour pérenniser la démocratie, il faut lutter contre la corruption.
Les finalistes du secondaire ont entamé les épreuves hors-session d’Examen d’Etat cette semaine. Au-delà de ces épreuves, que faire pour que les écoles congolaises produisent des jeunes qui répondent aux besoins de la société ?
Chouna Lomponda : il faudrait à mon avis, mettre au cœur du débat la question de la formation des formateurs. Investir davantage sur la connaissance que sur les bancs. Un autre volet important, c'est la lutte contre la corruption dans l'enseignement. C'est ce que fait l'agence en luttant contre la corruption avec de la prévention par l'éducation.
Il y a eu également au cours de la semaine, des suspensions au sein des entreprises publiques. Notamment à l’Ogefrem, le Fonds pour la Promotion de l’Industrie et l’Office Congolais de contrôle suite à un rapport de l’Inspection générale des finances. Quelle grille de lecture faites-vous de ces suspensions et nominations des nouveaux animateurs ?
Chouna Lomponda : les différents dossiers que cela provienne de l'IGF ou de l'APLC, que relaient parfois les médias sont des preuves éloquentes d'un véritable changement en marche. L'autre lecture que je fais de cette actualité, c'est qu'il y a des mauvaises pratiques qui vont doucement disparaître, non pas par volonté mais parce que les mécanismes mis en place pour lutter contre la corruption les y auront contraint.
Le Chef de l’Etat a également réajusté ses récentes nominations, à la Banque Centrale du Congo, conformément aux prescriptions du Fonds Monétaire International (FMI). Pensez-vous que cette décision aidera à lutter contre la corruption au sein de cette institution ?
Chouna Lomponda : ce qui aide à lutter contre la corruption, c'est tout d'abord une volonté politique. Et cela passe notamment par la création d'une Agence de Prévention et de Lutte contre la Corruption par l'ordonnance n°20 /013 bis du 17 mars 2020.
La publication du calendrier pour la désignation des membres de la CENI est intervenue au cours de la semaine. Parmi les nouveaux animateurs, une candidate doit être désignée pour représenter les organisations féminins. Quel devrait être son profil selon vous ?
Chouna Lomponda : permettez-moi de souligner l'importance de l'accessibilité des femmes à des postes de décisions. Et ce, non pas pour nous faire plaisir mais avant tout pour l'équilibre de notre démocratie. Enfin, pour répondre à votre question, le profil devrait correspondre aux mêmes exigences que l'on devrait avoir pour un homme: compétent avec une éthique et un degré élevé d'intégrité, possédant un CV et un parcours avec un ou plusieurs domaines de spécialisation en accord avec le futur poste à occuper. Et je terminerai par le courage et le patriotisme.
Les débats sur la proposition de loi faite de Noel Tshiani sur le verrouillage des fonctions régaliennes en RDC, notamment la présidence de la République, se sont intensifiés autant sur la toile qu’au niveau des médias. Quel est votre opinion à ce sujet ?
Chouna Lomponda : sortons un peu des sujets purement politiques et allons poser la questions aux femmes vendeuses de denrées alimentaires qui souvent travaillent beaucoup pour gagner peu. Je serai curieuse de connaître leur avis. Ont-elles d'après-vous, le temps de disserter sur cette loi ? Vous savez, pour ces femmes battantes, chaque jours est un défi à remporter pour la survie de la famille et c'est cela leur unique priorité.
Des nombreux cas de Covid-19 ont été enregistrés à Goma au cours de cette semaine, alors que la troisième vague a été déclarée en RDC avec le variant Delta. Que pouvez vous suggérer à l'équipe de la riposte pour vaincre cette pandémie ?
Chouna Lomponda : mes recommandations concernent la stratégie de communication sur la pandémie. Il faudrait davantage sensibiliser les masses avec des messages de santé publique, et des démonstration des risques accessibles et adaptés aux différentes cibles pour une meilleure compréhension du Covid 19. Il serait intéressant aussi de miser sur la transparence et sur une communication pédagogique à propos du vaccin.
Un dernier mot ?
Chouna Lomponda : la bataille contre le Covid-19 n'est pas finie. Sortons masqué, respectons-nous, aimons-nous en nous protégeant les uns les autres.
Propos recueillis par Prisca Lokale