Kasaï-Oriental : voici comment le Comité de gestion "Alexis Mpoyi" a ruiné l'Université Officielle de Mbuji-Mayi

Photo d'illustration

Les nouvelles qui viennent de l'Université Officielle de Mbujimayi (UOM), dans la province du Kasaï-Oriental, avant la remise et reprise, crucifient le Comité de gestion sortant et  révèlent un mode de gouvernance opaque de cette Université publique, pendant des années.

Ces révélations troublantes sont  les fruits d'un travail de titan réalisé par  une équipe technique,  désignée par le nouveau Recteur, Professeur Apollinaire Cibaka Cikongo, Prêtre catholique de son état. C'est un groupe mis en place pour faire l'état des lieux qui a découvert plusieurs magouilles  érigées en mode de gestion de cette Université Officielle de Mbujimayi. 

La première insolite qui frise le détournement par le Comité sortant, ce sont des statistiques truffées concernant le nombre des étudiants. Alors que le chiffre réel des étudiants de l’UOM ayant passé régulièrement la mi-session de juin dernier est de 7.917,  le Comité sortant n'en a déclaré qu'environ 4.000. Une situation qui a entraîné lamentablement  la réduction des avantages et autres primes versés aux Enseignants et au personnel administratif ainsi qu'aux ouvriers.

Tout le personnel, toutes tendances confondues, a égrainé moult maux qui rongent l'UOM, par la volonté du Comité de gestion sortant.  Les membres du personnel administratif, académique, scientifique  et ouvrier se sont donc exprimés ainsi au cours des consultations initiées par l'Abbé Recteur Apollinaire Cibaka Cikongo, avant qu'il ne se jette à l'eau.

 Chiffres minorisés

Effectifs  des étudiants  minorisés, faussés pour le besoin de la cause, le tribalisme aigu, le clientélisme immodéré, le clanisme suffocant  et une dictature effrénée, voilà les habitudes ayant plongé l'UOM dans un abîme profond, jusqu'à affecter  la qualité de l'enseignement. 

"L'UOM était devenue une affaire familiale, gérée à l'instar d'une boutique du quartier", indique un Professeur en furie.

Alors que la remise et reprise était prévue samedi 10 juillet, le Recteur sortant, Alexis Mpoyi Mukala avait sollicité un report, prétextant finir le rapport sur sa gestion. Pourtant, rien de tel. Comptant sur ses relations politiques et ses accointances claniques avec certaines autorités, le Recteur sortant en a profité pour saisir le Conseil d'État pour annulation de l'arrêté ministériel, nommant le nouveau Comité. 

Combat perdu avant d'avance 

"Peine perdue !", lâche un une source judiciaire interrogée quant à ce. En attendant la suite de l'invitation du Ministre de l'Enseignement supérieur et universitaire lundi 12 juillet au Conseil d'État à ce propos, "la remise et reprise aura finalement lieu le même lundi 12 juillet, mais  à 8 heures", renseigne le communiqué officiel signé par le nouveau Recteur, Apollinaire Cibaka. "Ainsi en a décidé le Ministre Muhindo Nzangi", ajoute un membre du personnel ayant requis l'anonymat. 

L'occasion faisant le larron, le personnel a également déploré le mauvais traitement dont il a été victime pendant ces dernières années. A titre illustratif, un Chef des travaux évoque le paiement irrégulier des modiques primes locales, et le versement des sommes insignifiantes comme primes de surveillance des examens et de participation aux jurys de délibération.

Comme si cela ne suffisait pas, le Comité sortant verse dans l'intoxication pour détourner l'attention de tous et brouiller les cartes. En témoigne, le communiqué de la coordination estudiantine qui dément avoir récusé les nouveaux dirigeants de l'UOM. 

Des plaintes en nombre

Le personnel a surtout évoqué les  détournements systématiques des fonds de l’Université, le recrutement pléthorique des agents sur base tribale, la présence de bon nombre de travailleurs fictifs, plusieurs membres de famille des gestionnaires du Comité sortant sont venus de Kinshasa et d'ailleurs pour occuper précipitamment des postes pour lesquels ils touchaient des salaires, alors qu'ils ne travaillaient pas, tandis que les véritables travailleurs n'ont pas de salaire de l'État, et se contentent d'une modique prime versée irrégulièrement, 3 ou 4 fois par an.

A l'UOM, le Comité sortant s'était illustré dans beaucoup de bévues. 

"Imaginez  qu'un Assistant de troisième mandat qui ne reçoit rien de l'État touche une prime de 65.000 FC trois ou quatre fois par an. Un garde universitaire touche 23.000 fc", regrette un membre de la Coordination estudiantine ayant requis l'anonymat.

 Etat piteux d'infrastructures

En 28 ans d'existence, comme infrastructures pour les enseignements, cette Université a, comme auditoires, 17 hangars et salles de classe fort délabrés.

Pour un autre membre du personnel, le premier acte du nouveau Comité de gestion devra être la construction des toilettes. Car, renchérit-il, avec plus de 8.000 étudiants, UOM n'en a pas une.

Cependant, des observateurs se demandent quel montant réel aurait détourné le Comité sortant durant toutes ces années, en faussant les statistiques. 

"Perception des frais académiques et autres frais divers, les membres du Comité sortant ont amassé une fortune, pendant que l'Université se meurt "à petit feu", s'alarme un autre Assistant. 

Pour certains étudiants, l'inspection Générale des Finances (IGF) a de la matière à UOM.