Mathias Gillman, porte-parole de la MONUSCO a réagi aux propos du Président Rwandais Paul Kagame qualifiant « d'échec énorme » la présence de la Mission Onusienne et sa force depuis plus de 20 ans en République Démocratique du Congo.
« En ce qui concerne l'analyse du Président Paul Kagame sur le bilan de la MONUSCO, vous le savez, chacun est libre de son analyse, chacun est libre de son opinion. Pour nous, ce qui est important est de rappeler que nous avons trouvé un pays qui était au bord de l'implosion il y a 20 ans, avec les efforts conjoints de la MONUSCO et les autorités congolaises, nous sommes parvenus à préserver les frontières héritées de la colonisation, à avancer petit à petit l'autorité de l'État, récupérer l'autorité de l'État sur la totalité du territoire national », a indiqué le porte-parole de la mission.
Paul Kagame a signifié que la MONUSCO et sa force n’ont pas réussi à rétablir la paix dans l’est de la RDC depuis 24 ans.
« Il y a aussi les forces des Nations unies. Ils sont là depuis 24 ans. Il y a aussi cette responsabilité du monde passée sous silence. Personne ne dit: qu’avez-vous fait pendant 24 ans? Vous y êtes allés pour régler un problème, qu’est-ce qui s’est passé ? C’est un énorme échec », a dit le président rwandais au cours d’une interview à RFI et France 24.
La mission de l’ONU qui est également sévèrement critiquée par les Congolais pour son « inaction » face aux multiples exactions des groupes armés contre les civils, entend redorer son image.
« Il y a un travail qui reste à finaliser et je ne suis pas en train d'essayer de minimiser les difficultés où les reculs qu'on a pu connaître mais il y a eu des progrès. Il faut bien se souvenir que la MONUSCO n'a jamais eu pour vocation à se substituer à l'État, les progrès qui ont été faits comme les difficultés qui subsistent sont nos progrès des congolais également nos difficultés sont aussi les difficultés des congolais. Nous avons toujours eu à travailler dans une dynamique nationale qui n'a pas toujours été facile et une dynamique régionale également qui n'a pas toujours été positive, donc cet ensemble des facteurs qui rentrent en compte pour l'analyse du bilan de la Monusco », a expliqué Mathias Gillman.
Le RDC est dans une phase décisive marquée notamment par l’état de siège décrété par le Chef de l’Etat dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu en vue de faire face aux violences armées persistantes. Et Paul Kagame a eu des mots à ce propos : « C’est une bonne chose. Pour ma part, je le ferais, mais je le ferais suivre des actions bien réfléchies et planifiées pour traiter les choses de façon plus concrète de sorte à ne pas avoir les mêmes problèmes d’ici à cinq ans ».
Félix Tshisekedi a fait accompagner l’état de siège de plusieurs autres décisions. Il a par exemple décidé du remplacement de l’administration militaire par une administration militaire, il a remplacé les commandants de différentes opérations militaires et des brigades de réaction rapide de l’Armée et a réajusté le fonctionnement de la cour militaire opérationnelle. Sur le plan régional, il a multiplié des échanges avec les armées des pays voisins. Cependant, le programme de DDR piétine encore et les mécanismes de la justice transitionnelle tant demandée par la société civile restent un vaste chantier.
Auguy Mudiayi