Sylvie Kabongo et Aurélie Anamonga sont consultantes en ONG. Elles travaillent dans des ONG du secteur minier.A leur tour, elles livrent leurs points de vue ainsi que des propositions à Antoinette N’samba, nouvelle ministre de mines.
« Certaines personnes estiment que la présence des femmes dans les mines occasionne la disparition des minerais. Ce sont des idées préconçues dont la plupart des femmes sont victimes. Cela constitue un frein à l’épanouissement des femmes dans ce secteur, mais également à leur promotion aux postes de prise des décisions », fait savoir Aurélie Anamonga.
Elle déplore également l’attitude de certaines entreprises face aux activités champêtres des femmes.
« Lorsqu’une entreprise s’installe sur les sites miniers, elle ne consulte pas la femme qui pourtant y cultive son champ. Les hommes qui sont invités aux discussions lancent les actions, contraignant certaines femmes à céder ou abandonner leurs activités. Pour celles qui résistent, leurs produits ne seront jamais achetés par les entreprises pour les aider à se développer », a-t-elle affirmé.
Evoluer dans le secteur informel
Selon un article de la Banque mondiale paru en 2017, plus de 2 millions de personnes travailleraient de manière informelle dans ce secteur et au moins 40 % sont des femmes. Si tous ces mineurs connaissent de multiples difficultés d’ordre professionnel et social, ce sont les hommes qui profitent de manière disproportionnée des retombées économiques de cette activité. Une recherche de la Banque mondiale a également montré que les femmes, pourtant chargées des tâches les plus pénibles (charrier de lourds sacs de terre ou broyer les cailloux à la main par exemple), sont les moins bien payées.
Sylvie Kabongo, au départ journaliste et actuelle consultante de la coopération technique allemande GIZ souligne que certaines femmes voudraient rejoindre le secteur formel, malheureusement, la procédure n’aboutit pas.
« Malgré tous les efforts qu’elles fournissent pour l’obtention des différents documents qui règlementent leur travail, elles ne l’obtiennent pas. Elles ne sont ni financées par les partenaires, ni par le gouvernement. Même celles qui ont reçu des zones d’exploitation artisanale pour leur travail, se retrouvent très souvent dans les zones non productives ou non viables », dit-elle.
Relire l’article de la Banque mondiale : En RDC, les témoignages de femmes travaillant dans le secteur minier inspirent un plan d’action national
Des propositions
Pour Mme Anamonga, la nouvelle ministre des mines, Antoinette N’samba devrait s’entretenir avec les différentes associations des femmes qui travaillent dans les entreprises, dans le secteur artisanal, celles qui vivent sur les sites miniers.
« C’est à travers ces discussions que son ministère pourra élaborer des stratégies pour permettre l’émancipation de ces femmes et leur développement. Elle peut également appuyer la société civile pour le renforcement des capacités de la plupart d'entre elles et pour la promotion de leurs droits. Cela va aussi amplifier la représentation des femmes dans les entreprises pour qu’elles participent à leur tour, à la promotion des droits des autres femmes, riveraines et celles évoluant dans le secteur artisanal », a-t-elle dit.
Pour Sylvie Kabongo, « Il faudrait identifier toutes les femmes qui travaillent dans le secteur minier en RDC, mettre en place des structures pour les encadrer, des mutuelles, les aider à avoir des documents et des financements.»
En outre, WILPF RDC avait également établi après une enquête, qu’environ 95 % des femmes (jeunes filles) qui travaillent sur ces sites ont un niveau d’études très bas, la plupart d’entre elles sont analphabètes.
Enquête WILPF RDC : LES FEMMES DANS LES MINES ARTISANALES EN RDC