RDC : bientôt un plaidoyer de lutte contre les violences domestiques

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En 2020, un rapport du Forum des Femmes citoyennes et engagées pour la gouvernance, la démocratie et le développement (FOFECEGDD) a dressé le monitoring de plus de 500 cas des violences domestiques entre mars et novembre. Ce 27 avril, l’organisation a réuni des leaders sociaux et communautaires en faveur d’un plaidoyer à propos de la nécessité  et la rapidité des mesures à prendre de le cadre de la prévention et  de la lutte. 


« Nous procédons en 2021 à la phase II du projet de lutte contre les violences domestiques à Kinshasa. Après récolte des données sur l'existence effective des violences domestiques, cette phase consiste en un  plaidoyer qui a pour mission d’amener les décideurs à prendre des mesures urgentes en vue de prévenir et lutter contre ces formes de violences », a expliqué Marie Lukusa, coordonnatrice du Forum. 


En effet, le code pénal congolais n’est pas spécifique en ce qui concerne les violences domestiques. L’atelier, organisé pour le renforcement des capacités des organisations de la société civile, des défenseures des droits humains et des leaders communautaires aboutira à un plan d'actions du plaidoyer pour la mise en place des mesures spécifiques.

« Nous envisageons également de tenir un atelier avec les parlementaires, car nous voulons des résultats à court,  moyen et long terme. Nous souhaitons avoir une loi sur les violences domestiques en RDC », a-t-elle ajouté. 


Au cours de la période de l’état d’urgence sanitaire, le centre hospitalier Arc-en-ciel, situé dans la commune de Bumbu a assuré la prise en charge médicale des 20 victimes des violences domestiques.  Maleka Musaka Génial, médecin dudit centre a partagé l’expérience avec les participants avant d’aborder la nécessité des soins holistiques.


" Nous avons reçu des cas au cours de l'année dernière. Les violences domestiques nécessitent une prise en charge optimale. Cependant, nos hôpitaux et centres de santé sont parfois limités. Nous avons fait ce qui était nécessaire, offrir des soins aux victimes, proposer un suivi médical. Mais par manque de moyens, la plupart d'entre elles ne pouvaient pas bénéficier de tous les services. Certaines victimes présentaient des lésions et des troubles psychiques (...) Je pense que si nous n'agissons pas le plus vite possible, les violences domestiques peuvent se transformer en un réel problème de santé publique. Il faut un soutien financier qui permette de couvrir tous les besoins de santé, jusqu’à la guérison totale des victimes", a-t-il affirmé.


La femme n’est pas la seule victime des violences domestiques 

Les conséquences socio-économiques des violences domestiques sur les victimes  ont été présentés l'activiste Pascaline Zamuda. Durant son exposé où elle a parlé des statistiques, Jean Claude Mulamba, avocat au barreau de Kananga  a soulevé une problématique. « Pourquoi faut-il à chaque fois faire croire que la femme est l’unique victime de toutes formes de violences qui se commettent à domicile ?.»

Question à laquelle a répondu Pascaline Zamuda en spécifiant que le concept  de « violences domestiques » paraît encore assez flou pour certaines personnes. L'éducation aux droits spécifiques, aux violences basées sur le genre (VBG) n’a pas encore progressé de façon particulière dans la société congolaise.  C’est ainsi que de nombreux cas, ne sont pas dénoncés.

« Ce n’est pas pour victimiser la femme que l’on parle assez souvent des cas féminins enregistrés. Ce sont les faits. Observons autour de nous, dans nos familles, dans notre société, dans nos communautés, dans notre environnement. Nous verrons que les femmes constituent assez souvent le plus grand nombre des victimes ». 


Les violences domestiques peuvent être physiques, psychologiques, sexuelles, économiques, culturelles, institutionnelles et politiques. Parmi les conséquences économiques, elles engendrent la pauvreté. Les femmes sont privées de leurs droits d'exercer une activité économique ou un travail salarié. Ce qui entraine des frustrations, des problèmes psychologiques ou conduisent à la dépression. 


Elle a par ailleurs souligné que la loi qui sera mise en place, va sanctionner les hommes au même titre que les femmes qui se rendront coupables des violences domestiques.

« Au-delà des sanctions, il faut surtout une sensibilisation, penser à une autre manière de socialiser les hommes et les femmes dès la petite enfance, dans tous les milieux. Nous devons avoir des cadres qui permettent aux hommes et aux femmes victimes de ces formes de violences de s’y rendre pour trouver des orientations et des premiers soins.»


 A la fin de la première journée, Furaha Saïdi, chargé du genre dans la confédération nationale de la Jeunesse Islamique au Congo (CNJIC) s’est également exprimé sur la thématique.  "c'est un atelier qui nous a permis de comprendre qu'en fait il y a vraiment des femmes qui subissent des violences sous le toit conjugal, qu'il y a également les hommes et les enfants qui peuvent en être victimes. La communauté islamique également connaît ces cas de violences étant donné que nous vivons dans la société. Il faut alors des mesures qui accompagnent les victimes"


Ouvert le 27 Avril, l’atelier va se clôturer ce mercredi à 15 heures. 

Prisca Lokale