Les résultats d’une enquête menée entre janvier et décembre 2020 par l’organisation Amani-Institute ASBL basée à l’Est de la République Démocratique du Congo ont été rendus publics le 08 mars dernier. Sur un échantillon accidentel de 100 femmes et jeunes filles souffrant des maladies mentales, 89 sur 100 enquêtées soit 90% ont déjà subi un acte de violence sexuelle ou de harcèlement.
« La plupart d’entre elles ont été violées plus d’une fois et beaucoup ont déjà eues des enfants par cette voie. Cette situation prend de plus en plus d'ampleur notamment dans des milieux en conflits à cause des facteurs socio-économiques spécifiques, notamment la misère, le chômage de masse, une éducation sexuelle déficiente, la délinquance juvénile, le traumatisme ou la dépression, l’activisme accru des groupes armés, l’instabilité politique…etc », peut-on lire dans cette enquête.
Des membres de leurs familles, des leaders communautaires et des autorités locales ont été interrogés par des enquêteurs qui sont tous des jeunes volontaires au sein de l’organisation Amani-Institute ASBL, sélectionnés entre autres selon leur connaissance de la zone d’étude. Quelques chefs de quartier, chefs d’avenue, chefs de post d’encadrement administratif mais aussi des relais communautaires ont également été ciblés par le sondage pour aider les enquêteurs à identifier ces femmes et jeunes filles souffrant des troubles mentaux.
Des agents de la police et des FARDC impliqués
Lors de cette enquête qui a pris en charge le territoire de Rutshuru, les tutelles ou familles des victimes, les notables et les relais communautaires, les cadres des organisations de la société civile et les autorités locales particulièrement les chefs de quartier, ont cité principalement, « des jeunes drogués et ceux associés aux groupes armés actifs dans la région, des commerçants, des motards et chauffeurs, des acteurs humanitaires, des policiers de la PNC, des militaires FARDC ».
Parmi les facteurs favorisant les actes de violences sexuelles à l’égard des femmes et jeunes filles débiles mentales, il y a notamment les guerres à répétition, la pauvreté des familles ainsi que la peur de la dénonciation.
L’institut recommande au gouvernement congolais d’identifier toutes les personnes dépourvues de la raison qui errent dans les rues notamment des femmes et jeunes filles souffrant des troubles mentaux mais aussi leurs enfants (issus du viol) et de leur assurer une prise en charge holistique, de poursuivre en justice tous les présumés auteurs de viol et de prendre notamment des sanctions fermes à l’égard des personnes qui se livrent aux violences sexuelles des femmes et jeunes filles débiles mentales ainsi que de s’intéresser désormais à la problématique des violences sexuelles faites aux femmes et jeunes filles débiles mentales à travers la PSPEF (police spéciale pour la protection de l’enfant et de la femme) et respecter les traités internationaux ratifiés par la RDC et relatifs à ce domaine.
Prisca Lokale