Le Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi a reçu récemment deux correspondances au sujet de l’état des finances publiques. Il s’agit des lettres de l’Inspecteur général des finances, Alingete Key et du ministre des Finances, Sele Yalanguli. Ces documents démontrent un malaise entre le ministère des Finances et l'Inspection générale des Finances. L’IGF n’est pas en phase avec le ministère des Finances sur plusieurs points en ce qui concerne la gestion des finances publiques de la RDC. Pour preuve, le ministre des Finances a été obligé de recadrer le patron de l’Inspection générale des Finances sur le rapport que l’IGF fait à la présidence de la République tant par rapport à la gestion des finances publiques que sur le dossier exonération.
Tout part d’une lettre alarmiste de l’IGF datée du 6 novembre 2020 et adressée au président de la République avec en ampliation le ministre des Finances, avec pour objet « situation préoccupante des finances publiques ».
Dans cette correspondance, le patron de l’IGF attire l’attention du Chef de l’Etat sur le non-paiement des rémunérations du personnel pris en charge par le Budget de l’Etat jusqu’en date du 5 novembre 2020 d’un reliquat de l’ordre de 185.252.167.057 CDF sur une enveloppe totale de CDF 421.220.880.894 alors que les recettes collectées en octobre ont été à hauteur de 576.187.234.508,83.
Alingete note qu’il se dégage une augmentation inquiétante des dépenses hors rémunérations alors que depuis trois mois, soutient-il dans la même lettre, les recettes sont constantes. Pour lui, « il est urgent qu’il y ait un recadrage dans l’exécution des dépenses publiques en déterminant clairement les dépenses prioritaires et un encadrement accru des administrations financières des recettes, tâche que l’Inspection générale des Finances s’emploie à faire actuellement ».
Voilà qui a poussé le ministre des Finances, Sele Yalaghuli, à réagir en seulement 24 heures, en adressant lui aussi une correspondance au Chef de l’Etat dans lequel il relève plusieurs « déficiences et contre-vérités » de la lettre de l’IGF. Pour Sele Yalaghuli, contrairement aux affirmations d’Alingete Key, en ce qui concerne la paie des agents et fonctionnaires de l’Etat, elle est couverte chaque mois à raison de trois quarts et le reste, le mois suivant. Ainsi, à fin septembre 2020, toutes les paies des agents et fonctionnaires de l’Etat ont été effectuées. Et que la paie du mois d’octobre, notamment la queue de 185 milliards CDF, sera complètement exécutée au plus tard le 15 novembre 2020. « Ce chevauchement de la paie entre deux mois résulte , d’une part, de la modicité des recettes (en moyenne mensuelle CDF 544 milliards) et, d’autre part, de l’importance des dépenses contraignantes et non discrétionnaires (en moyenne mensuelle 640 milliards, et ce sans prise en compte d’autres dépenses d’environ CDF 100 milliards) », explique Sele Yalaghuli tout en précisant que les dépenses contraignantes ce sont les rémunérations (CDF 420 milliards) et les dépenses de souveraineté, humanitaires et du services de la dette (CDF 220 milliards).
Sur la question des exonérations sur laquelle l’IGF mène des audits et a déjà eu à adresser un rapport intérimaire à la présidence de la République. L’argentier national a fait remarquer que ce document n’a jamais été porté à la connaissance du ministère des Finances et qu’à ce jour aucun rapport n’a été soumis aux délibérations du Conseil des ministres pour s’ériger en décision de l’Etat.