Le député provincial Albert Kahasha dit Foka Mike a chargé la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO) et le gouvernement congolais au sujet des massacres de Kaniola. Pour lui, les deux parties ont failli à leur mission, celle de protéger la population tout au long de cette période.
A l'occasion de la commémoration du 14 anniversaire de ces massacres, Albert Kahasha, commandant de l'opération sur le lieu à l’époque, a décrié ce qu’il qualifie de passivité et de complicité de la MONUSCO tout au long de ces opérations.
« La dernière opération menée, j'ai croisé 57 corps de différents villages. Ils ne pouvaient pas réunir la rançon, ils étaient ligotés sur des arbres, et étaient abandonnés là (…). Et jusqu' à aujourd'hui plusieurs familles sont à la recherche de leurs familles et jusque-là non retrouvés. Ce qui a nous a étonnés, la MONUSCO et autres agents des Nations Unies étaient présents quand les FDLR massacraient la population sans intervenir. Ce qui choquait de plus est que chaque mardi nous assistions à des délégations de la MONUSCO qui se rendaient pour aller négocier avec les FDLR. Et ce qui est grave est qu’ils étaient accompagnés par les Nations Unies et c'est la grande erreur commise par les Nations Unies », a dit Albert Kahasha dans son discours.
Des dizaines de villages avaient été incendiés et pillés. Plus de 500 personnes massacrées, des maisons démolies. 14 ans après, les Nations Unies ne sont pas mises à l'écart
« Alors qu'ils savent où sont ceux qui nous ont tué, comment le groupe a commencé et tous leurs responsables, les Nations Unies doivent assumer la responsabilité de ce massacre parce que tous ceux qui sont entrés, nous avons leurs noms, comment ce groupe a commencé. Alors qu'ils pillaient au Congo, ils construisaient au Rwanda, quand ils s'enrichissaient, ils appelaient la MONUSCO et qui les extirpaient du Rwanda, mais malheureusement nous avions pu capturer quelques rebelles que nous avions remis à la MONUSCO mais ces rebelles sont revenus et les uns jusqu'à 4 fois comme c'est le cas de de Cibungu. A part cela, les responsables des FDLR sont bien protégés. Leur chef d'Etat-major qui assume l'intérim est en Allemagne; Ignace Murhwanashak, leur président était mort en France, leur secrétaire général et porte-parole est en Italie. Alors après avoir massacré tous ces milliers, ils sont protégés par les Nations Unies », s'indigne Albert Kahasha.
Et d'ajouter.
« La complicité des Nations Unies s'expliquent du fait que les blessés de Kaniola n'avaient aucun centre de santé pour leur prise en charge mais il y avait celui des FDLR. Mettre fin à ce groupe ce n'était pas la volonté de leurs financiers ni des Nations Unies parce que quand je suis tombé sur la liste de leurs armements, ils avaient un dépôt que nous n'avions pas, j'ai trouvé plus de 500 box d'armement de 600 cartouches alors que moi je n'avais que 17 ».
Pour Albert Kahasha, la situation qui sévit à Béni et dans d'autres coins est la même qu'à Kaniola et ses environs. Il appelle à la vigilance.
« Le problème de Béni, c'est le même problème, c'est la même complicité, le gouvernement dit qu'il n'a pas de nourriture, la MONUSCO dit également il faut qu'il change des chapitres. Si nous ne nous mettons pas ensemble avec nos amis de Kasika, Makobola, Béni, Lubero et Kipupu, ils risquent la même chose », a dit Albert Kahasha.
Au Sud-Kivu, le député Homer Bulakali avait porté plainte contre la MONUSCO pour certains massacres commis en RDC et la profanation des tombes par ces soldats. Son collègue Albert Kahasha dit Foka Mike s'inscrit dans la même logique en appelant à la poursuite contre les Nations-Unies et le gouvernement congolais.
« Les Nations Unies doivent être poursuivies et condamnées pour sa complicité car elle a failli à sa mission en laissant les terroristes massacrer nos paisibles populations civiles, l'autre hypocrisie/complicité des Nations Unies c'est l'omission des victimes des massacres du Bushi, de Kaniola et Nindja en particulier, d'autres enquêtes Mapping 2 doivent être organisées et le gouvernement congolais a failli à sa mission première de sécuriser la population et ses biens soit par incompétence soit par trahison », conclut Kahasha.
Justin Mwamba