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La rédaction vous propose cette tribune du Professeur Arthur Yenga, enseignant en journalisme dans plusieurs universités africaines et représentant de l'ASBL Trivision Impact
Je persiste à dire que la femme comme l’homme a un rôle à jouer en politique. Je pense même que dans le cas du Congo, l’implication des femmes en politique peut sauver notre pays, dans la crise qu’il connaît actuellement. A titre de comparaison, qui peut contester, raisonnablement, le rôle de la femme congolaise/africaine, au plan économique, dans la crise économique qui sévit depuis des années ?
Si l’incident du sénat avec l’écart d’Alexis Tambwe Mwamba qui a fusillé en direct une sénatrice peut faire croire que les femmes politiques en RDC sont plus exposées ou seraient de moralité douteuse, selon l’expression d’ATM sur Mme Goya, la question n’est pas exclusive pour uniquement la femme politique.
Avant toute chose, je vous conseille de suivre l’émission ou l’interview de la concernée que je viens de poster. Quad j’ai commencé à suivre l’émission, j’étais tout au plus curieux d’entendre la personne. A vrai dire, je trouvais son niveau très moyen et son expression, pas toujours heureuse, ni éloquente. Mais au fil des minutes, ses paroles me paraissaient si sincères, si honnêtes que j’ai suivi l’intégralité de l’émission (50 minutes).
A la fin, j’ai découvert une femme posée, polie. A aucun moment, elle n’a eu un mot déplacé, ni colérique. Elle a répondu avec beaucoup de tact à toutes les questions, y compris gênantes. Elle a même pleuré sur sa dignité, d’épouse et de mère, quand son fils qui suivait en direct la séance au sénat, l’a appelé. C’est poignant.
Non cette femme a emporté mon adhésion et m’a touché sur le plan humain. Finalement, sa sagesse l’a emporté sur son intelligence. Quoique. Après plus de douze ans d’exercice de mandant au sénat, Mme Bijoux Goya a bien appris sur le tas et joue son rôle de sénatrice avec dignité.
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Je disais plus haut de ne pas restreindre le débat sur l’implication de la femme uniquement en politique. Le vrai problème est celui d’accepter, oui ou non, que la femme joue un rôle professionnel, qu’elle exerce un métier professionnel, hors du ménage. Qui n’est pas au courant du harcèlement subi par les femmes pour obtenir un recrutement quelconque, avec le fameux droit de cuissage imposé par les recruteurs ? A prendre ou à laisser ?
Une femme commerçante, une femme d’affaires, une femme fonctionnaire, infirmière, médecin, ou employée est exposée aux mêmes dangers que la femme politique. Elle est en contact avec des hommes et subit l’influence de ses supérieurs, de la même manière.
En nous regardant dans les yeux, c’est qui le responsable de cette situation ? La femme ou l’homme ? Pourquoi ne pas fustiger, ne pas s’attaquer aux hommes pervers qui abusent de leur autorité pour violer les femmes qui sont ainsi exposées et souvent, sans défense ? C’est l’homme qui est pervers d’abord. S’il y a une corrompue, femme, il y a un homme corrupteur, à la base, au départ. Dans le cas qui nous concerne, c’est Alexis Tambwe Mwamba qui a tiré à boulets rouges sur une sénatrice qui exerçait son droit de savoir.
Pour conclure, je suggère d’élargir le débat. Pour moi, la question pourrait être plutôt celle de savoir si la femme congolaise est préparée ou accompagnée à assumer correctement ses multiples rôles dans la société, en plus de ceux traditionnels d’épouse et de mère au foyer.
Ayant vécu une bonne partie de temps à l’étranger, je remarque que l’intégration des femmes noires dans la culture occidentale a désintégré de nombreuses familles africaines vivant en Occident. Pour comprendre cette dérive ou cette crise, je pense simplement que nos femmes n’ont pas été préparées à assumer le nouveau pouvoir dont elles jouissent en Occident. Les femmes en Europe détiennent le capital. Elles ont le pouvoir économique.
Disposant de plus de marges de liberté et de pouvoir économique (car c’est souvent les femmes qui travaillent et sont occupées avec des métiers de première ligne, accessibles en Europe tels que des infirmières, des techniciennes de surface, des vendeuses…), plusieurs ont poussé leurs maris dehors. Elles ont chassé leurs maris, les malmènent devant les enfants et divorcent.
Cela s’accompagne avec la déstructuration des familles qui sont de plus en plus monoparentales. Avec comme conséquence directe que les enfants élevés sans l’autorité du père deviennent insaisissables, délinquants, prisonniers ou malades mentaux.
C’est le prix le plus fort que les familles africaines, noires, payent en ce moment par manque de préparation au changement de la société. Il faut éduquer nos filles et nos femmes. Car éduquer une fille, c’est éduquer une nation.
Arthur Yenga