L'ONG internationale Greenpeance Afrique a alerté, ce vendredi 28 juin, sur les menaces que représente l'activité industrielle dans les tourbières du bassin du Congo, dans la province de l'Équateur, où en partenariat avec les scientifiques des Universités de Leeds (Royaume-Uni) et de Kisangani (UNIKIS/RDC), elle a réalisé une expédition la semaine dernière.
«Les plus grandes tourbières tropicales du monde ont besoin de protection contre toute activité industrielle», déclare dans un communiqué, Irène Wabiwa, responsable senior de la campagne forêt de Greenpeace Afrique.
« L’activité industrielle dans les tourbières peut faire exploser une bombe carbone de 30,6 millions de tonnes, supérieur aux émissions annuelles de 6 milliards de voitures», ajoute-t-elle.
Dans sa communication, l'ONG appelle les gouvernements de la République du Congo et de la République Démocratique du Congo (RDC) à interdire toute activité industrielle dans les plus grandes tourbières tropicales du monde qu’abritent les forêts du bassin du Congo. Greenpeace Afrique appelle, en outre, tous les donateurs internationaux à défendre ces domaines stratégiques.
"Les tourbières sont endommagées lorsque les terres environnantes le sont : « Toute activité industrielle à grande échelle dans la région affectera la nappe aquifère qui maintient la vie de ces écosystèmes", explique le professeur Corneille Ewango de l’Université de Kisangani (Unikis).
"Nous savons encore très peu de choses sur le fonctionnement des tourbières dans le bassin du Congo. Il est essentiel que la communauté scientifique puisse étudier de quelle manière cet énorme stock de carbone peut continuer à jouer son rôle dans l'atténuation du changement climatique", indique, dans le même texte, le Dr Greta Dargie de l’Université de Leeds.
Greenpeace Afrique bat compagne, depuis 2018, contre l'attribution des concessions forestières et l'exploration pétrolière allouées par la RDC et son voisin, le Congo. Ces activités menacent les écosystèmes.
« La protection des tourbières ne doit pas seulement une grande priorité climatique. C'est aussi une question de droits de l'homme », ajoute Guy Kajemba, représentant de la société civile qui a rejoint l’expédition.
«Les communautés locales, dont les moyens de subsistance dépendent des tourbières, et aussi bien la biodiversité unique de ces écosystèmes, doivent être au cœur de toute initiative axée sur leur gestion», indique Kajemba.
Depuis 2017, Greenpeace pilote un projet pour mettre en lumière sur l'importance des tourbières pour le climat et pour les communautés locales qui en dépendent. Le projet étudie les tourbières que renferment les forêts du bassin du Congo et situées dans une zone contiguë qui s'étend entre la République du Congo et la RDC.
Ces zones congolaises renferment environ le tiers de stocks de carbone de toutes les tourbières tropicales dans le monde.
Auguy Mudiayi