Jason Stearns : « La suspension de la coopération avec la Belgique est un signe de la détérioration des rapports entre la RDC et les bailleurs »

La RDC a suspendu sa coopération militaire avec la Belgique suite aux récurrents reproches de l’ancienne puissance coloniale sur l’application de l’Accord politique du 31 décembre. Les deux pays qui connaissent des rapports souvent difficiles avaient réchauffé leur partenariat dans le cadre de la réforme des Forces Armées de la RD Congo (FARDC) en mars 2009 par le biais d’une déclaration d'intention signée entre M. Pieter DE CREM et M. Charles MWANDO NSIMBA, respectivement Ministre de la Défense du Royaume de Belgique et Ministre de la Défense Nationale et des Anciens Combattants RDC de l’époque. Cette déclaration d'intention s'était traduite en juin 2009 par la signature d'un nouvel arrangement technique entre les deux pays. Ce nouvel accord remplaçait l'arrangement technique entre la RDC et la Belgique d'avril 2008.

Cependant ce partenariat entre les deux pays battait déjà de l’aile. C’est ce que révèle Jason Stearns, ancien expert de l'ONU qui dirige actuellement le Groupe d'étude sur le Congo, dans un entretien avec ACTUALITE.CD
<blockquote class="blockquote-style-1 position-center text-left width-100" data-style="style-1" data-position="center" data-align="left" data-width="100"><em>« La coopération militaire entre la Belgique et le Congo était essentiellement orientée vers la formation des officiers et des bataillons des FARDC. Certaines de ces bataillons ont joué un rôle clé dans les opérations dans l'Est, surtout contre les rebelles du M23 en 2012-2013. Cependant, depuis longtemps, on a remarqué des vrais problèmes dans cette relation. Ces bataillons ont souvent souffert de l’absence de paie et ont été reconstitué par la hiérarchie FARDC. En effet, il s'est avéré difficile de reformer les FARDC bataillon par bataillon. Il faut penser à une réforme de l'appareil entier, »</em> dit Jason Stearns.</blockquote>
Ces réformes étaient réclamées non seulement par des experts, mais aussi par la communauté internationale en vue de permettre la stabilisation de la sous-région.
<blockquote class="blockquote-style-1 position-center text-left width-100" data-style="style-1" data-position="center" data-align="left" data-width="100"><em>« Ces reformes des services de sécurité n'avancent pas depuis des années. L'armée s'est limitée à créer des nouvelles zones de défense et des secteurs opérationnels, mais n'a pas mis en œuvre des réformes nécessaires au niveau de l'administration et de la justice. Tout cela c'est pour dire que la coopération sécuritaire belgo-congolaise était assez limitée dans son impact. »</em></blockquote>
Jason stearns pense que la suspension de la coopération militaire entre la Belgique et la RDC révèle l’état de la dégradation de la relation entre la RDC et les partenaires étranger.
<blockquote class="blockquote-style-1 position-center text-left width-100" data-style="style-1" data-position="center" data-align="left" data-width="100"><em>« Je pense que cette mesure est donc plutôt symbolique. C'est un signe très important de l'enlisement de la relation entre les bailleurs de fonds et le Congo suite à l'impasse politique dans le pays »</em></blockquote>
Dirigé par Jason Stearns, le Groupe d’Etude sur le Congo (GEC) est basé au Center on International Cooperation à New York University. Il mène des recherches et publie des rapports sur la crise politique, sécuritaire et humanitaire en RDC.