Le gouvernement congolais considère l’occupation d’Uvira dans la province du Sud-Kivu par la rébellion de l’AFC/M23 comme une nouvelle manifestation de la persistance de " l’agression rwandaise " et estime qu’elle met en péril l’Accord de paix parrainé par le président américain Donald J. Trump. Dans un communiqué rendu public mercredi 10 décembre, le gouvernement alerte sur la détérioration de la situation humanitaire à Uvira, conséquence de l’offensive généralisée lancée depuis plusieurs jours par les Forces de défense du Rwanda (RDF) sur l’axe Kamanyola–Uvira.
" Dans cette aventure criminelle, des armes tactiques, notamment des drones kamikazes ont été utilisés, causant des pertes en vies humaines parmi les civils et des dégâts matériels considérables. Ces attaques constituent une violation flagrante du cessez-le-feu, des engagements pris dans le cadre des récents accords de paix, ainsi que des principes fondamentaux du droit international humanitaire. Le gouvernement déplore la dégradation rapide de la situation humanitaire : plus d’une centaine de cas de décès, plus de 200.000 nouveaux cas de déplacés et des milliers d’autres compatriotes contraints à la fuite, des infrastructures civiles endommagées, des blessés sans accès aux soins et des populations prises au piège des attaques ", renseigne le gouvernement de la RDC.
Le gouvernement congolais exprime sa solidarité et sa compassion aux populations victimes, notamment celles d’Uvira. Dans ce document, le gouvernement note que la gravité de la situation est accrue par le risque désormais avéré d’embrasement régional, rappelant qu'a partir du 4 décembre 2025, des tirs d’artillerie en provenance des positions RDF–M23 ont franchi la frontière du territoire burundais, illustrant le potentiel déstabilisateur de cette agression pour l’ensemble de la région des Grands Lacs.
" Le gouvernement prend note de la déclaration claire du Groupe de contact international (GCI) qui a identifié sans ambiguïté la responsabilité du Rwanda et de ses supplétifs du M23 dans l’escalade en cours. Face au mépris flagrant affiché par le Rwanda, il est important que des mesures contraignantes, notamment des sanctions, soient prises pour s’assurer de l’application de l’Accord de Washington conclu sous les auspices du Président américain, Son Excellence Donald J. Trump ", ajoute le gouvernement de la RDC.
La détérioration de la situation sécuritaire dans l’Est de la République démocratique du Congo a coïncidé avec l’entérinement des accords de Washington signés entre Kinshasa et Kigali sous les auspices des États-Unis d’Amérique. Alors que ces accords étaient censés valider et encourager le cessez-le-feu souhaité par les médiateurs et plusieurs partenaires de la RDC et du Rwanda, la situation s’est au contraire dégradée, marquée par des accusations mutuelles entre les deux États quant à la responsabilité de la détérioration de la situation sécuritaire actuelle.
Après l’occupation de la ville de Bukavu en février 2025, le gouvernement de Kinshasa avait désigné la ville d’Uvira comme siège provisoire des institutions dans les zones encore sous contrôle gouvernemental dans la province du Sud-Kivu. L’AFC/M23, soutenu par le Rwanda et son armée, ayant désormais pris le contrôle d’Uvira, inflige, selon le chef de la diplomatie burundaise, une "gifle " à Washington, seulement quelques jours après la signature des accords censés ramener la paix dans la région des Grands Lacs.
Face à l’évolution de la situation sur le terrain, la médiation qatarie envisage d’ouvrir un nouveau round de discussions entre Kinshasa et l’AFC/M23. L’annonce en a été faite par les autorités du mouvement rebelle.
Clément MUAMBA