Le gouvernement apporte un soutien financier et logistique aux wazalendo avec une enveloppe mensuelle de 300.000 USD et continue de s'appuyer sur les FDLR en dépit de son engagement de les neutraliser (Experts ONU)

Photo d'illustration
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Le Groupe d’experts des Nations unies sur la République démocratique du Congo a, dans son nouveau rapport, épinglé l’implication des forces supplétives du gouvernement dans la traque contre la rébellion de l’AFC/M23 soutenue par le Rwanda. Dans ce document consulté lundi 8 décembre 2025, les experts citent les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP/Wazalendo) ainsi que les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), malgré l’engagement pris par Kinshasa de neutraliser ces combattants rwandais dans le cadre des Accords de Washington signés avec le Rwanda sous les auspices des États-Unis.

"Le gouvernement de la RDC a continué de s'appuyer sur le VDP/Wazalendo comme force supplétive pour repousser les avancées de l'AFC/M23 et des RDF et reprendre le contrôle de zones stratégiques clés. Il a également continué de coopérer avec les FDLR, malgré ses engagements à « neutraliser »", renseigne le rapport.

Selon le rapport, au Nord-Kivu, le VDP/Wazalendo et les FDLR sont restés actifs sur plusieurs fronts majeurs dans les territoires de Masisi, Rutshuru, Nyiragongo et Walikale, ainsi qu'aux abords de Goma. Ils ont continué d'occuper la première ligne de défense, en appui aux FARDC

"Depuis juin 2025, les unités VDP/Wazalendo, opérant souvent conjointement avec les FDLR, ils ont mené des incursions et des embuscades contre l'AFC/M23-RDF, soit pour reprendre des positions stratégiques, soit pour perturber la progression et les lignes de ravitaillement de l'AFC/M23-RDF", ajoute le document.

Selon le groupe d'experts des Nations-Unies, la structure de commandement du Wazalendo/VDP est restée globalement inchangée malgré le ralliement de certains éléments à l'AFC/M23 notamment Mapenzi du NDC-R/M. Depuis mars, l'AFC/M23-RDF a souvent contraint le VDP/Wazalendo à battre en retraite ou à se déplacer.

"Guidon Shimiray Mwissa , chef du NDC-R et commandant du VDP, a déplacé son quartier général de Pinga à Kibati, territoire de Walikale pour contenir l'avancée du RDF et de l'AFC/M23 le long de la frontière, axe Walikale-Kibua-Kashebere-Masisi. Le leader de l'APCLS Janvier Karairi Boingo et les troupes étaient basées à Lukweti, territoire de Masisi, tandis que le CMC-FDP dirigé par Dominique Ndaruhutse se trouvaient dans le parc national des Virunga et participaient à des combats dans des zones telles que Katsiru, Rwindi, Bukombo, Bambo, Tongo, Kalengera, en territoire de Rutshuru", soutiennent les experts de l’ONU.

Dans leur rapport, ils rappellent qu'en date du 30 septembre 2025, une réunion s'est tenue à Kinshasa entre les dirigeants du VDP/Wazalendo et les autorités gouvernementales afin de redéfinir les stratégies de contre-offensive et la coopération. Des sources proches des discussions ont indiqué que le gouvernement de la RDC a accepté de continuer à fournir un soutien financier et logistique au VDP/Wazalendo.

"Le gouvernement a continué de verser 300 000 USD par mois au VDP/Wazalendo par l’intermédiaire du bureau du gouverneur du Nord-Kivu. Le colonel Sekololo des FARDC, basé à Walikale, assurait toujours la liaison entre les FARDC et le VDP. Des rotations régulières d’hélicoptères des FARDC vers différentes lignes de front tenues par le VDP/Wazalendo à Walikale permettaient d’acheminer des uniformes, des armes et des munitions, ainsi que des vivres", mentionne le rapport. 

D'après toujours le rapport, les FARDC ont également fourni un appui aérien aux unités VDP/Wazalendo. Des éléments des FARDC ont opéré conjointement avec les VDP/Wazalendo lors de certaines opérations terrestres, témoignant d’un flou dans les structures de commandement et d’une interdépendance opérationnelle croissante.

Considérées comme une menace pour la sécurité rwandaise, les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) font partie des groupes armés que la République démocratique du Congo s’est engagée à neutraliser dans le cadre des Accords de Washington signés avec le Rwanda sous les auspices de l’administration Trump. Kigali qualifie les FDLR de forces génocidaires et les accuse d’être alliées aux Forces armées de la RDC. En contrepartie, le Rwanda est censé lever ses « mesures défensives », c’est-à-dire procéder au retrait de ses troupes présentes sur le territoire congolais en appui à la rébellion de l'AFC/M23

Récemment, les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ont lancé un appel à la reddition de toutes les factions des FDLR, sous peine d’une offensive militaire. Selon le communiqué signé par le général-major Sylvain Ekenge, porte-parole des FARDC, cette démarche de l'armée loyaliste s’inscrit dans la mise en œuvre des Accords de Washington, conclus entre Kinshasa et Kigali sous la médiation des États-Unis.

Cette posture a marqué un durcissement de la politique sécuritaire congolaise, en conformité avec l’ordre opérationnel adopté le 1ᵉʳ octobre par le Comité conjoint de supervision de l’accord bilatéral. Pour assurer le succès de l’opération, les FARDC ont également adressé un avertissement aux populations locales, les appelant à se désolidariser des FDLR et à contribuer à leur sensibilisation pour une reddition sans condition. Aux militaires congolais, le communiqué rappelle l’interdiction formelle de toute collaboration directe ou indirecte avec les FDLR, sous peine de sanctions.

Clément MUAMBA