Attaque des ADF près de Manguredjipa : 72 morts dont 26 personnes tuées à une veillée mortuaire, une centaine de disparus (Mise à jour)

Un village du secteur de Bapere
Un village du secteur de Bapere

C’est l’attaque la plus meurtrière enregistrée dans le secteur des Bapere (territoire de Lubero) où les combattants ADF opèrent depuis plus d’une année. Au moins 72 personnes ont perdu la vie dans une nouvelle campagne meurtrière de ces islamistes la nuit du lundi à ce mardi 9 septembre à Ntoyo, village de la localité de Mahoho situé à près de 7 km à l'Est de Manguredjipa, dans le secteur des Bapere (territoire de Lubero) au Nord-Kivu.

Un agent de sécurité a indiqué à ACTUALITE.CD avoir compté cette journée, 72 corps sur les lieux de l’attaque. Parmi les victimes, 26 ont été tuées dans une parcelle où se tenait une veillée mortuaire. Les infortunés ont été achevés par balles, confie notre source.

Une centaine de personnes ont été enlevées par les assaillants. Au moins 16 maisons, 8 motos et deux véhicules ont été incendiés. Ces dernières informations des sources sécuritaires à Manguredjipa sont corroborées par la société civile dans la région.

Dans la matinée, le curé de la paroisse de Manguredjipa qui s'était rendu au lieu du drame s’est dit horrifié par l’ampleur de l’attaque.

« C'est horrible ce que j'ai vu. Ils ont tué presque toutes les personnes qui étaient rassemblés au lieu du deuil. Des femmes sur des matelas au salon du défunt, d'autres dans le couloir, d'autres encore à l'extérieur dans la parcelle. En tout cas, nombreux ont été tués par balle. Des cadavres sont sur la route, dans des parcelles voisines du centre de Ntoyo. Je n'ai pas réussi à faire le décompte, mais c'est plus de 70 personnes au moins, ce que je peux dire. Essentiellement tués par balles », avait indiqué l’abbé Paluku Nzalamingi.

ADF niché dans des lieux connus, mais pas attaqués

Selon les habitants, ces ADF seraient venus du côté de Musiola, village situé à près d'une dizaine de Km du côté droit, entre Manguredjipa et Nziapanda.

Certains riziculteurs affirment que depuis un temps ils ne fréquentent plus leurs champs dans ce rayon, à cause des mouvements suspects qu'ils ne cessent de porter à la connaissance des services de sécurité.

Mwami Eugène Viringa a indiqué à ACTUALITE.CD qu'il y a quelques semaines, les autorités coutumières ont demandé aux responsables sécuritaires de mener la fouille dans les brousses situées dans les périphéries de Ntoyo, notamment à Manzamba où des paysans rapportaient des mouvements des hommes armés assimilés aux ADF « mais personne n'a agi », se plaint-il.

 « Voilà le drame. Plus de 70 morts alors que c'est un petit coin parsemé des champs que nous pouvons quadriller et dénicher les rebelles y retranchés. Les paysans disaient qu'ils les voyaient, transportant des colis », regrette-t-il.

Le village attaqué accueille une position de l'armée congolaise. Et des unités UPDF sont également déployées dans la zone. Mais comme des civils, tous ont constaté des dégâts alors que les assaillants se retiraient déjà.

Il y a une semaine, un agent de sécurité basé à Manguredjipa a informé ACTUALITE.CD que les habitants ont découvert des biens de première nécessité, notamment des sachets de sel et des boîtes de conserve cachés dans un champ en périphérie de Ntoyo, évoquant des indices de ravitaillement des ADF.

« Ils auraient déjà des unités qui les ravitaillent à partir des grandes agglomérations d'ici (Bapere) et qui auraient déposé ces objets dans un champ en attendant leur récupération par les rebelles. C'est leur mode de ravitaillement », indiquait-il, affirmant que les services de sécurité les avaient récupérés et que les enquêtes étaient en cours.

Et quelques semaines après, Ntoyo est ciblé par une attaque des ADF. Des rebelles qui sont en errance dans la zone depuis une année. Selon l'armée ougandaise, Bapere accueille aujourd'hui le deuxième plus grand groupe des ADF dirigé par le commandant Abwakasi qui a érigé son camp près de la rivière Lindi, à la limite entre Bapere (Nord-Kivu) et la Tshopo. Et il opère dans le secteur à travers de sous-groupes constitué des dizaines de combattants qui se servent le plus souvent des civils comme bouclier humain.

Patrick Maki