Feuille de route pour le dialogue national et inclusif: le Conseil Interreligieux Congolais de Dodo Kamba note l'absence de l'inclusivité et redoute un agenda caché derrière cette initiative

Dodo Kamba
Dodo Kamba

Le duo CENCO-ECC, la Plateforme des confessions religieuses au Congo et la Coalition interconfessionnelle pour la Nation (CIN) ont présenté leur feuille de route pour une sortie des conflits qui ensanglantent l'Est de la République Démocratique du Congo depuis plus de trois décennies. L’objectif poursuivi est de "restaurer la paix, la cohésion nationale, le vivre-ensemble ainsi que consolider le droit démocratique".

Alors que la démarche est saluée par plusieurs acteurs socio-politiques congolais, le Conseil Interreligieux Congolais (CIC) dirigé par son président Dodo Israël Kamba estime que la feuille de route dévoilée ne répond pas au critère de l'inclusivité tel que recommandé par le Président Félix Tshisekedi. Dodo kamba dit craindre que cette feuille de route ait un agenda caché. 

"Je suis désolé de me rendre compte que le fond dans tout cela fait peur et je crains qu'il puisse y avoir un agenda caché parce qu'il y a des choses qui ne sont pas élucidées, il y a des choses qui ne sont pas très claires là-dessus. La recommandation du Chef de l'État demandait à ce qu'il y ait l'inclusivité, pas à titre participatif forcément, c'est le fond, le traitement et la prise en compte des avis et la convergence des idées et là je pense que nos idées ne trouvent pas leur compte, la vérité est qu'il y a des points qui demandent une attention particulière, si le gouvernement, si le chef de l'État laissait les choses allaient de la manière dont elles sont présentées par ce format que j'ai vu, c'est un piège et je l'ai dit à haute voix que cela puisse avoir un agenda caché que personne ne peut comprendre", a réagi ce mardi 26 août Dodo Kamba. 

De quel piège est-il question?  L'Archevêque Dodo Israël Kamba explique :

"Je vous donne un exemple simple : lorsqu'on parle du programme du dialogue, pré dialogue, est qu'on fait état d'une opposition armée ainsi de suite il n'y a aucune disposition dans notre Constitution qui prend en charge l'opposition armée ça n'existe pas, ça veut dire que nous créons un précédent fâcheux et là c'est très dangereux. Autre chose, on ne peut jamais aller de cette manière sans qu'il y ait au préalable une commission qui traite sur les vérités ou la vérité et la réconciliation, il faudrait que la vérité soit établie en ce moment nous faisons allusion à la justice, la justice qui doit prendre sa place, il y a des lois qui existent, il n'y a pas une crise de légitimité. Je pense que chacun est appelé à répondre de ces actes et si la justice n'est pas évoquée dans une démarche qui vient des religieux, c'est-à-dire il y a de ces choses à craindre dedans et là nous pensons au préalable qu'il faudrait d'abord des éléments qui établissent des responsabilités", a fait remarquer Dodo Israël Kamba.

Au-delà d'établissement des responsabilités, Dodo Israël Kamba encourage une fois de plus des discussions entre les confessions religieuses en vue d'adopter une feuille de route qui sera inclusive.

La feuille de route dévoilée prévoit quatre grandes étapes majeures à savoir : le mois de la paix avec comme objectif renforcer un climat de confiance mutuelle et de décrispation politique avec un culte œcuménique organisé à travers tout le pays notamment dans les zones sous AFC/M23 ; Dialogue des experts pour poser les bases techniques du pacte social pour la paix ; Dialogue politique qui réunira l’opposition politique, l’opposition armée, la majorité et société civile…les conclusions à remettre au Président de la République et enfin la Conférence internationale sur la paix et bien vivre sur la région des grands lacs.

Cette nouvelle feuille de route s’inscrit dans le prolongement de l'initiative du Pacte Social pour la paix et le bien-vivre ensemble, porté par le duo CENCO-ECC. L'initiative a été enrichie avec les contributions de la plateforme des confessions religieuses au Congo et la Coalition interconfessionnelle pour la Nation conformément à la recommandation de Félix Tshisekedi.

Clément MUAMBA