Le bilan des affrontements entre les Forces armées de la RDC (FARDC) et les rebelles de la Convention pour la Révolution Populaire (CRP) s’est alourdi. On dénombre désormais au moins 13 civils tués, plusieurs blessés, ainsi que de nombreuses maisons pillées. Ces violences se sont déroulées du mercredi 16 au vendredi 18 juillet 2025, dans trois centres commerciaux de la chefferie des Bahema Baguru, territoire de Djugu — notamment à Iga-Barrière, Jina et Lopa, situés à une trentaine de kilomètres au nord de la ville de Bunia.
Selon Gédéon Dino, président de la société civile locale, certaines victimes ont été tuées dans leurs maisons ou dans leurs boutiques. Il demande l’ouverture d’une enquête indépendante.
« L’atrocité a duré trois jours dans la chefferie des Bahema Baguru, précisément à Lopa, Lindji et Iga-Barrière. Du 16 au 18 juillet 2025, la situation sécuritaire était catastrophique. Tous ceux qui sortaient étaient abattus, chez eux ou dans leurs lieux de travail. Plusieurs boutiques ont été pillées dans les centres de négoce de Lopa, Lindji et Landa Lingo. Le bilan s’élève à 13 personnes tuées : à Lopa, deux femmes, un enfant de 6 ans, un commerçant de 63 ans et quatre jeunes de moins de 20 ans ; à Lindji, trois personnes, dont deux commerçants et une femme ; et à Iga-Barrière, deux femmes âgées. Les opérations se sont déroulées de jour comme de nuit », confie-t-il.
Il conclut :
« La coordination de la société civile déplore profondément ces actes et exprime sa tristesse face à la souffrance de la population. »
Jusqu’à présent, l’armée en Ituri n’a pas encore communiqué officiellement sur cette tension sécuritaire, malgré les multiples sollicitations des médias.
De son côté, Samy Djakwonga, président de l’Assemblée provinciale de l’Ituri, a fermement condamné ces attaques attribuées au mouvement CRP, dirigé par Thomas Lubanga.
« Face à la dégradation sécuritaire dans le territoire de Djugu, consécutive aux attaques répétées des groupes armés, notamment du CRP, nous constatons avec amertume que ces actions torpillent tous les efforts de pacification entrepris jusqu’ici. On ne résout pas un problème en créant un autre. Nous condamnons fermement ces violences contre la population et les forces de l’ordre. Nous appelons toutes les parties au respect du droit international humanitaire », dit-il.
Et d’ajouter :
« Nous présentons nos condoléances aux familles des victimes et demandons à la CRP de déposer les armes et d’opter pour une voie pacifique afin de faire entendre leurs revendications. L’instabilité actuelle ne profite à personne. Elle aggrave la souffrance d’une population déjà éprouvée. Les Ituriens sont épuisés, mais déterminés à pacifier leur province. »
Dans le même contexte, Josiah Obat, chef du bureau de la MONUSCO en Ituri, a déclaré que la mission reste engagée aux côtés des autorités congolaises pour accompagner les efforts de stabilisation et de développement.
« Nous sommes ici pour protéger les civils. Nous travaillons en étroite collaboration avec les FARDC. Dans ce cas précis, il y avait des problèmes le long de Lopa, Nizi et Iga-Barrière, ainsi que sur la RN27 — une route vitale pour l’approvisionnement de Bunia. La MONUSCO a appuyé les FARDC pour sécuriser la zone. Nous procédons à des déploiements de troupes dès que nécessaire, là où des alertes sont signalées, pour prévenir les violences et assurer la sécurité des populations », a-t-il assuré.
Il a confirmé le déploiement de casques bleus dans la zone de Lopa depuis le vendredi 18 juillet, aux côtés des FARDC, pour assurer la protection des civils et de leurs biens.
Un calme relatif règne depuis le jeudi 17 juillet dans plusieurs zones de Djugu. Toutefois, la circulation reste timide sur la RN27, en raison des tensions encore perceptibles.
Ce samedi 19 juillet, de nouvelles tensions ont été signalées à l’entrée nord de Bunia, précisément à la centrale de Soleniama, où des détonations d’armes lourdes ont été entendues.
Des mouvements de populations sont observés en provenance des villages de Soleniama, Mudzi-Bala et des environs. Les habitants fuient vers Mudzi-Pela centre, le quartier Kasegwa, ou même vers le centre-ville de Bunia, par crainte de nouvelles violences.
Freddy Upar, depuis Bunia