RDC : l’artiste Smith Slamoff représentera le Kongo-Central au concours national de slam de la Wallonie-Bruxelles

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Smith Slamoff, artiste slameur de Lukala/Kongo-Central

Le jeune artiste slameur congolais de la localité de Lukala, Smith Slamoff, représentera la province du Kongo-Central au concours national de slam qu’organise la Wallonie-Bruxelles RDC. A l’issue d’une sélection par villes sélectionnées où des candidats artistes ont postulé pour participer à ce concours culturel, Smith s’est retrouvé vainqueur à Lukala avant de finir également en première position lors de la finale provinciale à Matadi.

“C’était un mélange de choc, de joie et de gratitude. Quand j’ai entendu mon nom, j’ai d’abord cru que c’était une erreur. Et puis, tout s’est déclenché dans ma tête : les nuits d’écriture, les doutes, les répétitions à voix basse, seul, dans ma chambre à Lukala. Gagner pour moi, mais surtout pour ma ville… c’était comme une promesse tenue. J’ai ressenti que ma voix comptait, que ce que je porte en moi peut toucher les autres. C’était puissant”, confie Smith à ACTUALITE.CD

Dans la soirée du samedi 5 juillet, le slameur a été confronté à 5 autres slameurs venus de Mbanza-Ngungu (2), Moanda (2) et Matadi (1). Après des prestations publiques au terrain Biwewe, les membres du jury ont apprécié un certain nombre de critères dont la qualité du texte, l’originalité, la performance scénique, la diction et la maîtrise de la langue, l’impact émotionnel et l’engagement. 

“À Matadi, j’étais un jeune de Lukala qui venait slamer. Aujourd’hui, je deviens la voix d’une province entière. C’est énorme. Je réalise que je ne porte pas seulement mes mots, mais aussi les espoirs de tous ceux qui croient encore que l’art peut nous faire exister, qu’on vienne d’un grand centre ou d’un petit coin comme le mien. Cette responsabilité, je l’accepte avec honneur et humilité”, souligne Smith Slamoff.

Cécile Djunga, directrice du centre Wallonie-Bruxelles et Smith Slamoff

Lukala brille dans la littérature

Honneur et fierté pour Lukala, cette localité qui peut s’inspirer d’un de ses jeunes, estime Joyeux Ngoma, écrivain et coordinateur du Cercle du Savoir, structure relais qui l’accompagne en tant que point focal dans la contrée dans cette aventure culturelle.

“J’ai ressenti une immense fierté de voir un jeune de Lukala briller à l’échelle provinciale, et reconnaissance envers tous ceux qui croient encore au pouvoir transformateur de la parole, de l’art et de l’accompagnement. Ce jour-là, à Matadi, ce n’est pas seulement Smith qui a gagné, c’est toute une génération qu’il a représentée. Il a porté haut les couleurs de Lukala, avec dignité, audace et talent”, affirme Joyeux Ngoma.

Avec Smith Slamoff, une autre voix émerge de Lukala émerge dans la littérature en plus de celle de Joyeux Ngoma qui a été quelques jours plutot, toujours à Matadi, sacré meilleur écrivain du Kongo-Central aux Kongo Awards.

“Ce n’est pas un hasard, mais le fruit d’un travail silencieux, persévérant, que nous menons depuis plusieurs années avec le Cercle Du Savoir. Ce que nous vivons aujourd’hui, c’est une moisson après tant de semences. Le fait que Lukala soit citée aujourd’hui pour la littérature, le slam, l’écriture, est une victoire collective. Ce n’est pas seulement ma reconnaissance ou celle de Smith, c’est la preuve que des voix se lèvent, des talents émergent, et l’espoir prend forme”, ajoute Joyeux Ngoma.

C’est avec plus de rigueur que Smith compte aborder la dernière étape, celle de la finale à Kinshasa. Il est prévu des jours d’encadrement avec d’autres artistes et des ateliers pour améliorer cet art dans la capitale avant la finale. Il compte aller donner le meilleur de lui, “pas seul mais avec tout le Kongo-Central avec lui”.

“Je vais y aller avec un texte nouveau, un texte qui porte à la fois ma voix et celle de ceux qui n’ont pas encore pu dire leur vérité. Ce sera un slam de conviction, d’émotion, de rage douce et de lumière. Je veux parler de mon Congo, de nos réalités, de nos rêves, de nos blessures aussi. Je veux que mon passage laisse une trace, même petite, mais sincère. À Kinshasa, je veux slamer pour exister, pour résister, et pour faire vibrer les cœurs”, a dit Slamoff.

Le Cercle du Savoir en particulier prévoit également des séances d’encadrement pour cet artiste afin de lui donner plus de cartouches à son arme de la parole pour être la meilleure version de lui à Kinshasa.

“Nous allons continuer à l’encadrer avec sérieux et bienveillance. Le Cercle Du Savoir a été créé pour cela : accompagner, former, révéler. Smith ne sera pas seul. Il bénéficiera d’un accompagnement artistique et d’un encadrement technique. On va s’investir dans la préparation de ses textes, dans la mise en scène, dans la stratégie globale pour Kinshasa. Nous allons également mobiliser nos partenaires et notre communauté pour qu’il parte avec la force de toute une province. Notre mission, c’est de faire en sorte qu’il ne se contente pas de participer, mais qu’il marque les esprits à Kinshasa”, indique Joyeux Ngoma.

A Lukala, Smith Slamoff a été premier des 4 slameurs en lice pour représenter Lukala et Kimpese à la compétition provinciale de la discipline. Il a fait un texte pour raconter la RDC dans ce qu’il y a de bon parce que dit-il être congolais, c’est déjà une bénédiction. A Matadi, il s’est plus raconté dans ce qu’il a manqué et les difficultés rencontrées jusqu’à arriver où il est, un texte avec des images et une profondeur qui a touché le public et le jury.

Quelque chose commence, estime l’artiste. Pas encore un décollage, mais un souffle, ajoute-t-il. Ce concours est pour lui une porte qui s’ouvre quitte à lui de rester fidèle à l’art, de continuer à écrire, à apprendre, à se dépasser. Il veut la saisir pour, non pas seulement faire des scènes mais aussi faire persister son engagement et son évolution intérieure.

Kuzamba Mbuangu, à Matadi