Guerre dans l’Est de la RDC: le CICR alerte sur l’effondrement du système de santé dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu partiellement sous contrôle de l’AFC/M23

Hôpital CBCA Ndosho soutenu par CICR à Goma
Hôpital CBCA Ndosho soutenu par CICR à Goma

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a tiré la sonnette d’alarme ce mardi sur la situation dans l’est du pays, exhortant toutes les parties prenantes au conflit armé à garantir la protection des blessés, des malades et à faciliter l’accès aux soins de santé, conformément au droit international humanitaire.

Cet appel a été fait lors d'un point de presse à Kinshasa, au cours duquel le CICR a présenté les résultats d'une étude menée dans les zones affectées par des conflits armés et l'insécurité, en particulier dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu où la rébellion de l’AFC/M23 occupe de vastes zones dont les villes de Goma et de Bukavu.

L'étude a examiné divers aspects du système de santé dans ces régions, mettant en évidence des statistiques inquiétantes qui signalent un risque d'effondrement des infrastructures sanitaires. Le CICR a relevé une flambée alarmante des besoins médicaux, une pénurie généralisée de médicaments, et une chute draconienne de l'accès aux soins, touchant particulièrement les femmes et les enfants.

Au cours du premier trimestre de 2025, les hôpitaux soutenus par le CICR dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu ont enregistré plus de 2 300 cas de blessés par armes, représentant une augmentation de 172 % par rapport à la même période en 2024. Les blessures sont devenues de plus en plus graves, souvent causées par des armes explosives, nécessitant des interventions chirurgicales majeures.

Selon les données recueillies, près de trois quarts des structures de santé évaluées souffrent de pénuries de médicaments, y compris des produits essentiels tels que le paracétamol. De plus, trois établissements sur cinq ont été victimes de pillages, aggravant les ruptures de stocks et perturbant les chaînes d'approvisionnement.

« Les centres de santé peinent à traiter des pathologies courantes comme les paludismes, les infections courantes, les diarrhées. Plus de 70% des structures de santé évaluées souffrent des ruptures des stocks, même les anti-douleurs comme les paracétamols, l’ibuprofène viennent à manquer, les stocks se vident notamment du fait des pillages, on parle de 3\5 ont connue des pillages depuis le début des conflits… Ce que nous constatons aujourd'hui, ce sont des cliniques qui ferment, des patients laissés sans traitement, des enfants non vaccinés », a déclaré Jean Nicolas Paquet-Rouleau, chef adjoint de la délégation.

Il a également souligné une chute de 50 % des consultations pédiatriques par rapport à l'année précédente, ainsi qu'une multiplication par quatre du nombre de mort-nés.

Le CICR met également en garde contre le désengagement progressif de certaines ONG, soulignant que la fermeture d'une petite organisation peut entraîner celle de plusieurs centres de santé. « Le CICR ne travaille pas seul, toute baisse de financement humanitaire impacte l'ensemble du système », a averti le chef adjoint de la délégation du CICR.

La situation sécuritaire dans l'Est de la RDC s'est gravement détériorée depuis janvier 2025, avec une intensification des combats liés à la rébellion de l’AFC/M23, qui a pris le contrôle de plusieurs localités stratégiques telles que Goma et Bukavu. Les agences humanitaires rapportent que ces violences ont provoqué le déplacement de centaines de milliers de civils, aggravant ainsi la crise humanitaire dans la région.

Josué Mutanava, à Goma