Guerre dans l'Est de la RDC : une structure de la société civile appelle à la participation des jeunes dans les négociations de paix

Mukenge Totoro, coordonnateur de la Nouvelle Génération
Mukenge Totoro, coordonnateur de la Nouvelle Génération

La Nouvelle génération, une plateforme de la société civile composée de mouvements et d'associations de jeunes, est montée au créneau, ce samedi 14 juin 2025, pour manifester son indignation quant à la manière dont la résolution de la crise sécuritaire qui secoue la RDC dans sa partie Est est gérée.

Au cours d'un point de presse tenu ce jour à Kinshasa, cette structure des jeunes remet en cause la procédure adoptée par les acteurs politiques et les prélats catholiques pour résorber l'agression rwandaise dont est victime la RDC.

Elle estime que les discours qui se succèdent, les pourparlers de Nairobi, Luanda, Lomé, Doha et autres lobbyings menés aux États-Unis ne suffisent pas pour sortir le pays de la crise qu'il traverse, si l'on ne prend pas en compte la voix de la jeunesse, de surcroît majoritaire dans la population congolaise.

« Depuis plusieurs semaines, nous assistons à une série de déclarations, d’adresses à la Nation et de rencontres politiques animées par les figures de la classe politique traditionnelle. D’un côté, Joseph Kabila parle. De l’autre, Martin Fayulu répond. Pendant ce temps, le gouvernement dialogue à Nairobi, à Luanda, à Lomé, à Doha, à Washington… Et même les Églises catholique et protestante proposent un pacte : pourquoi la Nouvelle génération congolaise ne s'exprime-t-elle pas ? Effectivement, dans toutes ces initiatives, une question demeure : où est la voix de la jeunesse congolaise ? Où est la place de la nouvelle génération, pourtant majoritaire dans la population et première victime de tous ces choix politiques ? », s'est interrogé Mukenge Totoro, coordonnateur de cette plateforme.

À l'en croire, depuis la chute de Mobutu jusqu’aux dialogues de Sun City, en passant par les accords de Lusaka et toutes les concertations nationales, ce sont toujours les mêmes visages, les mêmes logiques, les mêmes calculs. Ceux-là mêmes qui ont conduit ce pays dans les crises sont encore ceux qui veulent imposer les solutions. La jeunesse, la Nouvelle génération, on l’utilise, on l’ignore ou on la manipule.

« Il est temps de dire stop. Oui, nous condamnons fermement l’agression étrangère contre notre pays. Les grandes puissances, par le Rwanda, l’Ouganda et leurs supplétifs rebelles, doivent répondre de leurs actes. Mais nous condamnons aussi la complicité de certains traîtres nationaux qui affaiblissent la République de l’intérieur. Et surtout, nous tenons la classe politique actuelle, majorité et opposition, pour responsable de l’échec de l’État congolais à assumer ses responsabilités régaliennes et sa mission sacrée : protéger son peuple, son territoire et son avenir. Comment peut-on défendre un pays quand des détournements massifs vident les caisses publiques ? Comment protéger la nation si ceux qui dirigent manquent de patriotisme ? Comment prétendre à une gouvernance responsable et transparente quand l'opposition et la société civile sont démissionnaires ? », a-t-il ajouté.

Pour la Nouvelle génération, voler les ressources du peuple, c’est trahir doublement la Nation. Et cette trahison doit être dénoncée. Elle soutient que le Congo n’est pas une nation faible. Le Congo n’est pas condamné à toujours réagir aux provocations de petits États voisins. Il est plus que temps de sortir de cette logique de peur et de petitesse.

Le Congo, précise-t-elle, est appelé à la grandeur, à la puissance, à la souveraineté réelle. Mais pour y parvenir, il faut un changement de génération, un changement de paradigme. Tout ce qui se fait pour la jeunesse, sans les jeunes, est contre ces derniers.

La Nouvelle génération appelle par ailleurs à un réveil collectif de la jeunesse congolaise en formulant des recommandations ci-après :

Au président de la République :

• D'intégrer la jeunesse véritable, compétente et consciente dans toutes les démarches nationales et de créer un cadre structuré et permanent de dialogue avec la nouvelle génération.

À la classe politique, majorité comme opposition :

• D'arrêter de marginaliser la jeunesse, d'ouvrir l’espace à de nouvelles idées, à de nouveaux visages, à une relève crédible.

Aux jeunes de la République :

• De s'unir, de s'organiser et de se préparer.

La Nouvelle génération insiste sur le fait que la jeunesse ne devrait pas agir au futur, mais au présent, lequel appartient aux jeunes. Elle appelle solennellement les leaders de toutes les provinces, de toutes les institutions, de tous les secteurs à participer à une série de concertations nationales de la composante jeunesse.

Celles-ci auront pour objectif, selon elle, d'exprimer ses aspirations réelles, de dresser un cahier des charges de leur génération, pour enfin défendre ses idéaux devant la Nation entière, car l’histoire du Congo ne peut plus s’écrire sans eux.

Elle reste déterminée à ce que le changement auquel la RDC aspire passe par la participation des jeunes aux décisions de l'heure en agissant autrement.