Congo : Brazzaville met fin au contrat de « cessions des terres » au Rwanda pour « non-respect des clauses »

Sassou Nguesso et Paul Kagame
Sassou Nguesso et Paul Kagame

Le gouvernement congolais a annoncé la fin du contrat emphytéotique de cession des terres au Rwanda. Ce contrat faisait suite à une série d’accords conclus entre Brazzaville et Kigali en 2022 ayant abouti à des cessions de terres agricoles au Rwanda. Selon le ministre le porte-parole du gouvernement, Thierry Lézin Moungalla qui l'a annoncé, cette décision se justifie par le non-respect des clauses contractuelles prévoyant le démarrage des travaux au mois de décembre 2024.

« La fameuse histoire des terres rwandaises vous vous rappelez, la polémique, la salive, l'encre que tout cela a fait couler mais pourquoi vous vous n’êtes pas demandés quelle a été la suite? Pourquoi on en parle plus ? Parce que tout simplement le dossier est terminé. Pourquoi est-il terminé ? Le premier ministre, dans ses communications diverses vous avez dit ce sont des autorisations provisoires, des autorisations fragiles qui dépendent de la réalisation par les entreprises rwandaises concernées d'un certain nombre de réalisations ou d'un certain nombre d'actes », a indiqué le porte-parole du gouvernement congolais jeudi 6 juin dernier.

Selon le ministre Thierry Lézin Moungalla, Brazzaville a notifié en bonne et due forme les entreprises rwandaises concernées. Ce « deal » appartient désormais au passé, a-t-il affirmé.

« On avait une date butoir qui était au 8 décembre mais figurez-vous qu'au 8 décembre  n'ayant pas eu de retour positif ou en tout cas cohérent des entreprises concernées, le ministre d'État, ministre des Affaires Foncières Mabiala qui avait délivré au nom du gouvernement les autorisations a informé les partenaires que c'était annulé. Le dossier dit des terres rwandaises est terminé puisque faute pour les partenaires privés concernés d'exécuter leurs obligations ça été annulé après le 8 décembre par des correspondances adressées au nom du gouvernement aux entreprises concernées par le ministre d'État Mabiala », a soutenu le porte-parole du gouvernement Brazzavillois.

Cette affaire était suivie de près par Kinshasa qui a rompu des rapports diplomatiques avec Kigali qui soutient les rebelles de l’AFC/M23 dans l’est de la RDC. Les rebelles ont pris depuis fin janvier Goma et Bukavu, deux principales villes de l’est du pays, ainsi que de vastes territoires dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.

Selon un article de TV5 Monde, officiellement à peine 5% des 12 millions d’hectares de terres arables de la République du Congo sont exploités pour une agriculture vivrière. L'agriculture étant la principale activité de la population, cette dernière s'émeut de ce transfert de terrains à des intérêts rwandais. Dans l'opposition congolaise, certains ont dénoncé ces accords comme une violation de la souveraineté nationale.

Dans une interview à la télévision nationale de la République du Congo en juin 2023 selon toujours nos confrères de TV5 Monde, le ministre de la Coopération internationale et de la promotion du partenariat public-privé, M. Denis Christel Sassou Nguesso, qui n'est autre que le fils du président Denis Sassou Nguesso, avait tenté de désamorcer les inquiétudes et les critiques concernant un projet de cession de terres exploitables au Rwanda dans près de trois départements du Sud du pays (du Pool, Bouenza et Niari) pour une durée de 20 ans.

Selon lui, « l’Etat met des espaces des terres à la disposition des sociétés, par le mécanisme emphytéotique. Nous ne donnons pas des terres aux Rwandais ». L’accord ne concernait pas une société rwandaise, mais une société de droit congolais dont les actionnaires sont basés au Rwanda, avait-il ajouté. 

Pour sa part, le Premier ministre de la République du Congo, Anatole Collinet Makosso avait lui fait une descente sur le terrain les 5 et 6 juin 2024 dans le département de Bouenza pour démentir la vente de terres aux Rwandais, rapportait le Journal Les Dépêches de Brazzaville. « Aucune autorité locale n’a reçu officiellement une délégation rwandaise qui viendrait chercher à identifier les terres qui lui auraient été cédées », avait-t-il expliqué.

Clément MUAMBA