Journée mondiale de l’environnement : la RDC sanctuarise la baie de Ngaliema pour préserver la biodiversité et lutter contre le changement climatique

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Journée Mondiale de l'Environnement

À l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement, célébrée cette année sous le thème « Mettre fin à la pollution plastique », le gouvernement congolais a officiellement annoncé la sanctuarisation de la baie de Ngaliema, une zone écologique située à l’ouest de Kinshasa. Cette décision s’inscrit dans une volonté de lutte contre le réchauffement climatique et de préservation de la biodiversité.

C’est dans la concession de UtexAfrica, en bordure du fleuve Congo, que s’est tenue la cérémonie officielle ce jeudi 5 juin, présidée par la ministre d’État, ministre de l’Environnement et Développement durable, Ève Bazaiba. Dans son allocution, la ministre a souligné l’importance écologique et symbolique de la baie de Ngaliema, en rappelant qu’il s’agit d’un « écosystème fragile, mais vital », aujourd’hui menacé par l’urbanisation illégale.

« La sanctuarisation de la baie de Ngaliema s’inscrit dans l’optique de la végétalisation des espaces en milieu urbain, une des actions majeures pour atténuer les effets du changement climatique », a déclaré Ève Bazaiba. 

Elle a évoqué un projet de restauration incluant la plantation d’essences endémiques et exotiques sur une superficie de 15 hectares, dont les emblématiques palmiers malebo, aujourd’hui en voie de disparition.

« Cette baie, qui est un espace de reproduction pour plusieurs espèces aquatiques et un refuge pour certains mammifères comme les hippopotames, doit retrouver son statut d’espace protégé. C’est également un patrimoine naturel qui permettra à Kinshasa de renouer avec son identité de Kin Malebo », a-t-elle ajouté.

La ministre a salué l'engagement de la société Texaf, à travers son ASBL Texaf Bilembo, pour sa collaboration dans le cadre de la protection de cette zone, en partenariat avec l’État congolais. Elle a également remercié le président Félix Tshisekedi et la Première ministre Judith Suminwa pour leur leadership dans la mise en œuvre du programme de gouvernance environnementale 2024-2028.

Le directeur général de Texaf, Jean-Philippe Waterschoot, a de son côté rappelé les efforts entrepris depuis plusieurs années pour protéger cet espace, situé entre les rivières Makelele, Gombe et le fleuve Congo.

« Nous avons ici un site exceptionnel, qui constitue un joyau écologique de la ville de Kinshasa. La zone marécageuse attenante à la concession UtexAfrica est submergée plusieurs mois par an, ce qui en fait une aire de frayère naturelle pour de nombreuses espèces. Il est impératif de la préserver », a-t-il déclaré.

Il a expliqué que dès 2017, un partenariat public-privé a été mis en place entre Texaf et l’État congolais, débouchant sur un acte foncier précis : la parcelle cadastrée n°41072 de la commune de Ngaliema. Un contrat y interdit toute construction, tout morcellement ou changement de destination. Pourtant, selon lui, la baie a fait l’objet de plusieurs tentatives de spoliation, notamment en 2022, qui ont nécessité l’intervention des plus hautes autorités du pays.

« Nous saluons l’intervention décisive de madame la ministre d’État, Ève Bazaiba, qui a porté au Conseil des ministres le dossier de sanctuarisation de la baie. Cela constitue une avancée majeure pour la protection environnementale à Kinshasa », a souligné Philippe Waterschoot.

Démolition des constructions anarchiques imminente

En marge de cette annonce, le ministre provincial de l’Environnement de la ville de Kinshasa a confirmé que toutes les constructions anarchiques érigées sur les berges de la baie de Ngaliema feront l’objet d’une démolition à partir de ce samedi 7 juin, conformément aux instructions du gouverneur de la ville. Cette mesure vise à mettre fin à l’occupation illégale des espaces protégés et à restaurer un équilibre écologique mis à mal par l’urbanisation désordonnée.

Cette opération s’inscrit dans le cadre de la campagne initiée récemment par le gouvernement provincial de Kinshasa pour démanteler les constructions illégales sur les zones inondables, les berges fluviales et les espaces verts.

La cérémonie officielle s’est clôturée par la plantation de trois palmiers Malebo et d’un baobab par la ministre d’État, Ève Bazaiba, accompagnée des autorités nationales et des représentants de la concession UtexAfrica présents à l’événement.

Nancy Clémence Tshimueneka