Depuis trois semaines, plus de 900 familles de la chefferie de Bwito, dans le territoire de Rutshuru, ont été contraintes de fuir leurs villages suite aux affrontements entre les rebelles de l’AFC/M23 et les miliciens wazalendo du groupe CMC. Ces déplacés trouvent refuge à Bambo-Centre, une cité du territoire de Rutshuru, où les conditions de vie sont de plus en plus précaires.
La chef de mission adjointe de Médecins Sans Frontières (MSF) à Goma, Matilde Gueho, a indiqué ce jeudi 22 mai que près de 500 ménages sont actuellement installés dans des écoles, des églises et des sites informels, tandis qu’environ 4 000 autres personnes ont été accueillies par des familles résidentes déjà vulnérables.
«On a des équipes présentes à Bambo et à Kibirizi. Depuis environ le 5 mai, les équipes observent la reprise des affrontements. Initialement, c’était concentré sur l’axe Sud Tongo-Kabizo. Mais, c’est vraiment à partir du 15 mai que la situation s’est fortement dégradée avec des combats, y compris dans le centre-ville de Bambo, avec des armes lourdes. La majorité de la population s’était réfugiée à l’hôpital, ce jour-là. Cependant, on observe vraiment un afflux massif de la population. Certains villages auraient reçu des ordres d’évacuation, d’autres se déplacent préventivement », a-t-elle déclaré.
Médecins Sans Frontières (MSF) dit avoir constaté un important mouvement de population dans la cité de Bambo depuis le début de cette semaine. Ce mouvement s’est intensifié au cours de la dernière journée, principalement dans la zone de santé de Mushababo, où des villages entiers se sont vidés.
Cette organisation d’urgence médicale a pu évaluer la situation dans deux écoles accueillant les personnes déplacées.
« Les conditions d’hébergement dans ces lieux sont également inadéquates, notamment en raison de l’absence de moustiquaires, alors que 70 % des consultations dans les structures soutenues par MSF concernent le paludisme. Plusieurs cas ont été signalés dans la région. Grâce au soutien de MSF, les soins de santé primaires sont gratuits pour les enfants âgés de un mois à 15 ans, au centre de santé de Faraja situé dans le village de Bambou. Le référencement et la prise en charge des cas compliqués sont également assurés à l’hôpital de Bambou, où MSF garantit une prise en charge gratuite aux services des urgences, de pédiatrie, ainsi que dans l’unité nutritionnelle thérapeutique », a ajouté la chef de mission adjointe à Goma.
Sur place, la situation humanitaire est critique. Selon la société civile de Rutshuru, les déplacés et leurs hôtes nécessitent une aide humanitaire adéquate. D'après elle, cela fait près de quatre mois que plusieurs structures sanitaires sont privées de médicaments et de fournitures essentielles, alerte un responsable local, qui appelle à une intervention urgente des autorités et des ONG internationales.
Josué Mutanava, à Goma