Où en sommes-nous avec le processus de la réforme de l’aménagement du territoire lancé en 2017 ? C'est la principale question à laquelle le ministre d’Etat, ministre de l’aménagement du territoire, Guy Loando Mboyo, a répondu lundi 12 mai au cours d’un point de presse à Kinshasa.
En République démocratique du Congo, la question sur l’aménagement du territoire refait surface au moment où plusieurs dégâts tant humains que matériels sont rapportés avec insistance. C’est notamment le cas à Kinshasa après des récentes pluies diluviennes début avril. Quid du processus de la réforme de l’aménagement du territoire censé aussi résoudre les problèmes des inondations, des catastrophes naturelles entre, et déterminer où s’établir et où ne pas s’établir ?
Le ministre d’Etat en charge de l’aménagement du territoire fait savoir qu’un grand pas a été effectué ces quatre dernières années dans cette démarche visant à doter la RDC d’un plan d’aménagement du territoire dont elle a longtemps souffert. A en croire Guy Loando, la RDC dispose aujourd’hui de plusieurs outils de planification dans le cadre de ce processus.
Il note que c’est depuis juillet 2020 que le pays s’est doté d’une politique propre au secteur d’aménagement du territoire comme outil stratégique et d’orientation, qui montre clairement ce que la RDC veut faire de son espace à la dimension d’un continent. Elle s’est également dotée du schéma national de l’aménagement du territoire (SNAT) qui a pris près de 2 ans avant d'être mis en place. Au-delà du SNAT, souligne Guy Loando, chaque province doit se doter d’un plan provincial d’aménagement du territoire. Pour ce faire, un guide méthodologique a été mis à la disposition de ces entités afin de leur permettre de se doter de cet autre outil de planification de l’aménagement du territoire.
A ce jour, seule la loi sur l’aménagement du territoire, deuxième outil de planification après l’adoption de la politique, se fait attendre. « Cette loi n’a pas pu être promulguée lors de la 3e législature faute de quelques petites choses qu’il fallait d’abord régler notamment sur le plan de la légistique. La quatrième législature s’y penche déjà et nous espérons qu’avant la fin de cette session en cours au parlement, nous pourrons déjà avoir cette loi » explique Guy Loando.
Nous sommes prêts pour avoir un territoire aéré
Le plus gros travail a été fait en quatre ans, précise le ministre de tutelle, justifiant ces années par la grande étendue dont dispose la RDC. « On ne peut pas planifier un territoire comme la RDC en une journée. Il fallait des études, des descentes sur le terrain et des enquêtes. Maintenant nous sommes prêts pour avoir un territoire aéré et cohérent », se réjouit-il.
Outre ces différents outils de planification et en attendant la promulgation de la loi, plusieurs structures pour leur mise en œuvre ont été créées. On peut citer l’Agence nationale de l’Aménagement du territoire (ANAT) ; le Fond national de l’aménagement du territoire (FONAT) ou encore l’Observatoire national de l’aménagement du territoire (ONAT). « Pour surveiller l’occupation de l’espace et s’assurer que nous sommes en train de faire œuvre utile, il faut qu'il y ait un corps de personnes qualifiées et formées, qui n’ont comme travail que d’observer comment cet espace physique est utilisé », explique le ministre d’Etat. L’ONAT est notamment composé des inspecteurs de la Police qui ont rang des OPJ.
Guy Loando a également annoncé que la RDC dispose désormais d’un annuaire (outil d’inventaire) de toutes les ressources naturelles du sol et du sous-sol, renouvelables et non renouvelables. Il sera officiellement rendu public dans les jours à venir.
Adhésion au GEO
L’adhésion de la RDC au sein du Groupe d’observation de la terre (GEO), une organisation qui compte 144 pays à travers le monde a aussi été évoquée. En plus de Mettelsat, « GEO permet d’avoir gratuitement des données fiables pour prévenir ou anticiper des intempéries, réchauffements climatiques, catastrophes naturelles,etc. sur notre territoire national », appuie M. Loando. « à côté de GEO RDC, nous avons décidé de mettre en place le Géoportail qui va héberger les données de 30 ministères en matière de la santé, de l’agriculture, de la recherche, etc. », assure le ministre de l’aménagement du territoire. L’outil est en train d'être finalisé, dit-il.
Peu avant de boucler cet exercice devant la presse, Guy Loando est revenu sur le projet de la ville durable de Boma exécuté en partenariat avec l’Agence française de développement (AFD) pour 50 millions d’euros dans le cadre de la mise en œuvre des politiques publiques dans le secteur d’aménagement du territoire. Il a justifié le choix de Boma en tant ville pilote comme ancienne capitale du pays d’un côté et, de l’autre, parce que ça donne l’ouverture du pays vers l’extérieur et surtout pour le projet en cours du port en eau profonde. « Le conseil de ministre a déjà adopté, tout a été finalisé. Ce sera une ville qui tient compte des générations futures, qui va booster l'entreprenariat, le tourisme », commente Guy Loando.
Il a aussi fait un état des lieux sur l’avancement du projet stratégique Kinshasa Mercantile Exchange (KME), qui vise à créer une bourse des matières premières en partenariat avec plusieurs entreprises dont américaines, afin de garantir une meilleure transparence et compétitivité dans la valorisation des ressources congolaises.