Walikale : La société civile alerte sur la détérioration de la situation humanitaire dans plusieurs villages du secteur de Wanianga à la suite des affrontements entre l’armée et les rebelles de l’AFC/M23

Bukavu, Goma, Walikale et Kitshanga sur la carte
Bukavu, Goma, Walikale et Kitshanga sur la carte

Plusieurs ménages de déplacés vivent actuellement dans des conditions extrêmes sur l'axe  Buleusa, Kalembe, Mpeti, Kashebere, Nyabiondo, Kibua,  Mpofi jusqu'à Walikale centre, dans le secteur de Wanianga, groupement Ikobo et Kisimba, en territoire de Walikale, au Nord-Kivu. Ces populations, fuyant les combats entre les rebelles de l'AFC/M23  et les FARDC soutenues par les miliciens wazalendo n'ont reçu aucune aide humanitaire jusqu'à ce jour. C'est dans ce contexte qu'une note urgente a été adressée au gouverneur de la province et aux partenaires humanitaires, la société civile de Walikale, appelle à une assistance immédiate en faveur de ces personnes vulnérables.

Le président de la société civile de Walikale, Fiston Misona, a souligné que ces déplacés ont tout perdu lors de leur fuite depuis le début du mois de mars, et qu’ils survivent dans des conditions de vie extrêmement précaires. D'après la société civile, 74 des 90 villages du secteur des Wanianga ont été vidés de leurs habitants à cause de l'insécurité. Cette situation a entraîné une pression sur les ressources locales, notamment l'eau. Plus de 14 bornes-fontaines sont désormais hors service, ce qui oblige les déplacés à s’approvisionner dans des sources non entretenues, favorisant les risques de propagation des maladies hydriques. De plus, l'absence de latrines entraîne des conditions sanitaires désastreuses.

« Pour le moment, il est important de comprendre la situation sur l'axe Buleusa, Kalembe, Mpeti, Kashebere, Nyabiondo, Kibua,  Mpofi jusqu'à Walikale centre est extrêmement complexe. Les populations n'ont jamais été suffisamment assistées. On peut peut-être parler d’une assistance limitée, mais cela ne va pas au-delà des besoins essentiels comme les médicaments, et les infrastructures ont été largement détruites. La situation humanitaire dans le territoire de Walikale est vraiment catastrophique, au point que même les humanitaires n’arrivent pas à accéder à toutes les zones en raison de l’insécurité, notamment celle causée par des éléments des forces loyalistes. Certains les qualifient d'incontrôlés, et d'autres, nous les considérons comme indisciplinés », a fait savoir Fiston Misona, président de la société civile de Walikale.

Le calvaire de la population est également confirmé par Michel Moto Muhima, député national élu du territoire de Walikale qui fait savoir que tous les villages sont vidés de ses habitants fuyant les bruits des bots et des balles qui tirent dans toutes les directions. Il indique avoir saisi depuis le week-end dernier la chambre basse du parlement pour dépêcher une mission humanitaire d'urgence. Cet élu demande au gouvernement congolais de renforcer les capacités logistiques des forces armées sur les lignes de front pour enfin barrer la route à l'ennemi.

« Il y a eu un mouvement de masse de la population. Là, nous comprenons que les conditions de vie sont très difficiles. Nous estimons à plus ou moins  20 000 ménages en débandade, sans aucune assistance humanitaire et manquant de tout », a-t-il indiqué.

Parallèlement, les habitants de Walikale-centre, qui avaient fui les combats, commencent à regagner progressivement cette entité passée sous le contrôle des rebelles de l’AFC/M23 après des affrontements violents le 19 mars. Plusieurs villages ont subi des pillages perpétrés par des militaires sur l’axe Kisangani, notamment à Mubi, Ndjingala, Logu, Biruwe, Makana et Kangama, jusqu’à la limite entre le Nord-Kivu et la province du Maniema. La situation à Lubutu, dans la province voisine de Maniema, se dégrade suite à l’afflux de déplacés provenant de Walikale-centre. Une psychose généralisée a envahi Lubutu-centre, où les habitants ont commencé à fuir vers des zones considérées comme plus sécurisées dans la Tshopo.

Josué Mutanava, à Goma