La République démocratique du Congo et le Rwanda ont convenu d’un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel lors d’une rencontre entre les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame à Doha, sous la médiation de l’émir du Qatar, Sheikh Tamim bin Hamad Al Thani, a annoncé Tina Salama, porte-parole de la présidence congolaise.
Cette réunion trilatérale s’inscrit dans le cadre des efforts diplomatiques visant à apaiser les tensions dans l’Est de la RDC, théâtre d’affrontements entre l’armée congolaise et le Mouvement du 23 mars (M23), un groupe rebelle accusé par Kinshasa et l’ONU d’être soutenu par Kigali.
Selon un communiqué officiel, les trois dirigeants ont salué les avancées des processus de Luanda et de Nairobi ainsi que celles du sommet conjoint de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), tenu à Dar es-Salaam le 8 février. Ils ont convenu de poursuivre les discussions entamées afin de consolider une approche commune pour une résolution durable du conflit.
Parallèlement, les négociations prévues à Luanda entre le gouvernement congolais et le M23 n’ont pas eu lieu, a annoncé le ministère angolais des Affaires étrangères, évoquant des « circonstances de force majeure ».
« Le gouvernement de la République d’Angola, en qualité de médiateur, continue de faire tous les efforts pour que la réunion ait lieu à temps, réaffirmant que le dialogue est la seule solution durable pour la paix dans l’Est de la RDC », précise le communiqué.
Selon plusieurs sources diplomatiques, le M23 a refusé de se rendre dans la capitale angolaise, dénonçant les sanctions de l’Union européenne contre certains de ses dirigeants comme un obstacle au dialogue.
Pendant ce temps, les ministres des Affaires étrangères de la SADC et de l’EAC, réunis le 17 mars à Harare, ont plaidé pour un renforcement des mécanismes de vérification en RDC.
« Malgré l’existence de mécanismes de vérification sur le terrain, ceux-ci ne dépendent ni de la SADC ni de la CAE. Il est donc nécessaire, à court terme, de les renforcer et, à long terme, de créer un mécanisme ad hoc qui dépendra directement des processus conjoints EAC-SADC », indique le communiqué final de la réunion.
Un mécanisme conjoint de coordination technique a été mis en place pour suivre la mise en œuvre des décisions du sommet conjoint EAC-SADC. Il a pour objectif de coordonner les actions des différentes instances régionales et de garantir un suivi efficace du processus de paix en consultation avec l’Union africaine.
Les États membres ont jusqu’au 31 mars pour soumettre leurs contributions au protocole d’accord entre l’EAC et la SADC, qui vise à renforcer la coopération dans la résolution du conflit congolais.
L’année dernière, le mécanisme de vérification ad hoc renforcé (MVA-R) du processus de Luanda a été lancé à Goma, sous la facilitation de l’Angola. Destiné à surveiller le respect du cessez-le-feu et à enquêter sur les accusations mutuelles d’agression entre Kigali et Kinshasa, ce mécanisme intègre des officiers de liaison congolais et rwandais.
Cependant, alors que la RDC a déjà envoyé ses délégués, le Rwanda n’a toujours pas désigné ses experts, ce qui freine son opérationnalisation. Lors d’une récente session du Conseil de sécurité de l’ONU, la diplomate congolaise Thérèse Kayikwamba Wagner a dénoncé cette attitude de Kigali, accusant le Rwanda de ne pas respecter ses engagements internationaux.