Dialogue en gestation en RDC : l’objectif est notamment de « construire un consensus national autour des valeurs », explique le duo CENCO-ECC

Abbé Donatien N'shole, secrétaire général de la CENCO
Abbé Donatien N'shole, secrétaire général de la CENCO

Après leur rencontre, lundi dernier, avec le président de la République et l'opposant Martin Fayulu mardi, à qui elles ont présenté leur initiative, « Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble en RDC et dans les Grands-Lacs », l'église catholique et l'église du Christ au Congo (ECC) ont présenté ce mercredi à la presse les objectifs de cette démarche ainsi que sa philosophie opérationnelle.

D'après Éric Nsenga, secrétaire général de l'ECC, le pacte social pour la paix obéit à une approche mixte, qui est à la fois interne et externe. S'agissant de l'approche interne, l'initiative vise la construction du consensus national « autour des valeurs ontologiques et Buntu, qui ont fait preuve dans l'histoire de notre pays en ce qui concerne la résolution des conflits politiques, militaires, ethniques et communautaires ».

« Aujourd'hui nous avons une bonne expérience à puiser à partir de cette approche Buntu qui passe éventuellement par la discussion ou alors le dialogue au niveau collectif», a-t-il déclaré.

Ce consensus national, ajoute Éric Nsenga, a pour objectif de trouver des voies et moyens pour résoudre tous les problèmes que la RDC a, mais dont les origines ou les causes sont lointaines. Le secrétaire général de l'ECC a clarifié l'analyse de la démarche, qui n'est pas celle de résoudre uniquement les problèmes immédiats ou celui des individus.

« D'aucuns disent que le dialogue au Congo ne vise qu'à résoudre les agendas des acteurs ou des protagonistes. Et, par conséquent, une fois que les agendas des individus trouvent satisfaction, l'essentiel est oublié, le pays est oublié, la population est ignorée et le cycle se maintient», a-t-il indiqué.

À l'en croire, les pères spirituels ayant constaté la répétition de certains faits, ont décidé de faire «un arrêt philosophique et intellectuel» pour se plonger dans une analyse sérieuse des causes du conflit pour proposer des solutions idoines. Il sera également question d'aborder les thématiques bien identifiées, avec des réflexions à développer par des techniciens, des experts et des scientifiques de tout bord.

Monseigneur Donatien Nshole, secrétaire général de la CENCO qui reconnaît l'existence des intelligences en RDC, a donné carte blanche aux principaux acteurs impliqués à proposer leurs experts, tout en énumérant les commissions et leurs thématiques de travail précises. Il y a notamment la commission défense et sécurité pour la paix, avec pour objectif de renforcer les dispositifs de sécurité coopérative et lutter contre les groupes armés illégaux. Diaspora congolaise engagée pour la paix, l'objectif étant d'encourager la participation des congolais qui vivent à l’étranger dans les initiatives de pacification et développement ; cohésion sociale et interculturelle, avec l'objectif de promouvoir la réconciliation et le dialogue inter technique et la tolérance culturelle.

Ce dialogue national en gestation est surtout motivé par la situation sécuritaire dramatique dans l’Est du pays aggravée avec la récente prise de la ville de Goma par les rebelles du M23. De violents combats y ont opposé l’armée et les rebelles pendant trois jours. Au moins 3 000 personnes ont été tuées et plus de 2800 autres blessées. La situation humanitaire reste alarmante à Goma où plusieurs organisations humanitaires ont fait l’objet de pillages systématiques.

 Clément Muamba et Samyr Lukombo