Crise en RDC : vives tensions entre Kagame et Ramaphosa après la mort de soldats sud-africains

Paul Kagame lors de l'investiture du président Cyril Ramaphosa au stade Loftus Versfeld à Pretoria, le 25 mai 2019. Photo : Gallo Images/Netwerk 24/Felix Dlangamandla
Paul Kagame lors de l'investiture du président Cyril Ramaphosa au stade Loftus Versfeld à Pretoria, le 25 mai 2019. Photo : Gallo Images/Netwerk 24/Felix Dlangamandla

La crise sécuritaire en République démocratique du Congo  a provoqué une escalade verbale entre le président rwandais Paul Kagame et son homologue sud-africain Cyril Ramaphosa, à la suite de la mort de soldats sud-africains engagés dans la mission de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) en RDC.

Dans un communiqué publié mardi, Paul Kagame a accusé les autorités sud-africaines de "distorsions, attaques délibérées et même de mensonges" au sujet de leurs récents échanges sur la situation en RDC. "Si les mots peuvent changer autant entre une conversation et une déclaration publique, cela en dit long sur la manière dont ces questions importantes sont gérées", a déclaré le président rwandais.

Il a rejeté les accusations de Pretoria sur l'implication du Rwanda aux côtés du groupe rebelle M23 et a qualifié la mission de la SADC en RDC (SAMIDRC) de "force belligérante", l'accusant de combattre aux côtés des Forces armées congolaises (FARDC) et de groupes armés qu'il considère comme une menace pour son pays. "SAMIDRC n’est pas une force de maintien de la paix, elle n’a pas sa place dans cette situation", a affirmé Kagame.

Le président rwandais a également nié que Ramaphosa lui ait adressé un quelconque avertissement, affirmant que son homologue sud-africain lui avait seulement demandé un soutien logistique pour les troupes sud-africaines en RDC. Il a par ailleurs soutenu que ce n’était pas le M23, mais bien les FARDC, qui avaient tué les soldats sud-africains.

Kagame a conclu en avertissant que l'Afrique du Sud "n'est pas en position de jouer un rôle de médiateur ou de pacificateur" et a mis en garde contre toute confrontation : "Si l'Afrique du Sud préfère la confrontation, le Rwanda traitera cette question dans ce contexte, à tout moment."

Ramaphosa dénonce l'implication du Rwanda

Quelques heures avant la déclaration de Kagame, le président sud-africain Cyril Ramaphosa avait pris la parole pour rendre hommage aux treize soldats sud-africains tués en RDC. Il a directement mis en cause les rebelles du M23 et les "milices de l'armée rwandaise" dans les affrontements avec les FARDC et les forces de la SAMIDRC.

"Leur sacrifice ne sera pas vain", a déclaré Ramaphosa, appelant les Sud-Africains à soutenir les troupes déployées en RDC. Il a réaffirmé que la mission sud-africaine en RDC "n’est pas une déclaration de guerre contre un pays ou un État", mais s’inscrit dans le cadre des efforts de la SADC et des Nations unies pour stabiliser la région.

Ramaphosa a insisté sur la nécessité de respecter l'intégrité territoriale de la RDC et a réitéré son soutien aux initiatives diplomatiques, notamment le processus de Luanda et le processus de Nairobi. "Nous devons faire taire les armes sur notre continent pour atteindre un développement inclusif et durable", a-t-il conclu.

L’escalade verbale entre Kigali et Pretoria intervient alors que la situation à l’Est de la RDC demeure critique. Les combats autour de Goma et Sake se poursuivent, et la communauté internationale appelle à un arrêt immédiat des hostilités.