Deux ans après le début du conflit intercommunautaire dans la Tshopo, la cohabitation reste difficile entre les communautés en conflit. Ce qui pourrait constituer un risque majeur pour la stabilité de la province, a alerté, jeudi 16 janvier, le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH) quelques semaines après la ténue du forum sur la paix et le développement de la province de la Tshopo.
C'est dans ce cadre que le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH) invite le gouvernement à s'attaquer aux causes profondes de ce conflit, en vue de mettre fin aux tensions ethniques et laisser place à la cohabitation pacifique entre les communautés Mbole et Lengola.
" En attendant la cérémonie coutumière de réconciliation du 27 janvier 2025 dans la localité d’Osio, le BCNUDH invite le Gouvernement à s'attaquer d'urgence aux causes profondes du conflit, y compris la gouvernance foncière, les questions d'administration parallèle et les tensions ethniques sous-jacentes pour créer les conditions permettant le retour des personnes déplacées en toute sécurité et dignité dans leurs villages d'origine et assurer une cohabitation pacifique entre les communautés. Les autorités sont encouragées à ouvrir des enquêtes indépendantes sur les conditions d’attribution de la concession agricole ainsi que des atteintes et violations des droits de l’homme commises dans le cadre du conflit intercommunautaire", recommande le BCNUDH dans sa note d'information destinée à la presse.
Dans le cadre de son mandat, le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH) s'est dit prêt à soutenir les procédures judiciaires ouvertes et à apporter un soutien aux victimes.
"Le BCNUDH invite aussi les acteurs humanitaires à soutenir les autorités provinciales dans la gestion des sites, en répondant d'urgence aux besoins immédiats des personnes déplacées et au secteur privé de veiller à ce que tout achat futur de terres soit effectué avec le consentement libre, préalable et éclairé de toutes les communautés affectées bénéficiant de ces terres", a plaidé le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH).
Depuis le début du conflit, le BCNUDH rapporte qu'au moins 303 civils ont été victimes des graves violations et atteintes aux droits de l’homme dans le cadre du conflit intercommunautaire opposant les Mbole et Lengola et leurs alliés respectifs depuis février 2023. Selon les sources gouvernementales et humanitaires, au moins 107,000 personnes ont été déplacées à cause du conflit et vivent dans des conditions très précaires dans trois sites des déplacés dans la ville de Kisangani et dans la commune de Lubunga.
Le conflit intercommunautaire a pour origine un litige foncier portant sur un désaccord sur la propriété de 4.000 hectares cédés par les autorités provinciales à la société agro-pastorale CAP-Congo dans la commune de Lubunga, ainsi que l’installation d’une administration parallèle dans la commune de Lubuya Beda et des tensions ethniques sous-jacentes.
Clément MUAMBA