Opération Shujaa : des avancées militaires, mais une intensification des attaques ADF contre les civils, selon l’ONU

FARDC
Les militaires congolais dans la zone opérationnelle de Beni/Ph. ACTUALITE.CD

La quatrième phase de l’opération conjointe "Shujaa" menée par les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les Forces de défense populaires de l’Ouganda (UPDF), a enregistré des résultats mitigés, selon un rapport publié mercredi par le groupe d’experts des Nations unies. L’opération, relancée le 20 mai 2024 après des débuts peu concluants en novembre 2023, visait à affaiblir les Forces démocratiques alliées (ADF), groupe armé visé par des sanctions internationales.

Les attaques terrestres et aériennes ciblant les bastions des ADF à l’ouest de la RN4 ont infligé de lourdes pertes au groupe rebelle. Plusieurs de leurs commandants, dont Braida et Amigo, ont été tués, et des centaines d’otages ont pu être libérés, indique le rapport. Ces succès ont également détruit des camps stratégiques, perturbé les chaînes d’approvisionnement des ADF et réduit considérablement leurs capacités opérationnelles.

Cependant, ces avancées militaires ont provoqué des tactiques de survie du groupe armé. Les ADF ont multiplié leur mobilité, regroupé leurs membres dans des méga-camps moins nombreux mais plus isolés, et intensifié leurs attaques contre les civils. Les rapporteurs de l’ONU notent une augmentation des meurtres, enlèvements et pillages, ainsi que des agressions ciblées contre le personnel et les infrastructures médicales. Ces actions ont accentué la pression sur les populations civiles des provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu.

Le rapport souligne que, bien que les ADF aient cessé leurs attaques en territoire ougandais depuis fin 2023, leurs exactions en RDC se sont multipliées. L’opération Shujaa, bien qu’efficace dans ses objectifs militaires, a contribué à déplacer la menace vers des zones où les forces de sécurité de l’État sont peu présentes. Cette dynamique a élargi l’empreinte territoriale des ADF, suscitant des préoccupations sur la sécurité des civils et l’efficacité globale de l’opération.

Les experts appellent à une meilleure coordination entre les FARDC et l’UPDF, ainsi qu’à une protection accrue des populations civiles dans les zones affectées par le conflit.